• VIES MONOTONES

    Les Petits chanteurs de Saint-Marc

    (2004)

     

     (Apparemment un bug m'empêche de publier ici la chanson. Pour l'entendre il faut donc que vous alliez sur   https://www.youtube.com/watch?v=KGCQQ5YmMMA )

     

    Chansong 109

     

    VIES MONOTONES est un des chefs-d'oeuvre absolus de Gérard Manset, figurant dans son mythique album LUMIERES (1984) - et contenant d'ailleurs une allusion claire au titre-phare de l'album, Lumières ("Où sont les lumières qui brillaient ?").

    Je vous propose la version enregistrée vingt ans plus tard par la chorale des "Petits Chanteurs de Saint-Marc" (qui ne portent pas de croix de bois et parmi lesquels il y a des filles) et qui figure dès lors (2004) dans l'album ROUTE MANSET. On notera que cet ensemble de versions parallèles de chansons de Manset par d'autres interprètes (Murat, Bashung, Cabrel, F.Hardy, B.Fontaine, etc.) est paru en 1996 et que VIES MONOTONES n'y figurait pas. Mais je sais que dans une parution intermédiaire, elle y est apparue interprétée par Catherine Ribeiro. Pourquoi celle-ci a-t-elle été "remplacée" par les Petits Chanteurs en 2004, puis dans la forme définitive du tout récent coffret de l'Intégrale "Mansetlandia", ceci reste un mystère, qui ne vous empêche pas d'écouter sur YouTube la version Ribeiro enregitsrée en direct et figurant sur son propre album VIVE LIBRE (1995).

    https://www.youtube.com/watch?v=q3b5SC9wI_g

    Je ne ferai pas d'analyse détaillée d'une chanson si purement "mansetienne" qu'elle décourage d'avance une telle démarche. Soulignons seulement une de ces rimes inégalables: "... quand même qu'on vive / ... le même convive". Et ce résumé éigmatique du festin : "Pas de fusée, pas de vin, pas de sorbet", où je ne peux m'empêcher de déceler une référence récurrente aux fusées, bien sûr, de LA MORT D'ORION, mais aussi à celles de JEANNE, opéra moyenâgeux où il est question des cordages qui "tenaient debout leurs fusées". Le pessimisme totalement désespéré, bien dans la foulée de LUMIERES, c'est aussi du Manset, mais contrebalancé par la splendeur de la création musicale, un peu comme l'esthétisme flamboyant de CRIS ET CHUCHOTEMENTS, le film de Bergman, rendait supportable le thème de la mort qu'il développait.

    Il n'est pas indifférent, peut-être, d'aller voir sur YouTube ces Petits chanteurs chanter. C'est ici :    https://www.youtube.com/watch?v=KGCQQ5YmMMA

    Et pour mémoire, une autre chorale, ci :  (mais je me permets de la juger inférieure) : https://www.youtube.com/watch?v=DQPjpKG7bEI

     

    Paroles

    Nous avons des vies monotones,
    Rien dans le cœur, rien dans la main.
    Comme on ne dit plus rien à personne,
    Personne ne nous dit plus rien.
     
    Nous avons des vies monotones,
    Des maisons vides et fermées,
    Des portes lourdes et blindées
    Que n'ouvriront plus jamais personne.
     
    Mais comme il faut quand même qu'on vive,
    S'asseoir avec le même convive,
    C'est pas le festin qu'on croyait,
    Pas de fusée, pas de vin, pas de sorbet,
    Y a plus qu'à tirer la nappe à soi,
    Continuer chacun pour soi.
     
    Nous avons des vies monotones,
    Rien dans le cœur, rien dans la main,
    Comme on n'attend rien de personne,
    On n'a plus réponse à rien.
     
    Nous avons des vies monotones,
    Entourés d'hommes et de chiens,
    Ceux qui mangent dans notre main,
    Ce sont ceux-là qu'on abandonne
     
    Mais comme il faut quand même qu'on vive
    Ce soir avec le même convive,
    C'est pas la fête qu'on croyait
    Où sont les lumières qui brillaient.
    Y a plus qu'à tirer la nappe à soi,
    Continuer chacun pour soi.
     

     

    Nous avons des vies sans mélange
    Qui s'en iront de tous côtés,
    Raides et droites comme une planche
    Sur l'océan de pauvreté.

