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Par Gérard Lenne le 19 Août 2016 à 13:08
ATHALIE-ROCK
Henri Salvador (1961)
Le texte est de Jean Racine (ATHALIE, Acte II, Scène 5) et c'est devenu un des quatre "Classic Rocks" de ce 45 tours d'Henri Salvador, sorti précisément quand je faisais mes études secondaires, et c'était un excellent alibi auprès de mes parents pour me procurer le disque, où le chanteur arborait une toge digne des matinées scolaires du théâtre local.
N'empêche que je connais encore par coeur, grâce à Salvador, ces quatre tirades extraites des pièces classiques du XVIIe. Auprès d'ATHALIE, il y avait LE CID, HORACE, CINNA (un Racine pour trois Corneille), quant à la mise en musique c'est plutôt du blues-rock. La drôlerie vient ici, outre de l'interprétation désopilante de Salvador, des choeurs habilement répartis, des répétitions ("ma mère Jezabel-bel-bel"), des calembours ("cet éclat emprunté... combien ?"), des références à cette musique noire américaine ("La cruel Dieu des juifs l'emporte aussi sur toi, baby!") et jusqu'à cet apothéose apocryphe dont n'eût pas rêvé Jean Racine, bien sûr absente du texte d'origine ci-dessous : "Ma mère était un gueuleton pour les toutous!"). Que pourrait-on ajouter à ça ?
Paroles
C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit.
Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté ;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
« Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi.
Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi.
Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
Ma fille. » En achevant ces mots épouvantables,
Son ombre vers mon lit a paru se baisser ;
Et moi, je lui tendais les mains pour l'embrasser.Dans le temple des Juifs un instinct m'a poussée
Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange
D'os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.Ma mère était en train de se faire dévorer
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Par Gérard Lenne le 16 Août 2016 à 13:15
YOU TALK TOO MUCH
Joe Jones (1960)
Chers amis, voici la pochette (un peu défraîchie) du premier 45 tours que j'aie acheté (5 N.F. !). Nous étions en été 1961, mais le disque est sorti l'année précédente avec un succès foudroyant et mondial. Joe Jones (1911-1985) était un jazzman noir, un batteur réputé et très populaire, dont c'est apparemment le seul essai (mais coup de maître) dans le domaine des "variétés". Le titre de la face B est une bluette, I LOVE YOU STILL, de la pure guimauve, qu'on se forçait à écouter quand même de temps en temps, par politesse. Mais l'énorme tube (le premier de ma vie, assurément) était YOU TALK TOO MUCH, que j'ai sûrement passé et repassé des centaines de fois sur le vieux pick-up familial. Les oreilles maternelles avaient fini par s'y accoutumer, et même par approuver la ritournelle...
Sa popularité avait été renforcée par la floraison incroyable de sa version française, intitulée évidemment TU PARLES TROP. Je me souviens qu'à l'époque on en avait dénombré onze interprétations. La plus célèbre était celle des Chaussettes Noires, sortie en janvier 1961. Mais il y avait aussi celles de Richard Anthony, Johnny Hallyday, Frankie Jordan, mais encore Dalida et Dario Moreno ! En guise de traduction des paroles originales, je vous copie celles de cette v.f., signées Georges Aber.
Alors, chanson misogyne, cette mise en boîte d'un incessant bavardage féminin ? Pas plus, sans doute, que le HIT THE ROAD, JACK de Ray Charles qui s'attardait lui sur la jalousie conjugale... Tout ça, c'est de l'humour.
