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LA PETITE
Maurice Biraud & France Gall (1967)
Profitons de cet été pour miser sur la légèreté. L'inoubliable duo Biraud-Gall ressemble à ces boissons dont on dit qu'elles se boivent sans soif. Désolé pour la qualité sonore, loin d'être irréprochable : la chanson est rarissime, l'enregistrement que je vous propose provient d'une émission de Groucho et Chico sur 95.2, "Montparnasse Graffiti".
Est-elle si innocente, cette histoire de l'ado (délurée) et de l'ami (ému) de son père ? Ne faut-il pas la classer parmi celles dont on dit pudiquement qu'on ne pourrait plus les enregistrer aujourd'hui ? Sous-entendu, après que tant d'affaires dites de "pédophilie" ont défrayé la chronique ? Car le temps sont durs, et peut-être tout simplement que nous avons perdu cette belle innocence...
PS- Corrigeons ce que je dis plus haut : grâce à Zozef Marin, j'ai pu remplacer mon vieil enregistrement par un mp3 impeccable de LA PETITE. Merci Zozef !
Paroles
MB - Comment ne pas s'attendrir devant la petite
Devant ses yeux innocents, devant son sourire
Elle change depuis quelques temps, elle pousse la petite
Déjà femme mais pourtant ce n'est qu'une enfant
FG - Une enfant ! On a tout vu, qu'est-ce qu'il faut
entendre !
Quand je pense qu'on a failli hier te surprendre
Essayant de m'embrasser, moi me laissant faire
Il n'est pas si mal l'ami, l'ami de mon père
[Refrain] :
Duo - Un jour les oisillons prennent leur envol
Les petits deviennent grands il n'y a plus d'enfants !
Un jour les oisillons prennent leur envol
Les petits deviennent grands il n'y a plus d'enfants !
MB - Elle est fragile comme une fleur si douce la petite
Quand je pense qu'un homme pourrait lui briser le coeur
De sa candeur profiter, toucher la petite
J'ai bien envie malgré moi de la protéger
FG - Me protéger ! Allons bon ! v'là qu'il recommence
Avec un prof comme toi j'aurais de la chance
J'apprendrais évidemment mille choses à faire
Il est futé croyez-moi, l'ami de mon père
[Refrain]
MB - Comment ne pas s'attendrir devant la petite
FG - Devant tes yeux innocents devant ton sourire
MB - Elle change depuis quelques temps, elle pousse la
petite
FG - Toi tel que je te connais tu n'changeras jamais
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LES PETITS ROBERTS
Joël Daydé (1981)
Est-ce la morosité des temps qui me pousse vers les chansons humoristiques plus ou moins égrillardes ? LES PETITS ROBERTS de Joël Daydé est un petit chef-d'oeuvre du genre, très entraînant au demeurant. On mentirait en disant qu'il exige de profonds commentaires.
Très connu pour un (unique) tube intitulé MAMY BLUE, que connaissent bien tous les lecteurs de Mandryka et de son Concombre masqué, Joël Daydé a donc signé cette chansonnette tout à fait mignonne, qu'on fredonnera sur les plages en contemplant les filles en string. Si vous y êtes, ayez une pensée pour moi...
