• LA PETITE

    Maurice Biraud & France Gall   (1967)

    Chansong 84

     

    Profitons de cet été pour miser sur la légèreté. L'inoubliable duo Biraud-Gall ressemble à ces boissons dont on dit qu'elles se boivent sans soif. Désolé pour la qualité sonore, loin d'être irréprochable : la chanson est rarissime, l'enregistrement que je vous propose provient d'une émission de Groucho et Chico sur 95.2, "Montparnasse Graffiti".

    Est-elle si innocente, cette histoire de l'ado (délurée) et de l'ami (ému) de son père ? Ne faut-il pas la classer parmi celles dont on dit pudiquement qu'on ne pourrait plus les enregistrer aujourd'hui ?  Sous-entendu, après que tant d'affaires dites de "pédophilie" ont défrayé la chronique ?  Car le temps sont durs, et peut-être tout simplement que nous avons perdu cette belle innocence...

     

    PS- Corrigeons ce que je dis plus haut : grâce à Zozef Marin, j'ai pu remplacer mon vieil enregistrement par un mp3 impeccable de LA PETITE. Merci Zozef !

     

    Paroles

     

    MB - Comment ne pas s'attendrir devant la petite

    Devant ses yeux innocents, devant son sourire
    Elle change depuis quelques temps, elle pousse la petite
    Déjà femme mais pourtant ce n'est qu'une enfant

    FG - Une enfant ! On a tout vu, qu'est-ce qu'il faut
    entendre !
    Quand je pense qu'on a failli hier te surprendre
    Essayant de m'embrasser, moi me laissant faire
    Il n'est pas si mal l'ami, l'ami de mon père

    [Refrain] :
    Duo - Un jour les oisillons prennent leur envol
    Les petits deviennent grands il n'y a plus d'enfants !
    Un jour les oisillons prennent leur envol
    Les petits deviennent grands il n'y a plus d'enfants !

    MB - Elle est fragile comme une fleur si douce la petite
    Quand je pense qu'un homme pourrait lui briser le coeur
    De sa candeur profiter, toucher la petite
    J'ai bien envie malgré moi de la protéger

    FG - Me protéger ! Allons bon ! v'là qu'il recommence
    Avec un prof comme toi j'aurais de la chance
    J'apprendrais évidemment mille choses à faire
    Il est futé croyez-moi, l'ami de mon père

    [Refrain]

    MB - Comment ne pas s'attendrir devant la petite
    FG - Devant tes yeux innocents devant ton sourire
    MB - Elle change depuis quelques temps, elle pousse la
    petite
    FG - Toi tel que je te connais tu n'changeras jamais


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  • LES PETITS ROBERTS

    Joël Daydé   (1981)

    Chansong 83

    Est-ce la morosité des temps qui me pousse vers les chansons humoristiques plus ou moins égrillardes ?  LES PETITS ROBERTS de Joël Daydé est un petit chef-d'oeuvre du genre, très entraînant au demeurant. On mentirait en disant qu'il exige de profonds commentaires.

    Très connu pour un (unique) tube intitulé MAMY BLUE, que connaissent bien tous les lecteurs de Mandryka et de son Concombre masqué, Joël Daydé a donc signé cette chansonnette tout à fait mignonne, qu'on fredonnera sur les plages en contemplant les filles en string. Si vous y êtes, ayez une pensée pour moi...

     

    Paroles

    Je vais vous raconter 
    L'histoire des petits roberts 
    Pas ceux qui sont rangés 
    En rang d'oignons chez les libraires 
    Les deux roberts de mon histoire 
    Ont besoin d'un soutien… 
    …Gorge, qui pourrait bien être 
    Le creux de mes mains 

    J'aime les petits roberts en l'air 
    Que l'on devine sous la soie 
    Les petits roberts qui sont tout fier 
    De se trouver tout contre moi 
    Tous les Jacques, les Paul, les Pierre 
    Peuvent bien aller se rhabiller 
    Moi c'est les petits roberts 
    Que j'aime voir se déshabiller 

    Robert, robert, 
    Tu me damnes, tu me damnes 
    Robert, robert, 
    Que Dieu me damne, j'te suivrais en enfer 

    Quand je me promène sur les plages 
    Quand je les vois en liberté 
    Les petits roberts qui sont en cage 
    Tout le restant de l'année 
    Je me dis que c'est bien dommage 
    Qu'les petits roberts soient prisonniers 
    Ils sont tous blancs comme des fromages 

