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Par Gérard Lenne le 17 Septembre 2016 à 23:53
LA NUIT D'OCTOBRE
Serge Gainsbourg (1959)
On a parfois oublié que le premier Gainsbourg avait souvent adapté, à l'instar de Brassens ou de Ferré, des morceaux de poésie classique. Outre LE ROCK DE NERVAL et un sonnet de BAUDELAIRE, il y eut la reconstruction iconoclaste de RONSARD 58, puis cette interprétation de la strophe centrale de LA NUIT D'OCTOBRE de Musset, mot à mot. Nul besoin de réécrire en quoi que ce soit ce texte virulent et sans concessions, évidemment écrit à l'intention de George Sand.
De quoi, bien sûr, accréditer la réputation de misogynie d'un Gainsbourg qui n'a jamais hésité à la revendiquer, autant que d'en déceler l'origine dans une blessure non cicatrisée. L'orchestration jazzy, d'une violence rare avec ses cuivres hurleurs, répond à une violence féminine implacable, cause de la perte d'une innocence que Musset résume en des termes où le jeune Gainsbourg se reconnaît à l'identique.
L'homme qui a écrit "Et si je doute des larmes / C'est que je t'ai vue pleurer", et celui qui l'a chanté, ont trop souffert pour être suspectés de tout sentiment trivial.
Paroles
Honte à toi qui la première
M'as appris la trahison,
Et d'horreur et de colère
M'as fait perdre la raison !
Honte à toi, femme à l'oeil sombre,
Dont les funestes amours
Ont enseveli dans l'ombre
Mon printemps et mes beaux jours !
C'est ta voix, c'est ton sourire,
C'est ton regard corrupteur,
Qui m'ont appris à maudire
Jusqu'au semblant du bonheur ;
C'est ta jeunesse et tes charmes
Qui m'ont fait désespérer,
Et si je doute des larmes,
C'est que je t'ai vu pleurer.
Honte à toi, j'étais encore
Aussi simple qu'un enfant ;
Comme une fleur à l'aurore,
Mon coeur s'ouvrait en t'aimant.
Certes, ce coeur sans défense
Put sans peine être abusé ;
Mais lui laisser l'innocence
Était encor plus aisé.
Honte à toi ! tu fus la mère
De mes premières douleurs,
Et tu fis de ma paupière
Jaillir la source des pleurs !
Elle coule, sois-en sûre,
Et rien ne la tarira ;
Elle sort d'une blessure
Qui jamais ne guérira ;
Mais dans cette source amère
Du moins je me laverai,
Et j'y laisserai, j'espère,
Ton souvenir abhorré !
2 commentaires -
Par Gérard Lenne le 8 Août 2016 à 23:29
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9 commentaires -
Par Gérard Lenne le 12 Juillet 2016 à 22:44
LA VIEILLE DAME
Jean-Luc Salmon (1981)
En ce temps-là, je fus un éphémère critique musical (une dizaine d'années quand même). Je dois dire que je jouissais d'un totale liberté. Je recevais les disques (vinyle) en service de presse, j'écoutais tout et je faisais le tri. Il y eut des découvertes inattendues, et ce fut le cas de Jean-Luc Salmon, un a.c.i. que je n'avais pas eu l'occasion d'entendre sur les ondes. C'est ainsi que je m'enthousiasme pour son 30 cm. ET VA LE MONDE. Je l'écris aussitôt dans mon journal, le recommandant chaudement à mes lecteurs.
Quelques jours passent, je suis par hasard au bureau (où je vais assez peu), le téléphone sonne. "- Bonjour, c'est Jean-Luc Salmon". Je vais le rencontrer, ce qui est assez rare dans mon activité., du moins quand ce n'est pas à mon initiative. J'ai voulu rencontrer Brassens, mais il venait de partir quand je suis arrivé impasse Florimont. J'ai interviewé Gainsbourg une fois ou deux, au festival d'Avoriaz et rue de Verneuil. J'ai déjeuné dans un restaurant chinois avec Gérard Manset. Mais avec Jean-Luc, c'est la première fois que l'artiste cherche lui-même à me joindre !