     


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  • SALSA DU DEMON

    Le Grand Orchstre du Splendid   (1980)

    Chansong 108

    Pourquoi ce nom de Grand Orchestre "du Splendid" ? Je m'étais souvent posé cette question. Aujourd'hui, un coup d'oeil sur Wikipedia nous suffit pour apprendre que ce groupe de musiciens, parmi lesquels deux fils de Jean-Marc Thibault, est né en donnant un "boeuf" dans les locaux du café-théâtre le Splendid, au tout début des années 80.

    Je me souviens les avoir vus (et plutôt deux fois qu'une) au théâtre du Gymnase dans les années qui ont suivi. Leur tube incontestable était cette SALSA DU DEMON au refrain entraînant, qu'il jouaient deux fois (avec reprise en rappel).

    Un texte désopilant et une orchestration d'enfer, avec tout se qu'il  faut de coups de sifflet et de "Ay ay ay" pour faire couleur locale, et sur les planches une mise en scène spectaculaire... On savait s'amuser en ce temps-là !

     

    Paroles

     

    (Horreur) 

    (Malheur) 
    (Aaaah) 
    Oui, je suis Belzébuth 
    (Horreur) 
    Je suis un bouc, je suis en rut 
    (Horreur, malheur) 
    Oui, oui, oui, je vis dans l'ordure 
    (Horreur) 
    Je pue la sueur et la luxure 

    Je fume je bois, j'ai tous les vices 
    Et j'ai du poil partout sur les cuisses 
    Je vous déteste, je vous maudis 
    J'suis complèt'ment pourri 

    Quand j'vois un gosse, j'lui fous une claque 
    Quand j'vois une vieille j'lui piqu' son sac 
    Je crache, je rote, rien ne m'arrête 
    Car aujourd'hui c'est la fête... 

     


    C'est la, c'est la, c'est la 
    Salsa du démon (x4) 

    (Horreur, malheur) 
    (Aaaah) 
    Oui, c'est moi Vampirella 
    (Horreur) 
    Malheur à ceux qui ne m'aiment pas 
    (Horreur, malheur) 
    Oui, oui, oui, mon coeur est en fer 
    (Horreur) 
    Je fais l'amour comme une panthère 

    Mes amants, je les écorche vifs 
    Et je les fouette, je leur coupe le pif 
    J'fais des trucs cochons avec des chaînes 
    Aux minets du 16ème 

    Pourchassant les puceaux en fuite 
    Le démon du sexe m'habite 
    Venez là mes petits amis 
    Car c'est la fête aujourd'hui... 

    C'est la, c'est la, c'est la 
    Salsa du démon (x4) 

    (Horreur, malheur) 
    (Aaaah) 
    Oui, je suis la sorcière 
    (Horreur) 
    J'suis vieille, j'suis moche, j'suis une mégère 
    (Horreur, malheur) 
    Oui, oui, oui, sur mon balai maudit 
    (Horreur) 
    J'aim' bien faire mal aux tous petits 

    Je fais bouillir des mains de pendus 
    J'mange des crapauds, des rats tout poilus 
    J'fais des potions pour séduire les hommes 
    Puis j'les mords quand ils dorment 

    Dans ma marmite c'est l'épouvante 
    Y a des bestioles dégoulinantes 
    Ce soir j'fais du boeuf au pipi 
    Car c'est la fête aujourd'hui... 

    C'est la, c'est la, c'est la 
    Salsa du démon (x4) 

    (instrumental) 

    C'est la, c'est la c'est la 
    Salsa du démon (x4) 

    C'est la, c'est la, c'est la 
    Salsa du démon (x4) 

    C'est la, c'est la, c'est la 
    Salsa du démon (x4) 

    C'est la, c'est la, c'est la 
    Salsa du démon (x4)

     


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  • GLORIA

    Patti Smith    (1975)

    Chansong 107

     

    Un chef-d'oeuvre, à de nombreux titres, et un cas unique dans l'histoire de la 'pop' : une chanteuse, également auteur et compositrice, qui reprend, dix ans plus tard, un "tube" devenu un classique, en le transfigurant. GLORIA, morceau du groupe Them, composé et chanté par leur leader Van Morrison en 1965, était déjà marquant avec son refrain (G-L-O-R-I-A....).