     


    Blancs toute l'année, bronzés l'été 

    Robert, robert, 
    Tu me damnes, tu me damnes 
    Robert, robert, 
    Que Dieu me damne, j'te suivrais en enfer 

    J'aime les roberts en forme de poire 
    Et les roberts en rang d'oignons 
    Les petits roberts qui sautent en l'air 
    Et que l'on touche le téton 
    Mais les roberts cache-misere 
    que l'on bourre avec du coton 
    Me laissent froid comme une glacière 
    Et tout gelé comme un glaçon 

    Robert, robert, 
    Tu me damnes, tu me damnes 
    Robert, robert, 
    Que Dieu me damne, j'te suivrais en enfer 

    Robert, robert, 
    Tu me damnes, tu me damnes 
    Robert, robert, 
    Que Dieu me damne, j'te suivrais en enfer 

    Robert, robert, 
    Tu me damnes, tu me damnes 
    Robert, robert, 


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  • A WHITER SHADE OF PALE

    Procol Harum   (1967)

    Chansong 82

    De temps en temps, un classique incontournable, un chef-d'oeuvre, en l'occurrence LE tube de l'été 1967, frisson absolu...  On a tout dit sur cette NUANCE PLUS BLANCHE DE PALEUR que prend soudain le visage du meunier quand il raconte sa fantastique histoire... Nous n'en saurons pas davantage aujourd'hui qu'à l'époque, le texte, on va le voir, est délibérément énigmatique - même si on peut supposer qu'il s'agit des divagations d'un esprit embrumé par l'alcool lors d'une fête ou d'une soirée dans une boîte de nuit... voire par des substances encore plus stupéfiantes. Je ne tenterai pas d'en comprendre davantage !

    On raconte que la ligne musicale en était empruntée à J.S.Bach, plus précisément à la sinfonia en fa majeur de la cantate Ich steh mit einem Fuß im Grabe (BWV 156) et de l’Aria de la Suite pour orchestre no 3 en ré majeur (BWV 1068), mais est-ce vraiment prouvé ? Quoi qu'il en soit, ce morceau reste un des sommets de ce qu'on appela le rock baroque, voire progressif et psychédélique. Le leader le plus apparent du groupe, le chanteur moustachu Gary Brooker, en est aussi le pianiste et le compositeur, tandis que le texte si volontairement mystérieux est l'oeuvre de son compère le poète Keith Reid. Quant au nom (latinisant ?)  PROCOL HARUM, diverses hypothèses ont été soulevées, mais là encore aucune certitude.

     

    Paroles + tentative de traduction

    We skipped the light Fandango
    Nous avons dansé le fandango tout en sautillant d'un pas léger
    Turned cartwheels 'cross the floor
    Fait plusieurs fois la roue à travers la piste
    I was feeling kind of seasick
    Je ressentais une sorte de mal au coeur
    But the crowd called out for more
    Mais la foule en redemanda
    The room was humming harder
    La salle bourdonnait encore plus
    As the ceiling flew away
    Alors que le plafond s'envolait
    When we called out for another drink
    Quand nous commandâmes une autre boisson
    The waiter brought a tray
    Le serveur apporta un plateau

    And so it was that later
    Et c'est ainsi que plus tard
    As the Miller told his tale
    Alors que le meunier racontait son histoire
    That her face, at first just ghostly
    Que son visage, d'abord seulement spectral
    Turned a whiter shade of pale
    Prit une nuance plus blanche de pâleur

    [Music]
    [Musique]

    She said there is no reason
    Elle a dit qu'il n'y a aucune raison
    And the truth is plain to see
    Et la vérité saute aux yeux
    But I wandered through my playing cards
    Mais j'errais à travers mes cartes à jouer
    And would not let her be
    Et ne la laisserais jamais être
    One of sixteen vestal virgins
    Une des seize vierges vestales
    Who were leaving for the coast
    Qui allaient partir pour la côte
    And although my eyes were open
    Et bien que mes yeux étaient ouverts
    They might just as well've been closed
    Cela aurait été tout pareil s'ils étaient fermés

    And so it was that later
    Et c'est ainsi que plus tard
    As the Miller told his tale
    Pendant que le meunier racontait son histoire
    That her face, at first just ghostly
    Que son visage, au début simplement spectral
    Turned a whiter shade of pale
    Prit une nuance plus blanche de pâleur

    And so it was... .
    Et c'est ainsi... ... .