Paroles
You talk too much
You worry me to death
You talk too much
You even worry my pet
You just talk
Talk too much
You talk about people
That you don't know
You talk about people
Wherever you go
You just talk
Talk too much
You talk about people
That you've never seen
You talk about people
You can make me scream
You just talk
You talk too much
You talk too much
You worry me to death
You talk too much
You even worry my pet
You just talk
Talk too much
You talk about people
That you don't know
You talk about people
Wherever you go
You just talk
Talk too much
You talk about people
That you've never seen
You talk about people
You can make me scream
You just talk
You talk too muchTu parles trop, j'entends du soir au matin
Les mêmes mots, toujours les mêmes refrains
Tu fais:" Bla bla bla bla "
C'est ton défaut
Tu parles à tort des gens que tu n' connais pas
Tu dis bien fort ce que l'on pense tout bas
Tu fais:" Bla bla bla bla "
C'est ton défaut
Tu parles à tort, si la parole est d'argent
J'aurai bientôt fait fortune en t'écoutant
Tu fais:" Bla bla bla bla "
C'est ton défaut
Oui, Tu parles trop avec toi mon percepteur
De mon magot, connaît le chiffre par cur
Tu fais:" Bla bla bla bla "
C'est ton défaut
Tu parles à tort tu ne comprends jamais rien
Tu parles à tort, malgré ça je t'aime bien
Tu fais:" Bla bla bla bla "
C'est ton défaut
Tu parles trop mais quand il s'agit d'amour
Rien n'est plus beau, tu peux parler nuit et jour
Oui, oui, haaaa!
C'est jamais trop! Non jamais trop!
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Par Gérard Lenne le 11 Août 2016 à 11:47
POURQUOI UN PYJAMA
Régine (1966)
Dans les euphoriques années 60, on pouvait sortir sans sourciller une chanson comme celle-ci, qui n'est qu'un énorme gag. Je ne vais pas vous faire un cours magistral sur le thème du pyjama dans la chanson française humoristique. On a sans doute commencé en 1930 avec C'EST POUR MON PAPA, de l'inoubliable Milton ("Les vieux pyjamas, c'est pour mon papa / les dessous troublants, c'est pour ma maman"...)
Au-delà d'un texte assez rudimentaire, loin des tours de force linguistiques dont il était coutumier, Serge Gainsbourg s'offre surtout un immense pied de nez à l'esprit de sérieux en accolant la voix de gavroche parisien de Régine à celle d'une chanteuse d'opéra dont les vocalises éthérées contrastent évidemment avec la trivialité du thème, créant un effet de drôlerie irrésistible.
Je note que sur les sites actuels des internautes se demandent à qui est cette voix insensée de "coloratur"... Ayant vécu l'époque en question, je suis en mesure de leur révéler qu'il s'agit d'une deuxième Régine : la très prestigieuse et décorée Régine Crespin (1927-2007) qui a donc accepté avec humour de jouer le jeu gainsbourgien de l'irrespect et de l'impertinence. Qu'elle en soit remerciée !
Paroles
Pourquoi un pyjama
À rayures, à fleurs ou à pois ?
Pourquoi un pyjama
En coton, en fil ou en soie ?
Moi, je n'en mets jamais
Non jamais, je n'en mets
Jamais je n'ai mis de ma vie, un pyjama
De même, aucun de mes amis
N'en a aucun, jamais de mes amis
N'a mis un pyjama
Pourquoi un pyjama
À rayures, à fleurs ou à pois ?
Pourquoi un pyjama
En coton, en fil ou en soie ?
À quoi bon s'habiller
Quand on vient de se déshabiller
Il n'y a pas d'raison de s'arrêter
On passerait sa vie et ses nuits à s'habiller
S'habiller, se déshabiller, se rhabiller
Pourquoi un pyjama
À rayures, à fleurs ou à pois ?
Pourquoi un pyjama
En coton, en fil ou en soie ?
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Par Gérard Lenne le 8 Août 2016 à 23:43
JE M'AIME
Shitty (1980)
C'est toujours l'été, les "vacances" dit-on, et j'en profite pour récidiver dans la curioité amusante. J'ai toujours précieusement conservé ce 45 tours de Shitty, membre de l'inoubliable groupe ODEURS, dont le JE M'AIME figure aussi sur un 30 cm. de celui-ci.