De ce disque-révélation je vous ai sélectionné LA VIEILLE DAME. C'est le classicisme parfait de la chanson française: priorité au texte bien écrit, à la versification impeccable, mis en valeur par une musique dont la ligne mélodique se mémorise facilement, avec une orchestration en crescendo qui culmine dans une arrivée de cornemuses à donner le frisson !
Depuis, Jean-Luc Salmon continue à chanter et il a fondé, dans sa banlieue nord, une association (l'ACDPA) qui a formé une troupe d'adolescents attirés par le chant et la musique. Avec eux, il organise des spectacles, et même des tournées, dont le clou est la comédie musicale TEENAGER, écrite pour eux et avec eux.
Paroles
La vieille dame est repartie dans sa famille
Elle a fait un trou dans le présent de ma vie
Et tous les ciels blancs de Bretagne sont dans ses yeux
Tous les soleils des matins pâles dans ses cheveux
La vieille dame m'a dit bonjour mon tout petit
Te voilà enfin de retour au pays
Tu ne sais pas l'amour que j'ose cacher en moi
Mais elle n'a pas dit tant de choses elle ne sait pas
Ses enfants grandissaient à peine aux premiers temps
Moi je les aimais comme on aime d'autres enfants
Mais quand elle a dû travailler seule pour les nourrir
Elle n'eut pas même le temps de les voir grandir
Elle nous parlait de son enfance chèvres et pommiers
Mais ils n'écoutaient pas en France tout est changé
Et pendant dix ans j'ai vu vivre ses petits
Entre la honte l'ignorance et le mépris
La vieille dame a dit bonjour au temps présent
Tous les jours et jour après jour en les voyant
Devenir homme et oublier qu'ils étaient hier
Des enfants de mère bretonne et bonne mère
Moi j'étais d'un autre village je suis parti
Tenter ma chance et prendre de l'âge à Paris
Je venais chez eux comme un gosse à la maison
Mais je n'avais pas le carrosse de Cendrillon
Je n'ai retrouvé que leur mère presque inchangée
Mais ses enfants n'ont jamais su qui elle était
Elle est devenue mon amie plus belle encore
D'avoir su porter neuf enfants dedans son corps
Maintenant qu'elle vient chez moi se reposer
Je comprends le tour que le présent m'a joué
Je retrouve en elle tous les échos du pays
Comme si elle arrêtait le temps dans sa folie
La vieille dame est repartie dans sa famille
Elle a fait un trou dans le présent de ma vie
Et tous les ciels blancs de Bretagne sont dans ses yeux
Tous les soleils des matins pâles dans ses cheveux
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Par Gérard Lenne le 23 Janvier 2016 à 22:49
THE DAYS OF PEARLY SPENCER
David McWilliams (1967)
Voici donc LA VIE DE PEARLY SPENCER, qui date de 1967. Cette année-là n'est pas seulement celle de SGT.PEPPER'S, mais aussi d'un nombre record de tubes, de chansons inventives, d'un renouvellement créatif sans précédent (et qui ne sera jamais réédité à ce point).
Parmi ces chefs-d'oeuvre, celui de l'Irlandais David McWilliams laisse un souvenir inaltéré. A quoi pourrait-on le comparer, si ce n'est à ELEANOR RIGBY, où l'année précedente les Beatles évoquaient eux aussi la figure d'une vieille dame, mais plus fantaisiste, moins désespérée. Pearly Spencer n'en a plus pour longtemps ("Her race is almot run"), elle habite un quartier triste à pleurer, elle a sombré dans l'alcoolisme, la peau laiteuse de sa jeunesse n'est plus qu'un souvenir...
On est loin, certes, des amourettes gnan-gnan du yé-yé et de l'optimisme pétaradant du rock'n roll yankee des débuts. La voix de David McWilliams se dédouble grâce à un effet sonore assez inédit (je laisse le soin aux puristes d'en trouver une un précédent équivalent, à part celui de YELLOW SUBMARINE), elle devient nasillarde le temps du refrain - trouvaille qui fit sûrement beaucoup pour le succès de la chanson.
Je viens de découvrir que David McWilliams, né à Belfast, est mort d'une crise cardiaque à 57 ans également en Irlande du Nord. Remember THE DAYS OF DAVID McWILLIAMS....
