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VIES MONOTONES
Les Petits chanteurs de Saint-Marc
(2004)
(Apparemment un bug m'empêche de publier ici la chanson. Pour l'entendre il faut donc que vous alliez sur https://www.youtube.com/watch?v=KGCQQ5YmMMA )
VIES MONOTONES est un des chefs-d'oeuvre absolus de Gérard Manset, figurant dans son mythique album LUMIERES (1984) - et contenant d'ailleurs une allusion claire au titre-phare de l'album, Lumières ("Où sont les lumières qui brillaient ?").
Je vous propose la version enregistrée vingt ans plus tard par la chorale des "Petits Chanteurs de Saint-Marc" (qui ne portent pas de croix de bois et parmi lesquels il y a des filles) et qui figure dès lors (2004) dans l'album ROUTE MANSET. On notera que cet ensemble de versions parallèles de chansons de Manset par d'autres interprètes (Murat, Bashung, Cabrel, F.Hardy, B.Fontaine, etc.) est paru en 1996 et que VIES MONOTONES n'y figurait pas. Mais je sais que dans une parution intermédiaire, elle y est apparue interprétée par Catherine Ribeiro. Pourquoi celle-ci a-t-elle été "remplacée" par les Petits Chanteurs en 2004, puis dans la forme définitive du tout récent coffret de l'Intégrale "Mansetlandia", ceci reste un mystère, qui ne vous empêche pas d'écouter sur YouTube la version Ribeiro enregitsrée en direct et figurant sur son propre album VIVE LIBRE (1995).
https://www.youtube.com/watch?v=q3b5SC9wI_g
Je ne ferai pas d'analyse détaillée d'une chanson si purement "mansetienne" qu'elle décourage d'avance une telle démarche. Soulignons seulement une de ces rimes inégalables: "... quand même qu'on vive / ... le même convive". Et ce résumé éigmatique du festin : "Pas de fusée, pas de vin, pas de sorbet", où je ne peux m'empêcher de déceler une référence récurrente aux fusées, bien sûr, de LA MORT D'ORION, mais aussi à celles de JEANNE, opéra moyenâgeux où il est question des cordages qui "tenaient debout leurs fusées". Le pessimisme totalement désespéré, bien dans la foulée de LUMIERES, c'est aussi du Manset, mais contrebalancé par la splendeur de la création musicale, un peu comme l'esthétisme flamboyant de CRIS ET CHUCHOTEMENTS, le film de Bergman, rendait supportable le thème de la mort qu'il développait.
Il n'est pas indifférent, peut-être, d'aller voir sur YouTube ces Petits chanteurs chanter. C'est ici : https://www.youtube.com/watch?v=KGCQQ5YmMMA
Et pour mémoire, une autre chorale, ci : (mais je me permets de la juger inférieure) : https://www.youtube.com/watch?v=DQPjpKG7bEI
Paroles
Nous avons des vies monotones,Rien dans le cœur, rien dans la main.Comme on ne dit plus rien à personne,Personne ne nous dit plus rien.Nous avons des vies monotones,Des maisons vides et fermées,Des portes lourdes et blindéesQue n'ouvriront plus jamais personne.Mais comme il faut quand même qu'on vive,S'asseoir avec le même convive,C'est pas le festin qu'on croyait,Pas de fusée, pas de vin, pas de sorbet,Y a plus qu'à tirer la nappe à soi,Continuer chacun pour soi.Nous avons des vies monotones,Rien dans le cœur, rien dans la main,Comme on n'attend rien de personne,On n'a plus réponse à rien.Nous avons des vies monotones,Entourés d'hommes et de chiens,Ceux qui mangent dans notre main,Ce sont ceux-là qu'on abandonneMais comme il faut quand même qu'on viveCe soir avec le même convive,C'est pas la fête qu'on croyaitOù sont les lumières qui brillaient.Y a plus qu'à tirer la nappe à soi,Continuer chacun pour soi.Nous avons des vies sans mélangeQui s'en iront de tous côtés,Raides et droites comme une plancheSur l'océan de pauvreté.