Paroles
Je vais vous raconter
L'histoire des petits roberts
Pas ceux qui sont rangés
En rang d'oignons chez les libraires
Les deux roberts de mon histoire
Ont besoin d'un soutien…
…Gorge, qui pourrait bien être
Le creux de mes mains
J'aime les petits roberts en l'air
Que l'on devine sous la soie
Les petits roberts qui sont tout fier
De se trouver tout contre moi
Tous les Jacques, les Paul, les Pierre
Peuvent bien aller se rhabiller
Moi c'est les petits roberts
Que j'aime voir se déshabiller
Robert, robert,
Tu me damnes, tu me damnes
Robert, robert,
Que Dieu me damne, j'te suivrais en enfer
Quand je me promène sur les plages
Quand je les vois en liberté
Les petits roberts qui sont en cage
Tout le restant de l'année
Je me dis que c'est bien dommage
Qu'les petits roberts soient prisonniers
Ils sont tous blancs comme des fromages
Blancs toute l'année, bronzés l'été
Robert, robert,
Tu me damnes, tu me damnes
Robert, robert,
Que Dieu me damne, j'te suivrais en enfer
J'aime les roberts en forme de poire
Et les roberts en rang d'oignons
Les petits roberts qui sautent en l'air
Et que l'on touche le téton
Mais les roberts cache-misere
que l'on bourre avec du coton
Me laissent froid comme une glacière
Et tout gelé comme un glaçon
Robert, robert,
Tu me damnes, tu me damnes
Robert, robert,
Que Dieu me damne, j'te suivrais en enfer
Robert, robert,
Tu me damnes, tu me damnes
Robert, robert,
Que Dieu me damne, j'te suivrais en enfer
Robert, robert,
Tu me damnes, tu me damnes
Robert, robert,
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A WHITER SHADE OF PALE
Procol Harum (1967)
De temps en temps, un classique incontournable, un chef-d'oeuvre, en l'occurrence LE tube de l'été 1967, frisson absolu... On a tout dit sur cette NUANCE PLUS BLANCHE DE PALEUR que prend soudain le visage du meunier quand il raconte sa fantastique histoire... Nous n'en saurons pas davantage aujourd'hui qu'à l'époque, le texte, on va le voir, est délibérément énigmatique - même si on peut supposer qu'il s'agit des divagations d'un esprit embrumé par l'alcool lors d'une fête ou d'une soirée dans une boîte de nuit... voire par des substances encore plus stupéfiantes. Je ne tenterai pas d'en comprendre davantage !
On raconte que la ligne musicale en était empruntée à J.S.Bach, plus précisément à la sinfonia en fa majeur de la cantate Ich steh mit einem Fuß im Grabe (BWV 156) et de l’Aria de la Suite pour orchestre no 3 en ré majeur (BWV 1068), mais est-ce vraiment prouvé ? Quoi qu'il en soit, ce morceau reste un des sommets de ce qu'on appela le rock baroque, voire progressif et psychédélique. Le leader le plus apparent du groupe, le chanteur moustachu Gary Brooker, en est aussi le pianiste et le compositeur, tandis que le texte si volontairement mystérieux est l'oeuvre de son compère le poète Keith Reid. Quant au nom (latinisant ?) PROCOL HARUM, diverses hypothèses ont été soulevées, mais là encore aucune certitude.
Paroles + tentative de traduction
We skipped the light Fandango
Nous avons dansé le fandango tout en sautillant d'un pas léger
Turned cartwheels 'cross the floor
Fait plusieurs fois la roue à travers la piste
I was feeling kind of seasick
Je ressentais une sorte de mal au coeur
But the crowd called out for more
Mais la foule en redemanda
The room was humming harder
La salle bourdonnait encore plus
As the ceiling flew away
Alors que le plafond s'envolait
When we called out for another drink
Quand nous commandâmes une autre boisson
The waiter brought a tray
Le serveur apporta un plateauAnd so it was that later
Et c'est ainsi que plus tard
As the Miller told his tale
Alors que le meunier racontait son histoire
That her face, at first just ghostly
Que son visage, d'abord seulement spectral
Turned a whiter shade of pale
Prit une nuance plus blanche de pâleur[Music]
[Musique]She said there is no reason
Elle a dit qu'il n'y a aucune raison
And the truth is plain to see
Et la vérité saute aux yeux
But I wandered through my playing cards
Mais j'errais à travers mes cartes à jouer
And would not let her be
Et ne la laisserais jamais être
One of sixteen vestal virgins
Une des seize vierges vestales
Who were leaving for the coast
Qui allaient partir pour la côte
And although my eyes were open
Et bien que mes yeux étaient ouverts
They might just as well've been closed
Cela aurait été tout pareil s'ils étaient fermésAnd so it was that later
Et c'est ainsi que plus tard
As the Miller told his tale
Pendant que le meunier racontait son histoire
That her face, at first just ghostly
Que son visage, au début simplement spectral
Turned a whiter shade of pale
Prit une nuance plus blanche de pâleurAnd so it was... .
