• SALVE REGINA

    Hervé Cristiani    (1982)

    De Cristiani, on se souvient surtout de IL EST LIBRE, MAX, qui fit les beaux soirs des karaokés au début des années 80. Plutôt que ce tube très connu, j'ai préféré vous proposer ce SALVE REGINA qui n'a pas de rapport avec le cantique traditionnel du même titre...

    Encore que... les références religieuses à ces"madones", à ces "hommes qui prient", à cet évangélique "Vade retro satanas", entrecroisent les rites des sorcières et magiciennes, en "un va-et-vient infernal /entre le bien et le mal"... entre lesquels le chanteur refuse de choisir, constatant que "les diables et les dieux se mélangent" avant de souhaiter "qu'ils se reposent" !!

    Un refrain entraînant, un son alerte, un texte sans mystère mais non sans poésie, une interprétation pétulante... Regrettons que cet auteur-compositeur-interprète doué ne soit pas davantage reconnu. Né en 1947, il a pourtant enregistré des disques de 1972 à 2008. La note finale n'est pas gaie : Hervé Cristiani est mort en 2014 d'un cancer des cordes vocales.

     

    Paroles

    Grand seigneur côté coeur 
    Serviteur côté corps 
    Au fond de l´homme, rien ne change 
    Les diables et les dieux se mélangent 

    Quand les anges s´affrontent 
    Sur leur terrain magique 
    Y a des fumées qui montent 
    Des grottes maudites 
    Quand la Gorgone ordonne 
    Croque, croque la pomme 
    Dans le giron des madones 
    Les hommes frissonnent 

    Salve Regina 
    Vade vade retro satana 
    Entre le bien et le mal 
    C´est le va-et-vient infernal 

    Grand seigneur côté coeur 
    Serviteur côté corps 
    Au fond de l´homme, rien ne change 
    Les diables et les dieux se mélangent 

    Sur le flanc des montagnes 
    Y a des hommes qui prient 
    Bienheureux ceux qui gagnent 
    L´oubli de l´envie 
    Mais sous les sapins noirs 
    Y a les yeux des vipères 

    Qui regorgent d´espoir 
    Dans leurs repaires 

    Salve Regina 
    Vade vade retro satana 
    Entre le bien et le mal 
    C´est le va-et-vient infernal 

    Au banquet du pouvoir 
    Y a des fauves qui grognent 
    Pour un morceau de gloire 
    Un bout de charogne 
    Mais dans les jardins tranquilles 
    Y a des femmes courbées 
    Qui regardent immobiles 
    Les fleurs se faner 

    Salve Regina 
    Vade vade retro satana 
    Entre le bien et le mal 
    C´est le va-et-vient infernal 

    Salve Regina 
    Juste un p´tit blues et puis on s´en va 
    Entre le bien et le mal 
    Oh, c´est pas encore le deal idéal 

    Grand seigneur côté coeur 
    Serviteur côté corps 
    Entre autres choses, je propose 
    Que les diables et les dieux se reposent


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  • THIS TOWN AIN'T BIG ENOUGH FOR THE BOTH OF US

    Les Sparks     (1974)

    "Cette ville n'est pas assez grande pour nous deux ! Et ce n'est pas moi qui partirai..."  L'admonestion classique du western sert de leitmotiv à cette composition des incroyables frères Mael - Ron étant l'auteur moustachu chaplinesque et Russell le chanteur androgyne à la voix haut perchée. Des envolées délirantes sur un texte qui ne l'est pas moins et s'avère pratiquement intraduisible, en firent le tube incontournable de 1974.

    Je me souviens... (un petit coup de Perec) du concert des étincelants Sparks à l'Olympia, qui s'acheva sur la folie de THIS TOWN AIN'T BIG ENOUGH FOR THE BOTH OF US, laquelle, en rappel, fut immédiatement répétée par le groupe porté par une foule en délire. Ces choses-là arrivent.