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SALSA DU DEMON
Le Grand Orchstre du Splendid (1980)
Pourquoi ce nom de Grand Orchestre "du Splendid" ? Je m'étais souvent posé cette question. Aujourd'hui, un coup d'oeil sur Wikipedia nous suffit pour apprendre que ce groupe de musiciens, parmi lesquels deux fils de Jean-Marc Thibault, est né en donnant un "boeuf" dans les locaux du café-théâtre le Splendid, au tout début des années 80.
Je me souviens les avoir vus (et plutôt deux fois qu'une) au théâtre du Gymnase dans les années qui ont suivi. Leur tube incontestable était cette SALSA DU DEMON au refrain entraînant, qu'il jouaient deux fois (avec reprise en rappel).
Un texte désopilant et une orchestration d'enfer, avec tout se qu'il faut de coups de sifflet et de "Ay ay ay" pour faire couleur locale, et sur les planches une mise en scène spectaculaire... On savait s'amuser en ce temps-là !
Paroles
(Horreur)
(Malheur)
(Aaaah)
Oui, je suis Belzébuth
(Horreur)
Je suis un bouc, je suis en rut
(Horreur, malheur)
Oui, oui, oui, je vis dans l'ordure
(Horreur)
Je pue la sueur et la luxure
Je fume je bois, j'ai tous les vices
Et j'ai du poil partout sur les cuisses
Je vous déteste, je vous maudis
J'suis complèt'ment pourri
Quand j'vois un gosse, j'lui fous une claque
Quand j'vois une vieille j'lui piqu' son sac
Je crache, je rote, rien ne m'arrête
Car aujourd'hui c'est la fête...
C'est la, c'est la, c'est la
Salsa du démon (x4)
(Horreur, malheur)
(Aaaah)
Oui, c'est moi Vampirella
(Horreur)
Malheur à ceux qui ne m'aiment pas
(Horreur, malheur)
Oui, oui, oui, mon coeur est en fer
(Horreur)
Je fais l'amour comme une panthère
Mes amants, je les écorche vifs
Et je les fouette, je leur coupe le pif
J'fais des trucs cochons avec des chaînes
Aux minets du 16ème
Pourchassant les puceaux en fuite
Le démon du sexe m'habite
Venez là mes petits amis
Car c'est la fête aujourd'hui...
C'est la, c'est la, c'est la
Salsa du démon (x4)
(Horreur, malheur)
(Aaaah)
Oui, je suis la sorcière
(Horreur)
J'suis vieille, j'suis moche, j'suis une mégère
(Horreur, malheur)
Oui, oui, oui, sur mon balai maudit
(Horreur)
J'aim' bien faire mal aux tous petits
Je fais bouillir des mains de pendus
J'mange des crapauds, des rats tout poilus
J'fais des potions pour séduire les hommes
Puis j'les mords quand ils dorment
Dans ma marmite c'est l'épouvante
Y a des bestioles dégoulinantes
Ce soir j'fais du boeuf au pipi
Car c'est la fête aujourd'hui...
C'est la, c'est la, c'est la
Salsa du démon (x4)
(instrumental)
C'est la, c'est la c'est la
Salsa du démon (x4)
C'est la, c'est la, c'est la
Salsa du démon (x4)
C'est la, c'est la, c'est la
Salsa du démon (x4)
C'est la, c'est la, c'est la
Salsa du démon (x4)
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GLORIA
Patti Smith (1975)
Un chef-d'oeuvre, à de nombreux titres, et un cas unique dans l'histoire de la 'pop' : une chanteuse, également auteur et compositrice, qui reprend, dix ans plus tard, un "tube" devenu un classique, en le transfigurant. GLORIA, morceau du groupe Them, composé et chanté par leur leader Van Morrison en 1965, était déjà marquant avec son refrain (G-L-O-R-I-A....).