Paroles (+ traduction)
A tenement, a dirty street
Un immeuble, une rue saleWalked and worn by shoeless feet
Parcourue et usée par des pieds nus
Inside it's long and so complete
à l'intérieur elle est longue et si complète
Watched by a shivering sun
Observée par un soleil tremblotant
Old eyes in a small child's face
Les yeux vieillis dans le visage d'un petit enfant
Watching as the shadows race
Qui regardent la course des ombres
Through walls and cracks and leave no trace
A travers les murs fissurés sans laisser de trace
And daylight's brightness shuns
Et évitent la lumière du soleilThe days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost run
Son parcours va bientôt prendre finNose pressed hard on frosted glass
Le nez collé à la vitre givrée
Gazing as the swollen mass
Regardant alors que la foule dense
On concrete fields where grows no grass
Sur les champs de béton où ne pousse pas d'herbe
Stumbles blindly on
Trébuche à l'aveuglette
Iron trees smother the air
Des arbres en fer étouffent l'atmosphère
But withering they stand and stare
Mais flétrissant ils restent droit à regarder
Through eyes that neither know nor care
A travers leurs yeux qui ni ne savent ni se soucient
Where the grass is gone
De ce qu'est devenue l'herbeThe days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost runSon parcours va bientôt prendre fin
Pearly where's your milk white skin
Pearly où est passée ta peau blanche comme le lait
What's that stubble on your chin
C'est quoi cette barbe de plusieurs jours à ton menton
It's buried in the rot gut gin
Elle est ensevelie dans le gin fabriqué maison
You played and lost not won
Tu as joué et perdu
You played a house that can't be beat
Tu as joué contre une maison de jeux imbattable
Now look your head's bowed in defeat
Regarde maintenant tu baisses la tête en signe de défaite
You walked too far along the street
Tu t'es avancé trop loin sur la route
Where only rats can run
Où seuls les rats peuvent courirThe days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost run
Son parcours va bientôt prendre fin
The days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost run(x2)
Son parcours va bientôt prendre fin(x2)A tenement, a dirty street
Un appartement, une rue sale
Remember worn and shoeless feet
Rappelle-toi des pieds nus et usés
Remember how you stood to beat
Rappelle-toi comment tu te battais pour changer
The way your life had gone
La tournure qu'avait pris ta vie
So Pearly don't you shed more tears
Alors Pearly ne verse plus de larmes
For those best forgotten years
Sur ces années qu'il vaut mieux oublier
Those tenements are memories
Ces appartements sont les souvenirs
Of where you've risen from
De la situation dont tu as réussi à sortirThe days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost won
La course est presque gagnée
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Par Gérard Lenne le 18 Août 2015 à 02:18
LA LICORNE APPAREILLE
Alain Chamfort (1983)
Alain Chamfort ? Oui. Parce qu'il est un des plus sous-estimés, malgré son compagnonnage avec Gainsbourg, dans le domaine de notre "chanson d'auteur". J'ai sélectionné LA LICORNE APPAREILLE comme une évidence, car c'est depuis longtemps un de mes tubes personnels. La lancinante et incantatoire mélopée enveloppe ici un texte surréalisant, qu'il est sans doute vain de vouloir commenter ou analyser, mais que je vous conseille simplement d'écouter attentivement, afin d'en bien goûter toute la virtuosité de la jonglerie des mots.
Car elle en vaut la peine, cette improbable histoire de deux jeunes vierges qui, enlevées par des pirates, réussissent à "retourner l'équipage" en exhibant leurs charmes, et prennent le pouvoir à bord, sacrifiant à toutes les jouissances interdites, des débordements érotiques à l'accaparement des trésors dérobés.
D'Hergé à Brassens, Anémone et Mireille sont des héroïnes selon notre coeur, sans oublier Emile, et Hector, et cette bande de joyeux pirates leur faisant subir les ultimes outrages qu'elles réclament à grands cris.
Anecdote amusante : les versions écrites circulant sur le Net sont truffées de fautes que j'ai dû corriger. Il faut croire que la poésie de Chamfort en a dérouté plus d'un.