Inutile d'épiloguer sur ce titre assez grandiose dans le second degré qui lui/leur était propre, et j'avoue que pour une fois je n'ai trouvé nulle part les paroles sur le Net (tiens ! ne valent-elles pas la peine d'être immortalisées ?).
C'est un moindre mal car on n'a, bien sûr, aucune peine à les comprendre et il n'y a ici aucune ambiguïté ni complexité particulières... Et le seul commentaire qu'on puisse adjoindre à ce morceau ne peut être que : Sacré Shitty !
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Par Gérard Lenne le 4 Août 2016 à 12:40
THE FALL OF SAIGON
Elliott Murphy (1982)
Je m'étonne moi-même d'avoir autant attendu pour publier un titre d'Elliott Murphy, découvert en 1973 avec son premier album, AQUASHOW. Cet Américain voyageur, figurant dans FELLINI-ROMA, s'est établi un moment à Paris (où il vit peut-être encore ?) et j'ai assisté dans les années 2000 à un de ses concerts au New Morning, juste à côté de chez moi.
Quelque part entre Dylan et Bowie, en restant très approximatif, avec une une belle voix envoûtante et un son très particulier, Murphy est un chanteur à textes. Pour ce morceau sur "la chute de Saïgon", extrait de son album MURPH THE SURF, j'ai eu un mal fou à trouver les paroles, et je vous les livre sans traduction (le site étant italien, celle-ci était italienne).
A vous de jouer donc, de démêler le réel du fantasme dans cette évocation de l'affolement et du chaos qui ont marqué cette défaite militaire, avec le ballet des hélicoptères qu'on a pu voir au cinéma, et dont le vrombissement vient ici en forme de finale. La guerre (du Viet-Nam) qui se termine, et en parallèle la fin d'un amour, le tout avec une "énergie" rare - bien que je n'aime pas le terme, mais cette fois je n'en trouve pas d'autre...
Paroles
Captain they're calling they don't want us falling behind
There's no use in stalling there's no use in drawing a line
Let's get out of this rice paddy before I step onto some god damn mine
And we'll take a jeep and watch the fall of Saigon
And hey girl its over
Goodbye white cliffs of Dover
Sail onto free lands
The boys all come home
Call girls are crying as helicopters fly their loves away
There's a panic at the embassy a blood bath is coming they all say
And what's come between us I try but I just can't get it on
Love has turned to politics - like the fall of Saigon
And darling I'm lying you're right I'm just sick of trying
This romance is ending
That feeling is gone
You got your mystery and I got what's left of this song
And just like southeast Asia I don't know if I'm right or if I'm wrong
Some things are worth fighting for and some things well they're just gone
But I remember the night we watched the fall of Saigon
And darling I'm lying you're right I'm just sick of trying
This romance is ending
That feeling is gone
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Par Gérard Lenne le 1 Août 2016 à 17:32
J'AI 26 ANS
Brigitte Fontaine (1970)
Je me rends compte que je n'avais pas encore évoqué Brigitte Fontaine sur ce blog. Et pourtant ! Occasion d'un flash-back, de l'extravagante diva d'aujourd'hui retournons à la jeune chanteuse prometteuse de l'écurie Saravah.
Elle fut toujours coutumière de la provocation, mais je choisis plutôt cet autoportrait original et pointu, légèrement décalé sans doute (elle avait en fait 31 ans à l'époque), où la voix sonne clair, pas du tout gênée par une orchestration minimale. C'est extrait de l'album COMME A LA RADIO qui contient aussi l'exceptionnel LETTRE A M.LE CHEF DE GARDE DE LA TOUR DE CAROL.
Chacun pourra évidemment s'amuser à comparer ses propres goûts et caractéristiques avec ceux et celles de B.F. Pour ma part, je dirai surtout que je n'aime pas les bananes très mûres, bien au contraire ! Mais que serait-ce si on partageait tout de ce que disent les chansons ?