Sans le trahir le moins du monde, Patti Smith, la punk new-yorkaise, en fait quelque chose de complètement différent. Ici, tout est exceptionnel, de la voix (hallucinante) de Patti à l'orchestration (délirante). Y compris ce texte, dont l'inspiration religieuse (Jésus-Christ, les péchés et tout le toutim) passe malgré tout. Catholique et mystique, amoureuse de Paul VI comme du pape François, cette star de l'underground a surtout un grain de folie.
La traduction que j'ai trouvée est loin d'être parfaite (le prénom Gloria traduit par "Gloire" !) mais elle permettra d'approcher un peu d'une chanson dotée d'un double crescendo incroyablement orgasmique qui la rend... inoubliable.
Paroles
Jesus died for somebody's sins but not mine
Jésus est mort pour les péchés des hommes mais pas pour les miens
Meltin' in a pot of thieves
Me fondant dans une bande de voleurs
Wild card up my sleeve
Une carte sauvage sur ma manche
Thick heart of stone
Un coeur de pierre borné
My sins my own
Mes péchés, les miens
They belong to me, me
Ils m'appartiennent, à moiPeople say "beware ! "
Les gens disent ‘‘attention ! ''
But I don't care
Mais je m'en fiche
The words are just
Les mots sont simplement
Rules and regulations to me, me
Des règles et des règlements pour moi, à mes yeuxI-I walk in a room, you know I look so proud
Je – Je marche dans une chambre, tu sais que j'ai l'air si fière
I'm movin' in this here atmosphere, well, anything's allowed
Je bouge dans cet atmosphère, bien, rien n'est autorisé
And I go to this here party and I just get bored
Et je vais à cette fête là-bas et je m'ennuie
Until I look out the window, see a sweet young thing
Jusqu'à ce que je regarde par la fenêtre et vois une petite chose
Humpin' on the parking meter, leanin' on the parking meter
Une bosse sur le parking s'appuyant sur le parcomètre
Oh, she looks so good, oh, she looks so fine
Oh elle est si jolie, oh, elle semble si bien
And I got this crazy feeling and then I'm gonna ah-ah make her mine
Et j'ai ce sentiment étrange et ensuite je vais ah – ah la faire mienne
Ooh I'll put my spell on her
Ooh je vais lui lancer un sortHere she comes
Là elle vient
Walkin' down the street
Descend la rue
Here she comes
Là elle vient
Comin' through my door
Passe ma porte
Here she comes
Là elle vient
Crawlin' up my stair
Monte les escaliers
Here she comes
Là elle vient
Waltzin' through the hall
Valse dans le couloir
In a pretty red dress
Dans une jolie robe rouge
And oh, she looks so good, oh, she looks so fine
Oh elle est si jolie, oh, elle semble si bien
And I got this crazy feeling that I'm gonna ah-ah make her mine
Et j'ai ce sentiment étrange et ensuite je vais ah – ah la faire mienneAnd then I hear this knockin' on my door
Et ensuite j'entends ce choc sur ma porte
Hear this knockin' on my door
Entend ce choc sur ma porte
And I look up into the big tower clock
Et je lève les yeux sur la grande horloge
And say, "oh my God here's midnight ! "
Et dis, ‘‘oh mon Dieu c'est minuit ! ''
And my baby is walkin' through the door
Et ma chérie passe la porte
Leanin' on my couch she whispers to me and I take the big plunge
S'appuyant sur mon divan elle me chuchote quelque chose et je fais un grand saut
And oh, she was so good and oh, she was so fine
Et oh, elle était si jolie, oh, elle semblait si bien
And I'm gonna tell the world that I just ah-ah made her mine
Et je vais dire au monde que je l'ai juste ah – ah faite mienneAnd I said darling, tell me your name, she told me her name
Et j'ai dit chérie, dis-moi ton nom, elle m'a dit son nom
She whispered to me, she told me her name
Elle a murmuré, elle m'a dit son nom
And her name is, and her name is, and her name is, and her name is G-L-O-R-I-A
Et son nom est, et son nom est, et son nom est, et son nom est G-L-O-I-R-E
G-L-O-R-I-A Gloria G-L-O-R-I-A Gloria
G-L-O-R-I-A Gloire G-L-O-R-I-A Gloire
G-L-O-R-I-A Gloria G-L-O-R-I-A Gloria
G-L-O-R-I-A Gloire G-L-O-R-I-A GloireI was at the stadium
J'étais au stade
There were twenty thousand girls called their names out to me
Il y avait 20'000 filles qui hurlaient leur nom à côté de moi
Marie and Ruth but to tell you the truth
Marie et Ruth, mais pour te dire la vérité
I didn't hear them I didn't see
Je ne pouvais ni les entendre ni les voir
I let my eyes rise to the big tower clock
J'avais les yeux rivés sur la grande horloge
And I heard those bells chimin' in my heart
Et j'entendais les cloches raisonner dans mon coeur
Going ding dong ding dong ding dong ding dong.