    Sans le trahir le moins du monde, Patti Smith, la punk new-yorkaise, en fait quelque chose de complètement différent. Ici, tout est exceptionnel, de la voix (hallucinante) de Patti à l'orchestration (délirante). Y compris ce texte, dont l'inspiration religieuse (Jésus-Christ, les péchés et tout le toutim) passe malgré tout. Catholique et mystique, amoureuse de Paul VI comme du pape François, cette star de l'underground a surtout un grain de folie.

    La traduction que j'ai trouvée est loin d'être parfaite (le prénom Gloria traduit par "Gloire" !) mais elle permettra d'approcher un peu d'une chanson dotée d'un double crescendo incroyablement orgasmique qui la rend... inoubliable.

     

    Paroles

    Jesus died for somebody's sins but not mine
    Jésus est mort pour les péchés des hommes mais pas pour les miens
    Meltin' in a pot of thieves
    Me fondant dans une bande de voleurs
    Wild card up my sleeve
    Une carte sauvage sur ma manche
    Thick heart of stone
    Un coeur de pierre borné
    My sins my own
    Mes péchés, les miens
    They belong to me, me
    Ils m'appartiennent, à moi

    People say "beware ! "
    Les gens disent ‘‘attention ! ''
    But I don't care
    Mais je m'en fiche
    The words are just
    Les mots sont simplement
    Rules and regulations to me, me
    Des règles et des règlements pour moi, à mes yeux

    I-I walk in a room, you know I look so proud
    Je – Je marche dans une chambre, tu sais que j'ai l'air si fière
    I'm movin' in this here atmosphere, well, anything's allowed
    Je bouge dans cet atmosphère, bien, rien n'est autorisé
    And I go to this here party and I just get bored
    Et je vais à cette fête là-bas et je m'ennuie
    Until I look out the window, see a sweet young thing
    Jusqu'à ce que je regarde par la fenêtre et vois une petite chose
    Humpin' on the parking meter, leanin' on the parking meter
    Une bosse sur le parking s'appuyant sur le parcomètre
    Oh, she looks so good, oh, she looks so fine
    Oh elle est si jolie, oh, elle semble si bien
    And I got this crazy feeling and then I'm gonna ah-ah make her mine
    Et j'ai ce sentiment étrange et ensuite je vais ah – ah la faire mienne
    Ooh I'll put my spell on her
    Ooh je vais lui lancer un sort

    Here she comes
    Là elle vient
    Walkin' down the street
    Descend la rue
    Here she comes
    Là elle vient
    Comin' through my door
    Passe ma porte
    Here she comes
    Là elle vient
    Crawlin' up my stair
    Monte les escaliers
    Here she comes
    Là elle vient
    Waltzin' through the hall
    Valse dans le couloir
    In a pretty red dress
    Dans une jolie robe rouge
    And oh, she looks so good, oh, she looks so fine
    Oh elle est si jolie, oh, elle semble si bien
    And I got this crazy feeling that I'm gonna ah-ah make her mine
    Et j'ai ce sentiment étrange et ensuite je vais ah – ah la faire mienne

    And then I hear this knockin' on my door
    Et ensuite j'entends ce choc sur ma porte
    Hear this knockin' on my door
    Entend ce choc sur ma porte
    And I look up into the big tower clock
    Et je lève les yeux sur la grande horloge
    And say, "oh my God here's midnight ! "
    Et dis, ‘‘oh mon Dieu c'est minuit ! ''
    And my baby is walkin' through the door
    Et ma chérie passe la porte
    Leanin' on my couch she whispers to me and I take the big plunge
    S'appuyant sur mon divan elle me chuchote quelque chose et je fais un grand saut
    And oh, she was so good and oh, she was so fine
    Et oh, elle était si jolie, oh, elle semblait si bien
    And I'm gonna tell the world that I just ah-ah made her mine
    Et je vais dire au monde que je l'ai juste ah – ah faite mienne

    And I said darling, tell me your name, she told me her name
    Et j'ai dit chérie, dis-moi ton nom, elle m'a dit son nom
    She whispered to me, she told me her name
    Elle a murmuré, elle m'a dit son nom
    And her name is, and her name is, and her name is, and her name is G-L-O-R-I-A
    Et son nom est, et son nom est, et son nom est, et son nom est G-L-O-I-R-E
    G-L-O-R-I-A Gloria G-L-O-R-I-A Gloria
    G-L-O-R-I-A Gloire G-L-O-R-I-A Gloire
    G-L-O-R-I-A Gloria G-L-O-R-I-A Gloria
    G-L-O-R-I-A Gloire G-L-O-R-I-A Gloire