Et c'est ainsi... ... .J'ai par ailleurs trouvé ces autres couplets qui ne figurent pas sur disque
ni en 45 ni en 33 tours, mais furent chantés par le groupe en concert :
She said, 'I'm home on shore leave, '
Elle à dit "je suis en permission à terre"
Though in truth we were at sea
Bien qu'en vérité nous étions en mer
So I took her by the looking glass
Alors je la pris près du miroir
And forced her to agree
Et la forçai de reconnaître ceci
Saying, 'You must be the mermaid
Lui disant " tu dois être une sirène
Who took Neptune for a ride. '
Qui fit un tour avec Neptune "
But she smiled at me so sadly
Mais elle eût un sourire si triste
That my anger straightway died
Que ma colère s'apaisa immédiatementIf music be the food of love
Si la musique était l'aliment de l'amour
Then laughter is its queen
Alors le rire en serait le roi
And likewise if behind is in front
Et de la même façon que derrière est devant
Then dirt in truth is clean
Alors la saleté est propre en vérité
My mouth by then like cardboard
Ma bouche à cet instant pâteuse
Seemed to slip straight through my head
Semblait partir en glissade à travers ma tête
So we crash-dived straightway quickly
Alors nous plongeâmes (2) brutalement en vitesse
And attacked the ocean bed
Et attaquâmes le lit de l'océan
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LA PARISIENNE
Marie-Paule Belle (1976)
Dans la veine de la chanson française humoristique, saluons la réussite de cette PARISIENNE selon Marie-Paule Belle, qui la chante et en a composé la musique, sur un texte coécrit par Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Un mot sur celui-ci : le Niçois Grisolia fut un critique de cinéma fécond, que nous avons côtoyé pendant pas mal d'années, jusqu'à ce qu'il devienne un romancier à succès. Nous l'avons prématurément accompagné au Père-Lachaise en 2005.
La première qualité d'une chanson de ce type est de susciter le rire, et celle-ci atteint son but avec une légèreté et une vivacité louables. Ce portrait d'une femme désespérément normale qui s'acharne à acquérir l'allure de la plus snob des Parisiennes, et qui finit par y parvenir, est l'équivalent d'un "Caractère" de La Bruyère dans les années 70... Ecoutez donc !
Paroles
Lorsque je suis arrivée dans la capitale
J'aurais voulu devenir une femme fatale
Mais je ne buvais pas, je ne me droguais pas
Et je n'avais aucun complexe
Je suis beaucoup trop normale, ça me vexe
Je ne suis pas parisienne
Ça me gêne, ça me gêne
Je ne suis pas dans le vent
C'est navrant, c'est navrant
Aucune bizarrerie
Ça m'ennuie, ça m'ennuie
Pas la moindre affectation
Je ne suis pas dans le ton
Je n'suis pas végétarienne
Ça me gêne, ça me gêne
J'n'suis pas Karatéka
Ça me met dans l'embarras
Je ne suis pas cinéphile
C'est débile, c’est débile
Je ne suis pas M.L.F.