Going ding dong ding dong ding dong ding dong
Ding dong ding dong ding dong ding dong
Ding dong ding dong ding dong ding dong ding dong
Counting the time, then you came to my room
En attendant tu es venu dans ma chambre
And you whispered to me and we took the big plunge
Et tu as murmuré quelque chose et nous avons fait un grand saut
And oh. you were so good, oh, you were so fine
Et oh. Tu étais si bon, oh, tu étais si bien
And I gotta tell the world that I make her mine make her mine
Et je dois dire au monde que je la fais mienne, la fais mienne
Make her mine make her mine make her mine make her mine
La fais mienne la fais mienne la fais mienne la fais mienneG-L-O-R-I-A Gloria G-L-O-R-I-A Gloria
G-L-O-I-R-E Gloire G-L-O-I-R-E Gloire
G-L-O-R-I-A Gloria G-L-O-R-I-A Gloria
G-L-O-I-R-E Gloire G-L-O-I-R-E GloireAnd the tower bells chime, "ding dong" they chime
Et les cloches de l'horloge résonnent ‘‘ding dong'' elles résonnent
They're singing, "Jesus died for somebody's sins but not mine. "
Elles chantent ‘‘Jésus est mort pour les péchés des hommes mais pas pour les miens''Gloria G-L-O-R-I-A
Gloire G-L-O-I-R-E
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IL A MAL AUX REINS, TINTIN
Suzanne Dehelly (1937)
Après Manset, en voilà une alternance ! On connaît Suzanne Dehelly plutôt comme comédienne (50 ans de carrière : elle débute à 16 ans dans un court métrage muet et termine en 1963 avec CADAVRES EN VACANCES)... Entre les eux, des comédies loufoques à foison où elle cabotine sans complexe, dans des emplois de "fofolle exubérante" (dixit le regretté Raymond Chirat) qui seront plus tard ceux de Jacqueline Maillan ou Maria Pacôme.
Mais elle a aussi chanté, outre la version originale de CA VAUT MIEUX QUE D'ATTRAPER LA SCARLATINE, ce IL A MAL AUX REINS TINTIN composé par Vincent Scotto pour le film CINDERELLA de Pierre Caron. Une chanson qui ne nécessite certes pas une analyse aussi approfondie que MANTEAU ROUGE la semaine dernière, mais ce sont trois minutes de bonne humeur bien rythmées. Reprenons en choeur !
Paroles
- 1 -
J'ai un voisin qui s'appelle Tintin
Le pauv' p'tit garçon il n'a pas d'veine
Figurez-vous que depuis trois s'maines
De douleurs il est atteint
C'n'est pas dans l'cou ni au bras
Non, c'est pire que ça...
Refrain
Il a mal aux reins, Tintin,
Aux reins, Tintin, aux reins, Tintin
Il en est maussade
Ça le rend malade
Quand il veut s'baisser l'matin
S'baisser l'matin, s'baisser l'matin
Il a mal - où ça, l'coquin ?
Aux reins, Tintin.
- 2 -
Lui qui dans l'temps aimait les cocktails
Les bons vins et la bonne chère
Maint'nant il bouffe que des pommes de terre
Et il s'saoule à l'eau d'Vittel
C'est bien fait, ça y'apprendra
À faire la nouba.