    I was at the stadium
    J'étais au stade
    There were twenty thousand girls called their names out to me
    Il y avait 20'000 filles qui hurlaient leur nom à côté de moi
    Marie and Ruth but to tell you the truth
    Marie et Ruth, mais pour te dire la vérité
    I didn't hear them I didn't see
    Je ne pouvais ni les entendre ni les voir
    I let my eyes rise to the big tower clock
    J'avais les yeux rivés sur la grande horloge
    And I heard those bells chimin' in my heart
    Et j'entendais les cloches raisonner dans mon coeur
    Going ding dong ding dong ding dong ding dong.
    Going ding dong ding dong ding dong ding dong
    Ding dong ding dong ding dong ding dong
    Ding dong ding dong ding dong ding dong ding dong
    Counting the time, then you came to my room
    En attendant tu es venu dans ma chambre
    And you whispered to me and we took the big plunge
    Et tu as murmuré quelque chose et nous avons fait un grand saut
    And oh. you were so good, oh, you were so fine
    Et oh. Tu étais si bon, oh, tu étais si bien
    And I gotta tell the world that I make her mine make her mine
    Et je dois dire au monde que je la fais mienne, la fais mienne
    Make her mine make her mine make her mine make her mine
    La fais mienne la fais mienne la fais mienne la fais mienne

    G-L-O-R-I-A Gloria G-L-O-R-I-A Gloria
    G-L-O-I-R-E Gloire G-L-O-I-R-E Gloire
    G-L-O-R-I-A Gloria G-L-O-R-I-A Gloria
    G-L-O-I-R-E Gloire G-L-O-I-R-E Gloire

    And the tower bells chime, "ding dong" they chime
    Et les cloches de l'horloge résonnent ‘‘ding dong'' elles résonnent
    They're singing, "Jesus died for somebody's sins but not mine. "
    Elles chantent ‘‘Jésus est mort pour les péchés des hommes mais pas pour les miens''

    Gloria G-L-O-R-I-A
    Gloire G-L-O-I-R-E

     


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  • IL A MAL AUX REINS, TINTIN

    Suzanne Dehelly      (1937)

    Chansong 106

    Après Manset, en voilà une alternance !  On connaît Suzanne Dehelly plutôt comme comédienne (50 ans de carrière : elle débute à 16 ans dans un court métrage muet et termine en 1963 avec CADAVRES EN VACANCES)... Entre les eux, des comédies loufoques à foison où elle cabotine sans complexe, dans des emplois de "fofolle exubérante" (dixit le regretté Raymond Chirat) qui seront plus tard ceux de Jacqueline Maillan ou Maria Pacôme.

    Mais elle a aussi chanté, outre la version originale de CA VAUT MIEUX QUE D'ATTRAPER LA SCARLATINE, ce IL A MAL AUX REINS TINTIN composé par Vincent Scotto pour le film CINDERELLA de Pierre Caron. Une chanson qui ne nécessite certes pas une analyse aussi approfondie que MANTEAU ROUGE la semaine dernière, mais ce sont trois minutes de bonne humeur bien rythmées. Reprenons en choeur !

     

    Paroles

    - 1 -
    J'ai un voisin qui s'appelle Tintin
    Le pauv' p'tit garçon il n'a pas d'veine
    Figurez-vous que depuis trois s'maines
    De douleurs il est atteint
    C'n'est pas dans l'cou ni au bras
    Non, c'est pire que ça...

    Refrain
    Il a mal aux reins, Tintin,
    Aux reins, Tintin, aux reins, Tintin
    Il en est maussade
    Ça le rend malade
    Quand il veut s'baisser l'matin
    S'baisser l'matin, s'baisser l'matin
    Il a mal - où ça, l'coquin ?
    Aux reins, Tintin.

    - 2 -
    Lui qui dans l'temps aimait les cocktails
    Les bons vins et la bonne chère
    Maint'nant il bouffe que des pommes de terre
    Et il s'saoule à l'eau d'Vittel
    C'est bien fait, ça y'apprendra
    À faire la nouba.