Je sens qu'on m'en fait grief
M'en fait grief, m’en fait grief
Bientôt j'ai fait connaissance d'un groupe d'amis
Vivant en communauté dans le même lit
Comm' je ne buvais pas, je ne me droguais pas
Et n'avais aucun complexe,
Je crois qu'ils en sont restés tout perplexes
Je ne suis pas nymphomane
On me blâme, on me blâme
Je ne suis pas travesti
Ça me nuit, ça me nuit
Je ne suis pas masochiste
Ça existe, ça existe
Pour réussir mon destin
Je vais voir le médecin
Je ne suis pas schizophrène
Ça me gêne, ça me gène
Je ne suis pas hystérique
Ça s'complique, ça s’complique
Oh dit le psychanalyste
Que c'est triste, que c'est triste
Je lui dis je désespère
Je n'ai pas de goûts pervers
De goûts pervers, de goûts pervers
Mais si, me dit le docteur en se rhabillant
Après ce premier essai c'est encourageant
Si vous ne buvez pas, vous ne vous droguez pas
Et n'avez aucun complexe
Vous avez une obsession : c'est le sexe
Depuis je suis à la mode
Je me rôde, je me rôde
Dans les lits de Saint-Germain
C'est divin, c’est divin
Je fais partie de l'élite
Ça va vite, ça va vite
Et je me donne avec joie
Tout en faisant du yoga
Je vois les films d'épouvante
Je m’en vante, je m’en vante
En serrant très fort la main
Du voisin, du voisin
Me sachant originale
Je cavale, je cavale
J'assume ma libido
Je vais draguer en vélo
Maint'nant je suis parisienne
J'me surmène, j’me surmène
Et je connais la détresse
Et le cafard et le stress
Enfin à l'écologie
J'm'initie, j’m’initie
Et loin de la pollution,
Je vais tondre mes moutons
Et loin de la pollution,
Je vais tondre mes moutons
Et loin de la pollution,
Je vais tondre mes moutons
moutons, moutons, moutons
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CHILD OF VISION
Supertramp (1979)
Très représentatif de ce qu'on a appelé le rock progressif, le groupe londonien Supertramp a connu son heure de gloire à la fin des années 70, avec des albums comme CRIME OF THE CENTURY, EVEN IN THE QUIESTEST MOMENTS et surtout BREAKFAST IN AMERICA qui est pour eux l'équivalent de SGT.PEPPER'S pour les Beatles ou LEIT IT BLEED pour les Stones.
Rick Davies et Roger Hodgson étaient les leaders de cette formation qui bénéficiait aussi de la présence du saxo-clarinettiste à barbiche et lunettes John Helliwell. Pour avoir assisté à un de leurs concerts aux Abattoirs de La Villette, je peux témoigner qu'ils étaient suivis par une foule enthousiaste de teenagers...
Comme d'habitude, voici le texte du morceau que j'ai choisi, CHILD OF VISION, tel que déniché sur le Net (avec quelques améliorations, quand même). Le traducteur y a laissé un message du genre "Ne me demandez pas ce que ça veut dire, si quelqu'un a une idée, je suis tout ouïe". Moi aussi, à vrai dire.
Paroles
Who do you think you're foolin' ?
Qui crois-tu berner ?
And you say you're havin' fun,
Et tu dis que tu t'amuses,
But you're busy going nowhere,
Mais tu es occupé à aller nulle part,
Just lying in the sun.
Juste à t'étendre au soleil.
And you tried to be a hero,
Et tu as essayé d'être un héros,
And commit the perfect crime
Et de commettre le crime parfait;
But the dollar got you dancing
Mais le dollar t'a fait danser
And you're running out of time.
Et tu es à court de temps.
You're messin' up the water
Tu gâches l'eau
You're rolling in the wine
Tu fais tourner le vin
You're poisoning your body
Tu empoisonnes ton corps
You're poisoning your mind
Tu empoisonnes ton esprit
You gave me coca-cola
Tu m'as donné du coca-cola
You said it tasted good
Tu as dit que c'était bon
You watch the television
Tu regardes la télévision
And it tell you that you should.
Et elle te dit ce que tu devrais faire
How can you live in this way ?
Comment peux-tu vivre comme ça ?
(Why do you think it's so strange ? )
(Pourquoi penses-tu que c'est si étrange ? )
You must have something to say !
Tu dois avoir quelque chose à dire !
(Oh Tell me why should I change ? )
(Oh dis moi pourquoi devrais-je changer ? )
There must be more than this life;
Il doit y avoir plus que cette vie;
It's time we did something right.
Il est temps que nous fassions quelque chose de bien.
Child of Vision, won't you listen ?
Enfant visionnaire, n'écouteras-tu pas ?
Find yourself a new ambition.
Trouve-toi une nouvelle ambition
I've heard it all before,
J'ai déjà entendu tout ça
You're saying nothing new;
Tu ne dis rien ne nouveau
I thought I saw a rainbow,
Je croyais avoir vu un arc-en-ciel
But I guess it wasn't true.