- 3 -
À présent que sa p'tite femme lui dit:
Tintin, j'ai besoin d'tendresse
J'voudrais goûter aux folles ivresses
Emmène-moi au paradis
L'pauvr' garçon, il voudrait bien...
Mais y'a pas moyen.
- 4 -
À l'Élysée y'avait ces temps-ci
Un grand bal diplomatique
Mais le président d'la République
Dans son coin restait assis
Comme on demandait: il n'danse pas ?
Fouquière dit tout bas:
(parlé) Non mais figurez-vous que...
Dernier refrain
Il a mal aux reins, Tintin,
Aux reins, Tintin, aux reins, Tintin
Il en est maussade
Ça le rend malade
Quand il veut s'baisser l'matin
S'baisser l'matin, s'baisser l'matin
Il a mal - où ça, l'coquin ?
(alors, n'ayez pas peur, dites-le...)
Aux reins, Tintin !
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MANTEAU ROUGE
Gérard Manset (1981)
C'est un de mes tubes personnels les plus solidement enracinés, il était donc inévitable dans cette anthologie. La poésie de Manset nous avait habitués à la science-fiction, aux voyages délirants vers d'autres galaxies (LA MORT D'ORION), au Moyen-Age fantasmatique (JEANNE) comme à l'autoportrait onirique (IL VOYAGE EN SOLITAIRE). Elle nous ramène ici vers le réel de l'histoire contemporaine, qui a croisé le quotidien de Manset lui-même puisque, grand voyageur en Extrême-Orient, il fut témoin de ces guerres qui ont déchiré l'ancienne Indochine.
Publiée dans l'album L'ATELIER DU CRABE, MANTEAU ROUGE en est une évocation saisissante, dans le langage si particulier de l'auteur, soulignée par une guitare lancinante, une tentative pour dire d'indicible, débouchant sur ce constat lucide de celui qui ne pourra même pas "raconter ce qui s'est passé" (un autre titre de Manset n'est-il pas RIEN A RACONTER ?)...
Alors, quelques images fortes pour suggérer ce que peuvent être les bombardements ("Et les arbres bougent, et le ciel va tomber..." : comment ne pas penser ici à l'ouverture de APOCALYPSE NOW ?), et cette vie qui continue au-delà de cet enfer (il y a toujours "quelqu'un qui vend à boire", même "au bord du trou brûlant"), et ce temps qui semble interminable ("On sait pas demain, quel jour, quelle heure, ça va s'arrêter"). C'est le pouvoir d'évocation de la chanson, inégalable à l'exception sans doute de quelques séquences de cinéma, de tout dire et tout suggérer en quelques mots choisis.
Paroles
Puisqu'on m'a demandé de tenir son bras
Et de voir l'aiguille s'enfoncer,
On n'a pas toujours de la chance
On se penche, on tombe, on avance.
On enfile le manteau rouge, et les arbres bougent et le ciel va tomber.
On sait pas demain, quel jour, quelle heure, ça va s'arrêter.
On se cache, on rampe, on avale, on se donne du mal à tenir debout.
On regarde en face, et le danger passe, alors y a qu'a tendre le cou.
De l'autre côté de la frontiêre,
Où les bananiers sont tombés,
On trouve des casques et des civières,
Les jeeps des brancardiers.
On est tous pareils, on n'a rien d'autre à faire
Que d'écrire sur un bout d'papier
La vie qu'on mène à l'autre bout d'la terre
Pendant qu'on voit les bombes tomber
Mais, de l'autre côté de le riviêre,
T'as des hommes qui mangent des chiens,
Des femmes qu'ont peur de la lumière,
Qu'ont plus de lait dans les seins.
On s'dépêche, on arrive et on passe devant.
Y a p'être quelque chose à voir.
On s'arrête au bord du trou brûlant.
T'as quelqu'un qui vend à boire.
On enfile le manteau rouge, et les arbres bougent et le ciel va tomber.
On sait pas demain, quel jour, quelle heure, ça va s'arrêter.
On se cache, on rampe, on avale, on se donne du mal à tenir debout.
