• LA MARSEILLAISE 

    Parallèle  (début années 70)

    Dans les circonstances que nous vivons, elle était inévitable et souhaitable... J'ai hésité entre la très belle interprétation de Nino Ferrer et cette version pop du groupe Parallèle - où elle voisinait avec d'autres variations sur des thèmes classiques. Un groupe et un album bien oubliés, au point que n'ayant plus le disque, mais seulement un  enregistrement sur bande magnétique, pour la première fois je n'ai pu retrouver la date de ce morceau, qui me semble répertorié nulle part.

    Du coup, voici une rareté. Quelque chose comme le "Star spangled banner" de Jimi Hendrix pour notre hexagone.

     


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  • MOURIR POUR DES IDEES

    Georges Brassens  (1972)

    Il semble difficile, ces jours-ci, de se détacher d'une actualité dramatique... Le retour à Brassens m'a semblé la meilleure solution dans ce cas. On vient d'assister à l'assaut de kamikazes aussi stupides que criminels, prêts (et impatients) de mourir pour leurs "idées" - si tant est qu'on puisse même nommer ainsi une psychopathologie fondée sur une "foi" religieuse.

    Brassens avait écrit et composé en 1964, vingt ans après la Libération, une chanson qui avait l'air de renvoyer dos à dos les résistants et les collabos, LES DEUX ONCLES. La chanson, qui enfonçait vigoureusement le clou antipatriotard, fut mal comprise, et on a évoqué une brouille entre le poète et la municipalité (PCF) de Sète, sa ville natale. Huit ans plus tard, il revient donc à la charge...

    On pouvait certes se choquer de quelques couplets très nihilistes des DEUX ONCLES, s'agissant d'une situation historique qui mettait en cause les nazis et pas seulement les Allemands. Mais n'est-ce pas le rôle de l'artiste que de provoquer, même en allant "trop loin", de saines réactions ?

    Toujours est-il que,cette fois, Brassens élève le débat. Il est plus général, plus universel, mais non moins efficace... Avec cette note supplémentaire d'humour qui  vaut un clin d'oeil : "D'accord ! Mais de mort lente..."

     

     

    Paroles

    Mourir pour des idées, l'idée est excellente
    Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eue
    Car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante
    En hurlant à la mort me sont tombés dessus
    Ils ont su me convaincre et ma muse insolente
    Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
    Avec un soupçon de réserve toutefois:
    Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente,
    D'accord, mais de mort lente

    Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure
    Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
    Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
    Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain
    Or, s'il est une chose amère, désolante
    En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
    Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
    Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
    D'accord, mais de mort lente

    Les Saint Jean Bouche d'or qui prêchent le martyre
    Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas
    Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire
    C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas
    Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
    Bientôt Mathusalem dans la longévité
    J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté
    "Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
    D'accord, mais de mort lente"

    Des idées réclamant le fameux sacrifice
    Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
    Et la question se pose aux victimes novices
    Mourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles ?
    Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
    Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
    Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau
    Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
    D'accord, mais de mort lente

    Encore s'il suffisait de quelques hécatombes
    Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât
    Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
    Au paradis sur terre on y serait déjà
    Mais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendes
    Les dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
    Et c'est la mort, la mort toujours recommencée…
    Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
    D'accord, mais de mort lente

    O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres,
    Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
    Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
    La vie est à peu près leur seul luxe ici-bas
    Car, enfin, la Camarde est assez vigilante
    Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux
    Plus de danse macabre autour des échafauds!
    Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
    D'accord, mais de mort lente
     


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  • CIRRUS MINOR

    Pink Floyd    (1969) 

     

    J'avais envisagé depuis quelque temps déjà de vous proposer ce titre du Floyd, mémorable depuis son utilisation par Barbet Schroeder dans MORE.

    Les derniers événements font ressortir encore davantage la sensation de paix qui en émane. Musique "planante", comme on disait, sur un texte toujours à la limite de la mièvrerie mais qui réussit à ne pas y tomber. Une sorte de tour de force, agrémenté de ces chants d'oiseaux qui me semblent tout indiqués, trois jours seulement après ce funeste vendredi 13.

    Il paraît que le "cirrus minor" est un nuage qui n'existe pas en tant que tel. D'où la dimension onirique de ce morceau. Onirico-bucolique, donc...

    Et qu'on se le dise, personne ne nous empêchera d'écouter de la musique et des chansons !

     

    Paroles & traduction

    In a churchyard by a river
    Dans un cimetière près de la rivière,
    Lazing in the haze of midday
    Paressant dans la brume de midi,
    Laughing in the grasses and the graze
    Riant dans l'herbe haute et broutée
    Yellow bird, you are alone in singing and in flying on
    Oiseau jaune, tu es le seul à chanter et à t'envoler
    In and in leaving
    Ici et là t'enfuir

    Willow weeping in the water
    Dans la rivière tu pleures
    Waving to the river daughters
    Saluant les filles du fleuve
    Swaying in the ripples and the reeds
    Ondulant entre les roseaux
    On a trip to Cirrus Minor saw a crater in the sun
    En me rendant à Cirrus Minor j'ai vu un cratère dans le soleil
    A thousand miles of moonlight later
    A des milliers de kilomètres de la clarté de la Lune

     

     


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  • Si vous connaissez quelque chose de pire qu'un vampire, parlez m'en toujours, ça pourra peut-être me faire sourire

    Stella  (1966)

     

    Un titre interminable à faire pâlir Michel Audiard, et une chanson parodique mais remarquablement écrite, composée et arrangée. Stella fut une chanteuse météorique, on sait qu'après une douzaine de 45 t. et deux 33 t., entre 1963 et 1968, elle a épousé Christian Vander, le leader charismatique de Magma, et s'appelle donc désormais Stella Vander.