Mais je devine que ce n'était pas vrai
You cannot make me listen,
Tu ne peux pas me faire écouter
And I cannot make you hear.
Et je ne peux pas te faire entendre
So you find your way to heaven,
Alors tu trouves ton chemin vers le ciel,
And I'll meet you when you're there.
Et je te rencontrerai quand tu y seras.
How can you live in this way ?
Comment peux-tu vivre comme ça ?
(Why do you think it's so strange ? )
(Pourquoi penses-tu que c'est si étrange ? )
You must have something to say !
Tu dois avoir quelque chose à dire !
(Oh Tell me why should I change ? )
(Oh dis moi pourquoi devrais-je changer ? )
We have no reason to fight,
Nous n'avons pas de raison de nous battre,
'cause we both know that we're right.
Car on sait tous les deux qu'on a raison.
Child of Vision, won't you listen ?
Enfant visionnaire, n'écouteras-tu pas ?
Find yourself a new ambition.
Trouve-toi une nouvelle ambition.
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LA VIEILLE DAME
Jean-Luc Salmon (1981)
En ce temps-là, je fus un éphémère critique musical (une dizaine d'années quand même). Je dois dire que je jouissais d'un totale liberté. Je recevais les disques (vinyle) en service de presse, j'écoutais tout et je faisais le tri. Il y eut des découvertes inattendues, et ce fut le cas de Jean-Luc Salmon, un a.c.i. que je n'avais pas eu l'occasion d'entendre sur les ondes. C'est ainsi que je m'enthousiasme pour son 30 cm. ET VA LE MONDE. Je l'écris aussitôt dans mon journal, le recommandant chaudement à mes lecteurs.
Quelques jours passent, je suis par hasard au bureau (où je vais assez peu), le téléphone sonne. "- Bonjour, c'est Jean-Luc Salmon". Je vais le rencontrer, ce qui est assez rare dans mon activité., du moins quand ce n'est pas à mon initiative. J'ai voulu rencontrer Brassens, mais il venait de partir quand je suis arrivé impasse Florimont. J'ai interviewé Gainsbourg une fois ou deux, au festival d'Avoriaz et rue de Verneuil. J'ai déjeuné dans un restaurant chinois avec Gérard Manset. Mais avec Jean-Luc, c'est la première fois que l'artiste cherche lui-même à me joindre !
De ce disque-révélation je vous ai sélectionné LA VIEILLE DAME. C'est le classicisme parfait de la chanson française: priorité au texte bien écrit, à la versification impeccable, mis en valeur par une musique dont la ligne mélodique se mémorise facilement, avec une orchestration en crescendo qui culmine dans une arrivée de cornemuses à donner le frisson !
Depuis, Jean-Luc Salmon continue à chanter et il a fondé, dans sa banlieue nord, une association (l'ACDPA) qui a formé une troupe d'adolescents attirés par le chant et la musique. Avec eux, il organise des spectacles, et même des tournées, dont le clou est la comédie musicale TEENAGER, écrite pour eux et avec eux.