     

    J'ai par ailleurs trouvé ces autres couplets qui ne figurent pas sur disque

    ni en 45 ni en 33 tours, mais furent chantés par le groupe en concert :

     

    She said, 'I'm home on shore leave, '
    Elle à dit "je suis en permission à terre"
    Though in truth we were at sea
    Bien qu'en vérité nous étions en mer
    So I took her by the looking glass
    Alors je la pris près du miroir
    And forced her to agree
    Et la forçai de reconnaître ceci
    Saying, 'You must be the mermaid
    Lui disant " tu dois être une sirène
    Who took Neptune for a ride. '
    Qui fit un tour avec Neptune "
    But she smiled at me so sadly
    Mais elle eût un sourire si triste
    That my anger straightway died
    Que ma colère s'apaisa immédiatement

    If music be the food of love
    Si la musique était l'aliment de l'amour
    Then laughter is its queen
    Alors le rire en serait le roi
    And likewise if behind is in front
    Et de la même façon que derrière est devant
    Then dirt in truth is clean
    Alors la saleté est propre en vérité
    My mouth by then like cardboard
    Ma bouche à cet instant pâteuse
    Seemed to slip straight through my head
    Semblait partir en glissade à travers ma tête
    So we crash-dived straightway quickly
    Alors nous plongeâmes (2) brutalement en vitesse
    And attacked the ocean bed
    Et attaquâmes le lit de l'océan

     

     

     

     

     


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  • LA PARISIENNE

    Marie-Paule Belle    (1976)

     

    Chansong 81

    Dans la veine de la chanson française humoristique, saluons la réussite de cette PARISIENNE selon  Marie-Paule Belle, qui la chante et en a composé la musique, sur un texte coécrit par Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Un mot sur celui-ci : le Niçois Grisolia fut un critique de cinéma fécond, que nous avons côtoyé pendant pas mal d'années, jusqu'à ce qu'il devienne un romancier à succès. Nous l'avons prématurément accompagné au Père-Lachaise en 2005.

    La première qualité d'une chanson de ce type est de susciter le rire, et celle-ci atteint son but avec une légèreté et une vivacité louables. Ce portrait d'une femme désespérément normale qui s'acharne à acquérir l'allure de la plus snob des Parisiennes, et qui finit par y parvenir, est l'équivalent d'un "Caractère" de La Bruyère dans les années 70... Ecoutez donc !

     

    Paroles

    Lorsque je suis arrivée dans la capitale 
    J'aurais voulu devenir une femme fatale 
    Mais je ne buvais pas, je ne me droguais pas 
    Et je n'avais aucun complexe 
    Je suis beaucoup trop normale, ça me vexe 

    Je ne suis pas parisienne 
    Ça me gêne, ça me gêne 
    Je ne suis pas dans le vent 
    C'est navrant, c'est navrant 
    Aucune bizarrerie 
    Ça m'ennuie, ça m'ennuie 
    Pas la moindre affectation 
    Je ne suis pas dans le ton 
    Je n'suis pas végétarienne 
    Ça me gêne, ça me gêne 
    J'n'suis pas Karatéka 
    Ça me met dans l'embarras 
    Je ne suis pas cinéphile 
    C'est débile, c’est débile 
    Je ne suis pas M.L.F. 
    Je sens qu'on m'en fait grief 
    M'en fait grief, m’en fait grief 

    Bientôt j'ai fait connaissance d'un groupe d'amis 
    Vivant en communauté dans le même lit 
    Comm' je ne buvais pas, je ne me droguais pas 
    Et n'avais aucun complexe, 
    Je crois qu'ils en sont restés tout perplexes 

    Je ne suis pas nymphomane 
    On me blâme, on me blâme 
    Je ne suis pas travesti 
    Ça me nuit, ça me nuit 
    Je ne suis pas masochiste 
    Ça existe, ça existe 
    Pour réussir mon destin 
    Je vais voir le médecin 
    Je ne suis pas schizophrène 
    Ça me gêne, ça me gène 
    Je ne suis pas hystérique 

     


    Ça s'complique, ça s’complique 
    Oh dit le psychanalyste 
    Que c'est triste, que c'est triste 
    Je lui dis je désespère 
    Je n'ai pas de goûts pervers 
    De goûts pervers, de goûts pervers 