    - 3 -
    À présent que sa p'tite femme lui dit:
    Tintin, j'ai besoin d'tendresse
    J'voudrais goûter aux folles ivresses
    Emmène-moi au paradis
    L'pauvr' garçon, il voudrait bien...
    Mais y'a pas moyen.

    - 4 -
    À l'Élysée y'avait ces temps-ci
    Un grand bal diplomatique
    Mais le président d'la République
    Dans son coin restait assis
    Comme on demandait: il n'danse pas ?
    Fouquière dit tout bas:

    (parlé) Non mais figurez-vous que...

    Dernier refrain
    Il a mal aux reins, Tintin,
    Aux reins, Tintin, aux reins, Tintin
    Il en est maussade
    Ça le rend malade
    Quand il veut s'baisser l'matin
    S'baisser l'matin, s'baisser l'matin
    Il a mal - où ça, l'coquin ?
    (alors, n'ayez pas peur, dites-le...)
    Aux reins, Tintin !


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  • MANTEAU ROUGE

    Gérard Manset   (1981)

    Chansong 105

    C'est un de mes tubes personnels les plus solidement enracinés, il était donc inévitable dans cette anthologie. La poésie de Manset nous avait habitués à la science-fiction, aux voyages délirants vers d'autres galaxies (LA MORT D'ORION), au Moyen-Age fantasmatique (JEANNE) comme à l'autoportrait onirique (IL VOYAGE EN SOLITAIRE). Elle nous ramène ici vers le réel de l'histoire contemporaine, qui a croisé le quotidien de Manset lui-même puisque, grand voyageur en Extrême-Orient, il fut témoin de ces guerres qui ont déchiré l'ancienne Indochine.

    Publiée dans l'album L'ATELIER DU CRABE, MANTEAU ROUGE en est une évocation saisissante, dans le langage si particulier de l'auteur, soulignée par une guitare lancinante, une tentative pour dire d'indicible, débouchant sur ce constat lucide de celui qui ne pourra même pas "raconter ce qui s'est passé" (un autre titre de Manset n'est-il pas RIEN A RACONTER ?)...

    Alors, quelques images fortes  pour suggérer ce que peuvent être les bombardements ("Et les arbres bougent, et le ciel va tomber..." : comment ne pas penser ici à l'ouverture de APOCALYPSE NOW ?), et cette vie qui continue au-delà de cet enfer (il y a toujours "quelqu'un qui vend à boire", même "au bord du trou brûlant"), et ce temps qui semble interminable ("On sait pas demain, quel jour, quelle heure, ça va s'arrêter"). C'est le pouvoir d'évocation de la chanson, inégalable à l'exception sans doute de quelques séquences de cinéma, de tout dire et tout suggérer en quelques mots choisis.

     

    Paroles

    Puisqu'on m'a demandé de tenir son bras
    Et de voir l'aiguille s'enfoncer,
    On n'a pas toujours de la chance
    On se penche, on tombe, on avance.

    On enfile le manteau rouge, et les arbres bougent et le ciel va tomber.
    On sait pas demain, quel jour, quelle heure, ça va s'arrêter.
    On se cache, on rampe, on avale, on se donne du mal à tenir debout.
    On regarde en face, et le danger passe, alors y a qu'a tendre le cou.

    De l'autre côté de la frontiêre,
    Où les bananiers sont tombés,
    On trouve des casques et des civières,
    Les jeeps des brancardiers.

    On est tous pareils, on n'a rien d'autre à faire
    Que d'écrire sur un bout d'papier
    La vie qu'on mène à l'autre bout d'la terre
    Pendant qu'on voit les bombes tomber

    Mais, de l'autre côté de le riviêre,
    T'as des hommes qui mangent des chiens,
    Des femmes qu'ont peur de la lumière,
    Qu'ont plus de lait dans les seins.

    On s'dépêche, on arrive et on passe devant.
    Y a p'être quelque chose à voir.
    On s'arrête au bord du trou brûlant.
    T'as quelqu'un qui vend à boire.

    On enfile le manteau rouge, et les arbres bougent et le ciel va tomber.
    On sait pas demain, quel jour, quelle heure, ça va s'arrêter.
    On se cache, on rampe, on avale, on se donne du mal à tenir debout.
    On regarde en face, et le danger passe, alors y a qu'a tendre le cou

    Mais de l'autre côté de la frontiêre,
    Où les bananiers sont tombés
    On n'a pas toujours de la biêre.
    On s'demande c'qui s'est passé.