On regarde en face, et le danger passe, alors y a qu'a tendre le cou
Mais de l'autre côté de la frontiêre,
Où les bananiers sont tombés
On n'a pas toujours de la biêre.
On s'demande c'qui s'est passé.
Mais, ferme les yeux, éteint la p'tite lumière,
Qu'on se souvienne plus de rien,
Ni des femmes tombées dans les rizières,
Ni les enfants morts de faim.
Un jour dans un fauteuil avec un cigare
'Bord de la Méditerranée,
T'as des tas d'gens qui viendrons pour me voir
Pour me d'mander de raconter
Mais y aura rien de plus pourri que ma mémoire.
Je n'saurai même plus compter.
Ma vie s'ra plus qu'un grand trou noir
Avec des cadavres enterrés.
On enfile le manteau rouge...
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RUSSIANS
Sting (1985)
Gordon Matthew Thomas Sumner, plus connu sous le nom de Sting, fut d'abord chanteur, bassiste et compositeur du groupe The Police. RUSSIANS est probablement le titre le plus connu de sa carrière solo. Un thème musical inspiré, dit-on, de Prokofiev, et un texte aussi grave que solennel. RUSSIANS est une sorte d'hymne pacifiste magnifiquement orchestré, d'où sans doute son succès.
Il s'agit essentiellement de la guerre froide Est-Ouest, l'allusion à Khrouchtchev nous ramenait trente ans en arrière, alors même que Ronald Reagan lançait le projet Starwars ("Mr. Reagan says we will protect you") qui s'est avéré depuis être un gigantesque bluff, rendu inutile par la fin de la guerre froide 4 ou 5 ans plus tard...
Trente autres années se sont écoulées depuis la sortie du 45 tours RUSSIANS, et cette symétrie me frappe aujourd'hui puisque nous assistons à un dangereux retour de cette guerre froide, même si l'ultranationalisme de Poutine a remplacé le communisme en matière d'idéologie - redonnant une actualité aiguë à la chanson de Sting.
Paroles
n Europe and America, there's a growing feeling of hysteria
Conditioned to respond to all the threats
In the rhetorical speeches of the Soviets
Mr. Krushchev said we will bury you
I don't subscribe to this point of view
It would be such an ignorant thing to do
If the Russians love their children too
How can I save my little boy from Oppenheimer's deadly toy
There is no monopoly in common sense
On either side of the political fence
We share the same biology
Regardless of ideology
Believe me when I say to you
I hope the Russians love their children too
There is no historical precedent
To put the words in the mouth of the President
There's no such thing as a winnable war
It's a lie we don't believe anymore
Mr. Reagan says we will protect you
I don't subscribe to this point of view
Believe me when I say to you
I hope the Russians love their children too
We share the same biology
Regardless of ideology
What might save us, me, and you
Is if the Russians love their children tooTraduction
En Europe et en Amérique
Il y a un sentiment croissant d'hystérie
Conditionné pour répondre à toutes les menaces
Des discours rhétoriques des Soviétiques
Monsieur Krushchev a dit, "nous vous enterrerons"
Je n'adhère pas à son point de vue
Ce serait une chose si inconsciente à faire
Si les Russes aiment leurs enfants aussi
Comment est-ce que je peux sauver mon petit garçon
Du jouet mortel d'Oppenheimer ?
Il n'y a pas de monopole du bon sens
D'un côté ou de l'autre de la barrière politique
Nous partageons la même biologie
Indépendamment de l'idéologie
Croyez moi quand je vous dis
J'espère que les russes aiment leurs enfants aussi
Il n'y a aucun précédent historique
De mettre les mots dans la bouche du président
Il n'y a rien qui s'appelle une guerre gagnable,
C'est un mensonge que nous ne croyons plus
Monsieur Reagan dit," Nous vous protégerons"
Je n'adhère pas à son point de vue
Croyez-moi quand je vous dis
J'espère que les russes aiment leurs enfants aussi
Nous partageons la même biologie
Indépendamment de l'idéologie
Ce qui pourrait nous sauver, moi et vous,
Serait que les Russes aiment leurs enfants aussi
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SUR LA ROUTE DE PEN-ZAC
Les Charlots (1968)
Difficile de choisir entre l'interprétation du créateur, l'inénarrable Georgius, et le remake tout aussi désopilant des Charlots ! A pile ou face, sans doute, car les deux versions se valent. Et, promis, nous reviendrons plus tard sur Georgius !