    Mais si, me dit le docteur en se rhabillant 
    Après ce premier essai c'est encourageant 
    Si vous ne buvez pas, vous ne vous droguez pas 
    Et n'avez aucun complexe 
    Vous avez une obsession : c'est le sexe 

    Depuis je suis à la mode 
    Je me rôde, je me rôde 
    Dans les lits de Saint-Germain 
    C'est divin, c’est divin 
    Je fais partie de l'élite 
    Ça va vite, ça va vite 
    Et je me donne avec joie 
    Tout en faisant du yoga 
    Je vois les films d'épouvante 
    Je m’en vante, je m’en vante 
    En serrant très fort la main 
    Du voisin, du voisin 
    Me sachant originale 
    Je cavale, je cavale 
    J'assume ma libido 
    Je vais draguer en vélo 
    Maint'nant je suis parisienne 
    J'me surmène, j’me surmène 
    Et je connais la détresse 
    Et le cafard et le stress 
    Enfin à l'écologie 
    J'm'initie, j’m’initie 
    Et loin de la pollution, 
    Je vais tondre mes moutons 
    Et loin de la pollution, 
    Je vais tondre mes moutons 
    Et loin de la pollution, 
    Je vais tondre mes moutons 
    moutons, moutons, moutons

     


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  • CHILD OF VISION

    Supertramp   (1979)

    Chansong 80

    Très représentatif de ce qu'on a appelé le rock progressif, le groupe londonien Supertramp a connu son heure de gloire à la fin des années 70, avec des albums comme CRIME OF THE CENTURY, EVEN IN THE QUIESTEST MOMENTS et surtout BREAKFAST IN AMERICA qui est pour eux l'équivalent de SGT.PEPPER'S pour les Beatles ou LEIT IT BLEED pour les Stones.

    Rick Davies et Roger Hodgson étaient les leaders de cette formation qui bénéficiait aussi de la présence du saxo-clarinettiste à barbiche et lunettes John Helliwell. Pour avoir assisté à un de leurs concerts aux Abattoirs de La Villette, je peux témoigner qu'ils étaient suivis par une foule enthousiaste de teenagers...

    Comme d'habitude, voici le texte du morceau que j'ai choisi, CHILD OF VISION, tel que déniché sur le Net (avec quelques améliorations, quand même). Le traducteur y a laissé un message du genre "Ne me demandez pas ce que ça veut dire, si quelqu'un a une idée, je suis tout ouïe". Moi aussi, à vrai dire.

    Paroles

    Who do you think you're foolin' ?
    Qui crois-tu berner ?
    And you say you're havin' fun,
    Et tu dis que tu t'amuses,
    But you're busy going nowhere,
    Mais tu es occupé à aller nulle part,
    Just lying in the sun.
    Juste à t'étendre au soleil.
    And you tried to be a hero,
    Et tu as essayé d'être un héros,
    And commit the perfect crime
    Et de commettre le crime parfait;
    But the dollar got you dancing
    Mais le dollar t'a fait danser
    And you're running out of time.
    Et tu es à court de temps.

    You're messin' up the water
    Tu gâches l'eau
    You're rolling in the wine
    Tu fais tourner le vin
    You're poisoning your body
    Tu empoisonnes ton corps
    You're poisoning your mind
    Tu empoisonnes ton esprit
    You gave me coca-cola
    Tu m'as donné du coca-cola
    You said it tasted good
    Tu as dit que c'était bon
    You watch the television
    Tu regardes la télévision
    And it tell you that you should.
    Et elle te dit ce que tu devrais faire

    How can you live in this way ?
    Comment peux-tu vivre comme ça ?
    (Why do you think it's so strange ? )
    (Pourquoi penses-tu que c'est si étrange ? )
    You must have something to say !
    Tu dois avoir quelque chose à dire !
    (Oh Tell me why should I change ? )
    (Oh dis moi pourquoi devrais-je changer ? )
    There must be more than this life;
    Il doit y avoir plus que cette vie;
    It's time we did something right.
    Il est temps que nous fassions quelque chose de bien.