    Mais, ferme les yeux, éteint la p'tite lumière,
    Qu'on se souvienne plus de rien,
    Ni des femmes tombées dans les rizières,
    Ni les enfants morts de faim.

    Un jour dans un fauteuil avec un cigare
    'Bord de la Méditerranée,
    T'as des tas d'gens qui viendrons pour me voir
    Pour me d'mander de raconter
    Mais y aura rien de plus pourri que ma mémoire.
    Je n'saurai même plus compter.
    Ma vie s'ra plus qu'un grand trou noir
    Avec des cadavres enterrés.

    On enfile le manteau rouge...


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  • RUSSIANS 

    Sting  (1985)

    Chansong 104

     

    Gordon Matthew Thomas Sumner, plus connu sous le nom de Sting, fut d'abord chanteur, bassiste et compositeur du groupe The Police. RUSSIANS est probablement le titre le plus connu de sa carrière solo. Un thème musical inspiré, dit-on, de Prokofiev, et un texte aussi grave que solennel. RUSSIANS est une sorte d'hymne pacifiste magnifiquement orchestré, d'où sans doute son succès.

    Il s'agit essentiellement de la guerre froide Est-Ouest, l'allusion à Khrouchtchev  nous ramenait trente ans en arrière, alors même que Ronald Reagan lançait le projet Starwars ("Mr. Reagan says we will protect you") qui s'est avéré depuis être un gigantesque bluff, rendu inutile par la fin de la guerre froide 4 ou 5 ans plus tard...

    Trente autres années se sont écoulées depuis la sortie du 45 tours RUSSIANS, et cette symétrie me frappe aujourd'hui puisque nous assistons à un dangereux retour de cette guerre froide, même si l'ultranationalisme de Poutine a remplacé le communisme en matière d'idéologie - redonnant une actualité aiguë à la chanson de Sting.

     

    Paroles

    n Europe and America, there's a growing feeling of hysteria
    Conditioned to respond to all the threats
    In the rhetorical speeches of the Soviets
    Mr. Krushchev said we will bury you
    I don't subscribe to this point of view
    It would be such an ignorant thing to do
    If the Russians love their children too

    How can I save my little boy from Oppenheimer's deadly toy
    There is no monopoly in common sense
    On either side of the political fence
    We share the same biology
    Regardless of ideology
    Believe me when I say to you
    I hope the Russians love their children too

    There is no historical precedent
    To put the words in the mouth of the President
    There's no such thing as a winnable war
    It's a lie we don't believe anymore
    Mr. Reagan says we will protect you
    I don't subscribe to this point of view
    Believe me when I say to you
    I hope the Russians love their children too

    We share the same biology
    Regardless of ideology
    What might save us, me, and you
    Is if the Russians love their children too

     

    Traduction

    En Europe et en Amérique
    Il y a un sentiment croissant d'hystérie
    Conditionné pour répondre à toutes les menaces
    Des discours rhétoriques des Soviétiques

    Monsieur Krushchev a dit, "nous vous enterrerons"
    Je n'adhère pas à son point de vue
    Ce serait une chose si inconsciente à faire
    Si les Russes aiment leurs enfants aussi

    Comment est-ce que je peux sauver mon petit garçon
    Du jouet mortel d'Oppenheimer ?
    Il n'y a pas de monopole du bon sens
    D'un côté ou de l'autre de la barrière politique

    Nous partageons la même biologie
    Indépendamment de l'idéologie
    Croyez moi quand je vous dis
    J'espère que les russes aiment leurs enfants aussi

    Il n'y a aucun précédent historique
    De mettre les mots dans la bouche du président 
    Il n'y a rien qui s'appelle une guerre gagnable,
    C'est un mensonge que nous ne croyons plus

    Monsieur Reagan dit," Nous vous protégerons"
    Je n'adhère pas à son point de vue
    Croyez-moi quand je vous dis
    J'espère que les russes aiment leurs enfants aussi

    Nous partageons la même biologie
    Indépendamment de l'idéologie
    Ce qui pourrait nous sauver, moi et vous,
    Serait que les Russes aiment leurs enfants aussi

     


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  • SUR LA ROUTE DE PEN-ZAC

    Les Charlots  (1968)

    Chansong 103

    Difficile de choisir entre l'interprétation du créateur, l'inénarrable Georgius, et le remake tout aussi désopilant des Charlots !   A pile ou face, sans doute, car les deux versions se valent. Et, promis, nous reviendrons plus tard sur Georgius !