Paroles
J’ai vingt-six ans
Mais seulement quatre d’utiles
Je ne comprends rien à rien
J’ai peur des papillons
Mon père est mort à la guerre
Quand j’étais petite j’avais un gilet
En angora rose
Qui s’arrêtait avant les côtes flottantes
Les vieux messieurs
M’aimaient beaucoup
Je ne crois pas à l’expérience
Je me méfie des endroits clos
Je ressens la paresse comme une maladie
J’aime les rivières jaunes
Il faut te dire que j’ai derrière l’oreille
Un coin de peau extraordinairement doux
Que j’aime les laitages et les bananes très mûres
Je souhaite toujours que le dragon m’emporte c’est pourquoi je me suis attachée sur ce fauteuil avec des sangles de vélo
J’aime toutes les histoires qui commencent par « Il était une fois »
Je hais le café au lait
Avant les garçons me frottaient toujours les oreilles
Une fois j’ai vu des chars blindés sur l’avenue d’Orléans
J’aime les rengaines d’amour
Et les frites me font pleurer
Sur l’eau, les bateaux me suivent toujours
Ils me font peur, ils me font peur
J’ai vécu très longtemps ici ou là, chez des amis
Un jour j’ai cassé une table en marbre
J’aime les hommes pas rasés
J’ai souvent mal aux dents
J’ai faim quand il ne faut pas
Voilà tu sais tout
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Par Gérard Lenne le 29 Juillet 2016 à 23:28
LA PETITE
Maurice Biraud & France Gall (1967)
Profitons de cet été pour miser sur la légèreté. L'inoubliable duo Biraud-Gall ressemble à ces boissons dont on dit qu'elles se boivent sans soif. Désolé pour la qualité sonore, loin d'être irréprochable : la chanson est rarissime, l'enregistrement que je vous propose provient d'une émission de Groucho et Chico sur 95.2, "Montparnasse Graffiti".
Est-elle si innocente, cette histoire de l'ado (délurée) et de l'ami (ému) de son père ? Ne faut-il pas la classer parmi celles dont on dit pudiquement qu'on ne pourrait plus les enregistrer aujourd'hui ? Sous-entendu, après que tant d'affaires dites de "pédophilie" ont défrayé la chronique ? Car le temps sont durs, et peut-être tout simplement que nous avons perdu cette belle innocence...
PS- Corrigeons ce que je dis plus haut : grâce à Zozef Marin, j'ai pu remplacer mon vieil enregistrement par un mp3 impeccable de LA PETITE. Merci Zozef !
Paroles
MB - Comment ne pas s'attendrir devant la petite
Devant ses yeux innocents, devant son sourire
Elle change depuis quelques temps, elle pousse la petite
Déjà femme mais pourtant ce n'est qu'une enfant
FG - Une enfant ! On a tout vu, qu'est-ce qu'il faut
entendre !
Quand je pense qu'on a failli hier te surprendre
Essayant de m'embrasser, moi me laissant faire
Il n'est pas si mal l'ami, l'ami de mon père
[Refrain] :
Duo - Un jour les oisillons prennent leur envol
Les petits deviennent grands il n'y a plus d'enfants !
Un jour les oisillons prennent leur envol
Les petits deviennent grands il n'y a plus d'enfants !
MB - Elle est fragile comme une fleur si douce la petite
Quand je pense qu'un homme pourrait lui briser le coeur
De sa candeur profiter, toucher la petite
J'ai bien envie malgré moi de la protéger
FG - Me protéger ! Allons bon ! v'là qu'il recommence
Avec un prof comme toi j'aurais de la chance
J'apprendrais évidemment mille choses à faire
Il est futé croyez-moi, l'ami de mon père
[Refrain]
MB - Comment ne pas s'attendrir devant la petite
FG - Devant tes yeux innocents devant ton sourire
MB - Elle change depuis quelques temps, elle pousse la
petite
FG - Toi tel que je te connais tu n'changeras jamais
2 commentaires
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