    Si on se souvient d'UN AIR DU FOLKLORE AUVERGNAT et des PARENTS TWIST, le chef-d'oeuvre de Stella est cette histoire de films de vampires - et je ne le dis pas parce que j'étais personnellement en pleine découverte du cinéma fantastique...

    A l'époque, le texte de Stella était encore assez provocateur, bien que baigné d'humour (noir). Mais outre ce chapelet de gags et l'interprétation impeccable, on appréciera les divers bruitages évoquant les nanars d'épouvante, et ces cris d'animaux de la ferme, et ces courtes citations musicales : une Marseillaise en cavalcade agrémente le couplet sur Louis XI, et on termine sur quelques mesures de SOIS BONNE O MA BELLE INGENUE (voir LA CHIENNE de Renoir...).

    En notant au passage qu'en 1966 on estimait encore que les membres des groupes anglais étaient fort laids ("les sales gueules des Rollingstones" comme disait Gainsbourg)...

     

    Paroles

    Si vous voulez faire mon bonheur,
    Emmenez-moi voir un film d'horreur
    Pas besoin de salle climatisée,
    Pour frissonner même en été

    J'aime le sang qui coule le soir au fond des bois
    J'aime entendre les cris des victimes que l'on noie
    Mais Attention, Quelle est ce bruit?
    Les volets claquent, Mes dents aussi...

    Si vous voulez faire mon bonheur,
    Arrangez-vous pour que j'aie peur

    Quand j'apprenais en classe l'histoire des rois de France,
    C'était vers ce bon Louis XI qu'allait mes préférences
    Celui qui a lancé l'usage,
    De mettre ses rivaux en cage

    Si vous voulez faire mon bonheur,
    Mon seul plaisir c'est d'avoir peur

    Et quand parfois je rêve à mon prince charmant,
    Il n'aura pas besoin d'être beau ni d'être grand
    Pourvu qu'il soit anglais et chanteur,
    Je resterai dans le domaine de l'horreur

    Et comme cette histoire doit finir,
    Salut, je vais retrouver mon vampire
    ça fait plus d'une heure qu'il m'attend,
    Il doit se faire du mauvais sang

    Du mauvais sang... Du mauvais sang...
    Du mauvais sang... Du mauvais sang...
    Du mauvais sang...


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  • JE L'APPELLE CANNELLE

    Antoine   (1966)

     

     

    Pierre-Antoine Muraccioli, dit Antoine, a fait un malheur en 1965 avec ses célèbres quoique canularesques ELUCUBRATIONS, mais je ne l'ai rencontré qu'il y a deux ans, à la faveur d'un militantisme commun, par l'entremise de François Jouffa. Occasion de redécouvrir un auteur-compositeur-interprète non négligeable, mais qui a vite quitté le show-business et, à l'instar de Brel jadis, passe le plus clair de son temps dans l'Océan pacifique.

    Pourquoi CANNELLE ?  D'abord parce que, comme un certain nombre d'autres chansons ou films, on ne pourrait sans doute plus l'enregistrer ou la publier aujourd'hui, en ces temps de retour de l'ordre moral, de féminisme désormais réactionnaire, et de chasse aux sorcières pédophiles...

    En effet, la Cannelle du titre, avec qui l'auteur envisage une vie commune, "n'a que quinze ans". Ce qui signifie, entre nous, qu'elle est sexuellement majeure. Mais, prudent, il ne "l'a pas présentée à (ses) parents". Quant aux parents de Cannelle, espérons qu'ils sont d'accord, faute de quoi ils pourraient porter plainte pour (ne mélangeons pas tout) détournement de mineure.

    A propos de parents, je me souviens que ma mère aujourd'hui disparue s'était récriée en entendant la manière dont Antoine dit savoir que la peau de Cannelle est sucrée. Elle jugeait ça "pas très propre". Heureusement, elle n'avait pas compris le couplet égrillard sur "l'oiseau qui chante, sans jamais (se) lasser, en frétillant des ailes", je n'ose supputer quel eût été son verdict.

    Correspondance amusante : la même métaphore apparaît dans LA P'TITE GAYOLE, chanson à double sens en patois wallon, qu'a chantée Julos Beaucarne (sur qui, bien sûr, nous reviendrons bientôt ici). Il y est question (je traduis en français) d'une "petite cage pour mettre son canari", lequel "quand il saura chanter, ira voir les filles pour leur apprendre à danser"... C'est assez clair, non ?

    Paroles

    Je l'appelle Cannelle
    Parce que son corps est bronzé
    Je l'appelle Cannelle
    Parce que ses cheveux sont dorés
    Je l'appelle Cannelle
    Parce que sa peau est sucrée
    Si vous voulez savoir
    Comment je le sais
    C'est parce que je l'ai goûtée

    J'ai un oiseau qui chante
    En frétillant des ailes
    J'ai un oiseau qui chante
    Rien que pour toi ma Cannelle
    J'ai un oiseau qui chante
    Sans jamais se lasser
    Si tu veux entendre 
    Mon oiseau
    Viens chez moi au plus tôt


    J'ai emmené Cannelle
    Dans mon bel appartement
    J'ai installé Cannelle
    Dans mon grand lit tout blanc
    J'ai installé Cannelle
    Dans ma vie pour très longtemps
    Si je ne l'ai pas présentée à mes parents
    C'est parce qu'elle n'a que quinze ans

    Je l'appelle Cannelle
    Parce que son corps est bronzé
    Je l'appelle Cannelle
    Parce que ses cheveux sont dorés
    Ta la la la...
    Parce que sa peau est sucrée
    Si vous voulez savoir
    Comment je le sais
    C'est parce que je l'ai goûtée...


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