    Après avoir accompagné l'élucubrant Antoine sous le nom des "Problèmes", le groupe parodique des Charlots va conquérir la  célébrité essentiellement grâce au cinéma, mais poursuivra parallèlement une carrière musicale. Jean-Guy Fechner, Jean Sarrus, Gérard Filippelli et Luis Rego sont emmenés par Gérard Rinaldi (1943-2012), chanteur et imitateur doué...

    En 1968, les Charlots sortent leur disque "Caf'Conc'" en hommage aux chansons populaires de l'entre-deux guerres. SUR LA ROUTE DE PEN-ZAC est l'évocation irrésistible d'une noce bretonne qui serait illustrée par un Dubout en folie... Notons que les Charlots ont ajouté au texte originel de Georgius quelques dialogues parlés égrillards du meilleur effet  ("Ah Jean-Louis Théodule, de c'loup on m'a dit des merveilles... - Tu verras, Maryvonne, il a de grandes oreilles !").

    Tout cela est parfaitement enlevé, totalement inoffensif, et assez irrésistible...

     

    Paroles

    (Les cloches... Midi !)
    Sur la route de Pen-zac,
    Gouz gouz la irac,
    Gouz gouz la irac,
    Sur la route de Pen-zac.
    La joie éclate et fait "crac"
    Y'a des bourgeons qui bourgeonnent.
    Les pinsons font "ricuicui"
    C'est la noce à Maryvonne
    Qui débouche du pays.

    La grand' mère souffle dans un biniou,
    Le grand père fait un pas de cheu nous,
    Les mariés suivent bras d'ssus, bras d'ssous.
    Ouh ! En soupirant et s'faisant les yeux doux.
    Ananni gouzéosur
    Ananni gouzarch'ant !


    Parlé : Ah Maryvonne J'te plais t'y...
    Meuhh !
    Et moi Jean-Louis Théodule j'te plais t'y...  Ouiii.....

    (Parlé : Deux heures)

    Sur la route de Pen-zac,
    Gouz gouz la irac,
    Gouz gouz la irac,
    Sur la route de Pen-zac,
    Pour calmer les estomacs
    A l'auberg' du "Chat en boule"
    Sous l'unique parasol.
    Voilà que le cidre coule
    Dans les verres dans les bols.

    La grand' mère souffle dans son biniou,
    Le grand père siffle un coup d'cidre doux,
    Les mariés s'approch'nt joue contre joue.
    Ouh ! Et bientôt vont se mélanger les g'noux.
    Ananni gouzéosur
    Ananni gouzarch'ant !

    (Parlé : Les cloches... Huit heures)

    Sur la route de Pen-zac,
    Gouz gouz la irac,
    Gouz gouz la irac,
    Sur la route de Pen-zac,
    Les filles vont en zig-zag.
    On danse la dérobée
    Les gars sont entreprenants
    Car la noce est imbibée
    D'une eau d'vie, vieill' de cent ans.

    La grand'mère suçotte son biniou,
    Le grand papa ronflotte et dort debout,
    Maryvonne dans l'gilet d'son époux,
    Ouh ! Soupir "C'est-y bientôt qu'j'vas vouër le loup.
    Ananni gouzéosur
    Ananni gouzarch'ant !

    (Parlé : Les cloches... Moins cinq)

    Sur la route de Pen-zac.
    Gouz gouz la irac.
    Gouz gouz la irac.
    Sur la route de Pen-zac,
    La lun' pose son bivouac
    Elle éclaire les fougères
    On voit un couple enlacé
    Et soudain, dans la nuit claire
    Monte un cri à tout casser.

    La grand'mè re laiss' tom-ber son biniou,
    Le grand pèr' se réveille et comprend tout
    L'année prochain', je vous donn' ren-dez-vous !
    Ouh ! Y aura un p'tit Breton d'plus parmi nous.
    Ananni gouzéosur
    Ananni gouza-ch'ant !


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