    Child of Vision, won't you listen ?
    Enfant visionnaire, n'écouteras-tu pas ?
    Find yourself a new ambition.
    Trouve-toi une nouvelle ambition

    I've heard it all before,
    J'ai déjà entendu tout ça
    You're saying nothing new;
    Tu ne dis rien ne nouveau
    I thought I saw a rainbow,
    Je croyais avoir vu un arc-en-ciel
    But I guess it wasn't true.
    Mais je devine que ce n'était pas vrai
    You cannot make me listen,
    Tu ne peux pas me faire écouter
    And I cannot make you hear.
    Et je ne peux pas te faire entendre
    So you find your way to heaven,
    Alors tu trouves ton chemin vers le ciel,
    And I'll meet you when you're there.
    Et je te rencontrerai quand tu y seras.

    How can you live in this way ?
    Comment peux-tu vivre comme ça ?
    (Why do you think it's so strange ? )
    (Pourquoi penses-tu que c'est si étrange ? )
    You must have something to say !
    Tu dois avoir quelque chose à dire !
    (Oh Tell me why should I change ? )
    (Oh dis moi pourquoi devrais-je changer ? )
    We have no reason to fight,
    Nous n'avons pas de raison de nous battre,
    'cause we both know that we're right.
    Car on sait tous les deux qu'on a raison.

     

    Child of Vision, won't you listen ?
    Enfant visionnaire, n'écouteras-tu pas ?
    Find yourself a new ambition.
    Trouve-toi une nouvelle ambition.

     


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  • LA VIEILLE DAME

    Jean-Luc Salmon   (1981)

    Chansong 79

    En ce temps-là, je fus un éphémère critique musical (une dizaine d'années quand même). Je dois dire que je jouissais d'un totale liberté. Je recevais les disques (vinyle) en service de presse,  j'écoutais tout et je faisais le tri. Il y eut des découvertes inattendues, et ce fut le cas de Jean-Luc Salmon, un a.c.i. que je n'avais pas eu l'occasion d'entendre sur les ondes. C'est ainsi que je m'enthousiasme pour son 30 cm. ET VA LE MONDE. Je l'écris aussitôt dans mon journal, le recommandant chaudement à mes lecteurs.

    Quelques jours passent, je suis par hasard au bureau (où je vais assez peu), le téléphone sonne. "- Bonjour, c'est Jean-Luc Salmon". Je vais le rencontrer, ce qui est assez rare dans mon activité., du moins quand ce n'est pas à mon initiative. J'ai voulu rencontrer Brassens, mais il venait de partir quand je suis arrivé impasse Florimont. J'ai interviewé Gainsbourg une fois ou deux, au festival d'Avoriaz et rue de Verneuil. J'ai déjeuné dans un restaurant chinois avec Gérard Manset. Mais avec Jean-Luc, c'est la première fois que l'artiste cherche lui-même à me joindre !

    De ce disque-révélation je vous ai sélectionné LA VIEILLE DAME. C'est le classicisme parfait de la chanson française: priorité au texte bien écrit, à la versification impeccable, mis en valeur par une musique dont la ligne mélodique se mémorise facilement, avec une orchestration en crescendo qui culmine dans une arrivée de cornemuses à donner le frisson !

    Depuis, Jean-Luc Salmon continue à chanter et il a fondé, dans sa banlieue nord, une association (l'ACDPA) qui a formé une troupe d'adolescents attirés par le chant et la musique. Avec eux, il organise des spectacles, et même des tournées, dont le clou est la comédie musicale TEENAGER, écrite pour eux et avec eux.

     