Paroles
Quand Anémone dit à Mireille
la Licorne appareille
leurs altesses pucelles et nubiles
arrachées d'un duché
atterrées d'être enchaînées
de corsaires
otages amères et mises aux fers
seulettes dignes et soumises
excitantes infantesen danger vers Tanger...
Quand Anémone dit à Mireille
la Licorne appareille
aux cales les geôliers enjôlés
jupons volent
volent au pont
leurs appas au vent d'avril
d'un strip-tease
les otages retournent l'équipage
infante en fait très au fait
excitantes
tentent à Tantale Bretons en nage...
Assimile, Emile
assimile, Emile
pour six mille écus
seul un roi nous vit nues...
À ces nuits d'idylle
à ces nuits d'idylle
allez c'est promis
vous nous aurez aussi
Quand Anémone dit à Mireille:
la Licorne, appareille
ces capitaines qu'on dit sauvages
quotidiennes
au carnage
adorées soyez nos reines
leur dit-on
que vos petits tétons nous mènent
pillons à fond les sept mers
légendaires
Et piquons l'or et ses mystères...
Comptez l'or, Hector
comptez l'or, Hector
les copains d'accord
mais d'abord passe l'or...
À ces nuits d'idylle
à ces nuits d'idylle
allez comme promis
vous nous avez aussi...
[Parlé]
Les grimoires chuchotent
qu'au faîte de la gloire
ces deux matelotes
un beau soir dirent adieu...
On les dit aussi
sodomites aux îles
pochardes aux Barbades
où sont-elle passées ?
ça, nul ne le sait
Si reines de corsaires,
sirènes des mers,
l'alizé d'été les entend chanter
À cette île, Emile
à cette île, Emile
les copains d'accord
mais d'abord passe l'or...
Comptons l'or encore
comptons l'or encore
plongeons-y nos corps
mais les copains d'abord
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Par Gérard Lenne le 15 Août 2015 à 14:32
LET IT LOOSE
Rolling Stones (1972)
Avant de commencer, une anecdote. J'ai lancé ce blog en le baptisant CHANSONGS et en trouvant ça très malin. Voulant voir s'il était répertorié, je vais voir sur Google. J'ai ainsi appris que Claude Nougaro avait sorti en 1993 un album intitulé Chansongs ! Désolé, je n'ai pas voulu le plagier, ni l'imiter. On va dire que "les grands esprits, etc." Passons maintenant aux Stones.
Si on me demande le titre d'eux que je préfère, je réponds volontiers LET IT LOOSE. C'est le 14e morceau du double album EXILE ON MAIN STREET, un de leur chefs-d'oeuvre, en tout cas celui de leur apogée.
Voici un blues déchirant (le tandem magique Richards-Jagger a encore frappé !) sur le thème éternel de la femme "fatale". On n'écoutait pas toujours très attentivement les paroles, à l'époque, et c'est dommage. Car l'originalité est d'ici d'éviter le lamento du malheureux, victime d'une garce intégrale, mais de le transposer chez son (meilleur) ami sur l'air de "Je te l'ai avais bien dit !".
Quand il voit arriver cette fille au bras de son copain, il sait qu'elle va le faire souffrir, il lui "donne juste un mois ou deux..." Et ça finira par une saoulerie au fond d'un bar, inévitablement, parce qu'on ne peut pas se passer du sexe ("the bedroom blues").
Dans une interview, Jagger déclare que c'est l'oeuvre de Richards et qu'il n'y a jamais rien compris. On veut bien. L'écriture est en tout cas exemplaire, non dénuée d'humour lorsque, sortant un cliché usé, Keith le commente aussitôt lucidement "I can't resist a corny line" ! Toutes les paroles ne sont pas faciles à traduire, j'avais trouvé le texte en français sur le Net, recherchez-le, si vous voulez, c'est assez utile.
Quant à la musique, entêtante, elle est riche de l'influence revendiquée du gospel, et transfigurée par une orchestration savante, avec des moments incroyables comme la reprise avant le dernier couplet, juste après le pont choral. Une émotion digne des cinq notes des Beatles entre les deux parties de A DAY IN THE LIFE.
Et puis, cerise sur le gâteau pour moi et quelques autres, parmi les choristes il y a le Dr.John en personne, et on distingue parfaitement sa voix !