Après avoir accompagné l'élucubrant Antoine sous le nom des "Problèmes", le groupe parodique des Charlots va conquérir la célébrité essentiellement grâce au cinéma, mais poursuivra parallèlement une carrière musicale. Jean-Guy Fechner, Jean Sarrus, Gérard Filippelli et Luis Rego sont emmenés par Gérard Rinaldi (1943-2012), chanteur et imitateur doué...
En 1968, les Charlots sortent leur disque "Caf'Conc'" en hommage aux chansons populaires de l'entre-deux guerres. SUR LA ROUTE DE PEN-ZAC est l'évocation irrésistible d'une noce bretonne qui serait illustrée par un Dubout en folie... Notons que les Charlots ont ajouté au texte originel de Georgius quelques dialogues parlés égrillards du meilleur effet ("Ah Jean-Louis Théodule, de c'loup on m'a dit des merveilles... - Tu verras, Maryvonne, il a de grandes oreilles !").
Tout cela est parfaitement enlevé, totalement inoffensif, et assez irrésistible...
Paroles
(Les cloches... Midi !)
Sur la route de Pen-zac,
Gouz gouz la irac,
Gouz gouz la irac,
Sur la route de Pen-zac.
La joie éclate et fait "crac"
Y'a des bourgeons qui bourgeonnent.
Les pinsons font "ricuicui"
C'est la noce à Maryvonne
Qui débouche du pays.
La grand' mère souffle dans un biniou,
Le grand père fait un pas de cheu nous,
Les mariés suivent bras d'ssus, bras d'ssous.
Ouh ! En soupirant et s'faisant les yeux doux.
Ananni gouzéosur
Ananni gouzarch'ant !
Parlé : Ah Maryvonne J'te plais t'y...
Meuhh !
Et moi Jean-Louis Théodule j'te plais t'y... Ouiii.....(Parlé : Deux heures)
Sur la route de Pen-zac,
Gouz gouz la irac,
Gouz gouz la irac,
Sur la route de Pen-zac,
Pour calmer les estomacs
A l'auberg' du "Chat en boule"
Sous l'unique parasol.
Voilà que le cidre coule
Dans les verres dans les bols.
La grand' mère souffle dans son biniou,
Le grand père siffle un coup d'cidre doux,
Les mariés s'approch'nt joue contre joue.
Ouh ! Et bientôt vont se mélanger les g'noux.
Ananni gouzéosur
Ananni gouzarch'ant !
(Parlé : Les cloches... Huit heures)
Sur la route de Pen-zac,
Gouz gouz la irac,
Gouz gouz la irac,
Sur la route de Pen-zac,
Les filles vont en zig-zag.
On danse la dérobée
Les gars sont entreprenants
Car la noce est imbibée
D'une eau d'vie, vieill' de cent ans.
La grand'mère suçotte son biniou,
Le grand papa ronflotte et dort debout,
Maryvonne dans l'gilet d'son époux,
Ouh ! Soupir "C'est-y bientôt qu'j'vas vouër le loup.
Ananni gouzéosur
Ananni gouzarch'ant !
(Parlé : Les cloches... Moins cinq)
Sur la route de Pen-zac.
Gouz gouz la irac.
Gouz gouz la irac.
Sur la route de Pen-zac,
La lun' pose son bivouac
Elle éclaire les fougères
On voit un couple enlacé
Et soudain, dans la nuit claire
Monte un cri à tout casser.
La grand'mè re laiss' tom-ber son biniou,
Le grand pèr' se réveille et comprend tout
L'année prochain', je vous donn' ren-dez-vous !
Ouh ! Y aura un p'tit Breton d'plus parmi nous.
Ananni gouzéosur
Ananni gouza-ch'ant !
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