Paroles
La vieille dame est repartie dans sa famille
Elle a fait un trou dans le présent de ma vie
Et tous les ciels blancs de Bretagne sont dans ses yeux
Tous les soleils des matins pâles dans ses cheveux
La vieille dame m'a dit bonjour mon tout petit
Te voilà enfin de retour au pays
Tu ne sais pas l'amour que j'ose cacher en moi
Mais elle n'a pas dit tant de choses elle ne sait pas
Ses enfants grandissaient à peine aux premiers temps
Moi je les aimais comme on aime d'autres enfants
Mais quand elle a dû travailler seule pour les nourrir
Elle n'eut pas même le temps de les voir grandir
Elle nous parlait de son enfance chèvres et pommiers
Mais ils n'écoutaient pas en France tout est changé
Et pendant dix ans j'ai vu vivre ses petits
Entre la honte l'ignorance et le mépris
La vieille dame a dit bonjour au temps présent
Tous les jours et jour après jour en les voyant
Devenir homme et oublier qu'ils étaient hier
Des enfants de mère bretonne et bonne mère
Moi j'étais d'un autre village je suis parti
Tenter ma chance et prendre de l'âge à Paris
Je venais chez eux comme un gosse à la maison
Mais je n'avais pas le carrosse de Cendrillon
Je n'ai retrouvé que leur mère presque inchangée
Mais ses enfants n'ont jamais su qui elle était
Elle est devenue mon amie plus belle encore
D'avoir su porter neuf enfants dedans son corps
Maintenant qu'elle vient chez moi se reposer
Je comprends le tour que le présent m'a joué
Je retrouve en elle tous les échos du pays
Comme si elle arrêtait le temps dans sa folie
La vieille dame est repartie dans sa famille
Elle a fait un trou dans le présent de ma vie
Et tous les ciels blancs de Bretagne sont dans ses yeux
Tous les soleils des matins pâles dans ses cheveux
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ÇA, ÇA FAIT MAL A L'OUVRIER
Pierre Desproges (1985)
J'aime bien alterner les raretés et les tubes, les classiques et les curiosités. Voici donc un titre que certains d'entre vous n'ont peut-être jamais entendu. C'est du Desproges tout craché, on ne sait plus très bien si c'est du second degré ou du troisième, on pense aux chansons que le professeur Choron interprétait à l'Olympia à la même époque... Le 45 tours s'est, à mon avis, moyennement vendu.
Je ne vais pas épiloguer, car il n'y a rien à ajouter sur la mise en musique (dont j'ignore d'ailleurs le responsable) de ce texte desprogien proche d'une tradition misérabiliste de la chanson française, mais sur un ton particulièrement grinçant. Les choeurs aigrelets apportant une dimension encore plus dérisoire à la chose.
Paroles
L'existence morne et fadasse
De Brouchard le pâle OS2
Se déroule à Garges-les-Gonnasses
Loin du luxe des gens heureux
Et quand le samedi soir vers 20 heures
Brouchard se promène à Paris
Il n'voit qu'des cadres supérieurs
Bronzés et buvant du whisky
Eh ben ça…
Ça, ça fait mal à l'ouvrier
Ça y piétine, ça y piétine
Ça, ça fait mal à l'ouvrier
Ça y piétine sa dignité
Ça, ça fait mal à l'ouvrier
Dans le port souillé de Bandol
Clapote misérablement
Dans sa chambre à air Anatole
Humble tâcheron dans le bâtiment
Soudain dans un bruit de tonnerre
Le hors-bord d'un fier P.-D.G.
Estourbit d'un paquet de mer
Ce pauvre homme en congés payés
Ça, ça fait mal à l'ouvrier
Ça y piétine, ça y piétine
Ça, ça fait mal à l'ouvrier
Ça y piétine vraiment sa dignité
Ben, ça fait mal à l'ouvrier
Insouciant dans sa limousine
Charles-Édouard, le fils du docteur,
Traverse la Z.U.P. chafouine
Où s'étiolent les travailleurs
Il écrase le chien de Georgette
Au coin de la rue des Communards
Et jetant vingt sacs à la fillette :
« T'as qu'à t'racheter un autre batard ! »
Aïe aïe aïe, ça fait mal à l'ouvrier
Ça y piétine, ça y piétine
Ça, ça fait mal à l'ouvrier
Ça y piétine vachement sa dignité
Ben, ça fait mal à l'ouvrier
Dans une boîte disco de Saint-Tropez
Un prince héritier transalpin
Avait dansé avec Thérèse
Et lui avait demandé sa main
- Épouser une pauvre ouvrière
Monseigneur, vous n'y pensez point ?
- T'as raison, dit l'altesse princière,
On n'a qu'à faire ça en copains
Ça, ça fait mal à l'ouvrier
Ça y piétine, ça y piétine
Ça, ça fait mal à l'ouvrier
Ça y piétine complètement sa dignité (il en a quasiment plus)
Ça, ça fait mal à l'ouvrier (il a mal, il a mal)…
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