Paroles
Who's that woman on your arm
All dressed up to do you harm
And I'm hip to what she'll do,
Give her just about a month or two.Bit off more than I can chew
And I knew what it was leading to,
Some things, well, I can't refuse,
One of them, one of them the bedroom blues.She delivers right on time, I can't resist a corny line,
But take the shine right off you shoes,
Carryin', carryin' the bedroom blues.In the bar you're getting drunk,
I ain't in love, I ain't in luck.
Hide the switch and shut the light,
Let it all come down tonight.
Maybe your friends think I'm just a stranger,
Some face you'll never see no more.
Let it all come down tonight.
Keep those tears hid out of sight,
Let it loose, let it all come down.
Let it loose, let it all come down.
Let it loose, let it all come down.
Let it loose, let it all come down.
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Par Gérard Lenne le 13 Août 2015 à 13:19
HEY YOU WOMAN
Michel Polnareff (1970)
Il y aurait beaucoup à dire et à écrire sur l'ambiguïté sexuelle qui reste probablement le thème majeur de Polnareff. Celui-ci reste lié à celui de ses relations avec les femmes, ou la Femme. Devant l'embarras du choix, j'ai sélectionné HEY YOU WOMAN d'abord à cause de son ampleur . On aura remarqué ma prédilection pour les chansons qui sonnent comme des hymnes... en l'occurrence, celui qui écoutera le texte découvrira ici, sous les apparences d'une rengaine pop, une profession de foi misogyne d'une surprenante violence.
D'emblée, on entre dans le vif du sujet. La femme est un vampire, une prédatrice, avec cette allusion aux roses qui reviendra dans I LOVE YOU BECAUSE ("... tu es la seule qui n'aime pas les roses"). Le piège se referme : "J'ai vécu deux ans dans un réfrigérateur". La cohabitation, le mariage, l'illusion, et tout ce qui se cache sous le mythe romantique de l'Amour, riche de toutes les duperies et de toutes les mystifications.
Polnareff se lance un description hallucinante de ce cauchemar-là, qui s'achèvera pourtant sur une note révélatrice. Car comme l'a bien démontré Alain Paucard dans son ELOGE DE LA MISOGYNIE, celle-ci n'est que le fruit d'une profonde et cruelle déception.
Paroles
Il faisait nuit quand elle est arrivée sur moi
J'ai vu seulement des yeux et des dents qui brillaient.
J'aurais dû me méfier
Me faire assurer sur la vie
Contre le vol et l'incendie
La grêle, la Révolution
Acheter un pistolet, un canon
Bref : faire quelque chose.
Et moi je lui ai acheté des roses ! Des roses !
J'ai passé deux ans dans un réfrigérateur
Oh bien sûr, je n'ai manqué de rien,
J'avais ma bouteille de lait tous les matins
Mais ça fait froid au coeur
Et ça rend méchant un réfrigérateur.
C'est elle qui avait les clés
Je n'avais le droit de sortir qu'en hiver, jamais après minuit.
C'est à cette époque-là que j'ai commencé à la détester.
Horrible monstre
Mélange de toutes les beautés
De toutes les horreurs du monde
De Vénus à la Joconde
De Viviane à Mélusine
De Cléopâtre à Messaline
De la fée Carabosse à Dracula
Me prenant tentaculairement
Buvant jusqu'au moindre globule rouge de mon sang
Voilà ce qu'elle était.
Et moi l'idiot qui la détestais
Je l'aimais ! Je l'aimais !
Il faudra quand même un jour
Toi la femme qui m'a tout donné
Tout pris tout redonné
Tout repris
Que tu paies le prix
De cette mélo tragédie
Il faudra que veux tu ?
Un beau jour que je te tue
Par petits morceaux
D'abord je tuerai ta férocité
Et puis ta vanité
Et puis ta malhonnêteté
Et puis ta rapacité
Et puis ta perversité
Ta frivolité
Ton infidélité
Ton hérédité
Ton absurdité
Ta partialité
Ton immoralité
Jusqu'à ce qu'il ne reste plus
Que ta virginité
Ta féminité
Ta frigidité,
Ta divinité
Et ton é-ter-ni-té.
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