    Paroles

    La vieille dame est repartie dans sa famille
    Elle a fait un trou dans le présent de ma vie 
    Et tous les ciels blancs de Bretagne sont dans ses yeux
    Tous les soleils des matins pâles dans ses cheveux
    La vieille dame m'a dit bonjour mon tout petit
    Te voilà enfin de retour au pays
    Tu ne sais pas l'amour que j'ose cacher en moi
    Mais elle n'a pas dit tant de choses elle ne sait pas
    Ses enfants grandissaient à peine aux premiers temps
    Moi je les aimais comme on aime d'autres enfants
    Mais quand elle a dû travailler seule pour les nourrir
    Elle n'eut pas même le temps de les voir grandir
    Elle nous parlait de son enfance chèvres et pommiers
    Mais ils n'écoutaient pas en France tout est changé
    Et pendant dix ans j'ai vu vivre ses petits 
    Entre la honte l'ignorance et le mépris
    La vieille dame a dit bonjour au temps présent
    Tous les jours et jour après jour en les voyant
    Devenir homme et oublier qu'ils étaient hier 
    Des enfants de mère bretonne et bonne mère
    Moi j'étais d'un autre village je suis parti
    Tenter ma chance et prendre de l'âge à Paris
    Je venais chez eux comme un gosse à la maison
    Mais je n'avais pas le carrosse de Cendrillon
    Je n'ai retrouvé que leur mère presque inchangée
    Mais ses enfants n'ont jamais su qui elle était
    Elle est devenue mon amie plus belle encore
    D'avoir su porter neuf enfants dedans son corps
    Maintenant qu'elle vient chez moi se reposer
    Je comprends le tour que le présent m'a joué
    Je retrouve en elle tous les échos du pays
    Comme si elle arrêtait le temps dans sa folie
    La vieille dame est repartie dans sa famille
    Elle a fait un trou dans le présent de ma vie 
    Et tous les ciels blancs de Bretagne sont dans ses yeux
    Tous les soleils des matins pâles dans ses cheveux

     


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  • ÇA, ÇA FAIT MAL A L'OUVRIER   

    Pierre Desproges  (1985)

    Chansong 78

    J'aime bien alterner les raretés et les tubes, les classiques et les curiosités. Voici donc un titre que certains d'entre vous n'ont peut-être jamais entendu. C'est du Desproges tout craché, on ne sait plus très bien si c'est du second degré ou du troisième, on pense aux chansons que le professeur Choron interprétait à l'Olympia à la même époque... Le 45 tours s'est, à mon avis, moyennement vendu.

    Je ne vais pas épiloguer, car il n'y a rien à ajouter sur la mise en musique (dont j'ignore d'ailleurs le responsable)  de ce texte desprogien proche d'une tradition misérabiliste de la chanson française, mais sur un ton particulièrement grinçant. Les choeurs aigrelets apportant une dimension encore plus dérisoire à la chose.

     

    Paroles  

    L'existence morne et fadasse
    De Brouchard le pâle OS2
    Se déroule à Garges-les-Gonnasses
    Loin du luxe des gens heureux
    Et quand le samedi soir vers 20 heures
    Brouchard se promène à Paris
    Il n'voit qu'des cadres supérieurs
    Bronzés et buvant du whisky
    Eh ben ça…
    Ça, ça fait mal à l'ouvrier
    Ça y piétine, ça y piétine
    Ça, ça fait mal à l'ouvrier
    Ça y piétine sa dignité
    Ça, ça fait mal à l'ouvrier

    Dans le port souillé de Bandol
    Clapote misérablement
    Dans sa chambre à air Anatole
    Humble tâcheron dans le bâtiment
    Soudain dans un bruit de tonnerre
    Le hors-bord d'un fier P.-D.G.
    Estourbit d'un paquet de mer
    Ce pauvre homme en congés payés

    Ça, ça fait mal à l'ouvrier
    Ça y piétine, ça y piétine
    Ça, ça fait mal à l'ouvrier
    Ça y piétine vraiment sa dignité
    Ben, ça fait mal à l'ouvrier

    Insouciant dans sa limousine
    Charles-Édouard, le fils du docteur,
    Traverse la Z.U.P. chafouine
    Où s'étiolent les travailleurs
    Il écrase le chien de Georgette
    Au coin de la rue des Communards
    Et jetant vingt sacs à la fillette :
    « T'as qu'à t'racheter un autre batard ! »

    Aïe aïe aïe, ça fait mal à l'ouvrier
    Ça y piétine, ça y piétine
    Ça, ça fait mal à l'ouvrier
    Ça y piétine vachement sa dignité
    Ben, ça fait mal à l'ouvrier

    Dans une boîte disco de Saint-Tropez
    Un prince héritier transalpin
    Avait dansé avec Thérèse
    Et lui avait demandé sa main
    - Épouser une pauvre ouvrière
    Monseigneur, vous n'y pensez point ?
    - T'as raison, dit l'altesse princière,
    On n'a qu'à faire ça en copains

    Ça, ça fait mal à l'ouvrier
    Ça y piétine, ça y piétine
    Ça, ça fait mal à l'ouvrier
    Ça y piétine complètement sa dignité (il en a quasiment plus)
    Ça, ça fait mal à l'ouvrier (il a mal, il a mal)…
     


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