    Que dire du texte qui aligne, au rythme d'un coeur qui bat de plus en plus fort ("heartbeat, increasing heartbeat"), une visite assez dangereuse au zoo, un rendez-vous au café avec "elle" mais contrarié par l'arrivée de cannibales, voire une douche assez prémonitoire puisqu'elle annonce l'inévitable et logique  alliance, quatorze ans plus tard (1988) des Sparks et des Rita Mitsouko, avec l'également inoubliable duo de Catherine Ringer et Russell Mael pour SINGING IN THE SHOWER....

    Paroles

    Zoo time is she and you time
    The mammals are your favourite type, and you want her tonight
    Heartbeat, increasing heartbeat
    You hear the thunder of stampeding rhinos, elephants and tacky tigers

    This town ain't big enough for both of us
    And it ain't me who's gonna leave

    Flying, domestic flying
    And when the stewardess is near do not show any fear
    Heartbeat, increasing heartbeat
    You are a khaki-coloured bombardier, it's Hiroshima that you're nearing

    This town ain't big enough for both of us
    And it ain't me who's gonna leave

    Daily, except for Sunday
    You dawdle in to the cafe where you meet her each day
    Heartbeat, increasing heartbeat
    As twenty cannibals have hold of you, they need their protein just like you do

    This town ain't big enough for both of us
    And it ain't me who's gonna leave

    Shower, another shower
    You've got to look your best for her and be clean everywhere
    Heartbeat, increasing heartbeat
    The rain is pouring on the foreign town, the bullets cannot cut you down

    This town ain't big enough for both of us
    And it ain't me who's gonna leave

    Census, the latest census
    There'll be more girls who live in town though not enough to go round
    Heartbeat, increasing heartbeat

    You know that: This town isn't big enough, not big enough for both of us
    This town isn't big enough, not big enough for both of us
    And I ain't gonna leave


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  • CA VAUT MIEUX QUE D'ATTRAPER LA SCARLATINE ! 

    Ray Ventura et ses Collégiens  (1936)

    Grand bond en arrière vers l'avant-guerre. Les joyeux refrains du groupe de Ray Ventura donnent la mesure de la folle inconscience d'une époque où, comme on l'a souvent dit, on "dansait sur un volcan". La même bande de rigolos ne va-t-elle pas  récidiver bientôt, juste avant le cataclysme, avec TOUT VA TRES BIEN MADAME LA MARQUISE ? On y retrouve une désinvolture bien dans le goût de l'époque (voir aussi DANS LA VIE FAUT PAS S'EN FAIRE de Maurice Chevalier), mais avec une dose de folie loufoque qui fit l'énorme succès de Ray Ventura.

    On peut certes penser que cette insistance à certifier que rien n'a d'importance, bref que ça pourrait être pire, témoigne à rebours d'une inquiétude profonde que nul n'osait exprimer...

    Au départ, CA VAUT MIEUX QUE D'ATTRAPER LA SCARLATINE ! est un des titres de l'opérette NORMANDIE, représentée aux Bouffes-Parisiens, sur des paroles d'André Hornez et d'une vieille connaissance, Henri Decoin, la musique étant de Paul Misraki (bien avant ALPHAVILLE).

    L'enregistrement que vous pourrez entendre ici comprend 6 couplets sur les 12 du texte original. Je les ai soulignés en rouge. L'humour de l'ensemble est volontiers féroce, il serait noir si le délire fantaisiste ne l'emportait toujours en fin de compte : de l'adultère au viol, du supplice à la peine capitale, tout est renvoyé uniformément à une insouciance généralisée...

    Il n'est pas certain que tout passerait encore aujourd'hui, en particulier le 3e couplet qui évoque la circoncision, sans méchanceté certes, mais avec un esprit propre à l'époque, ce qu'on pourrait définir comme un antisémitisme naturel et bon enfant. Même chose pour l'homophobie, dirait-on aujourd'hui, du 11e couplet. De quoi aller aujourd'hui devant les tribunaux... Faut-il envier cette époque où on pouvait proclamer en toute bonne conscience que "tout ça n'est pas grave" ?...

     

    Paroles

    (Refrain) Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine
    Ça vaut mieux que d'avaler d'la mort-aux-rats
    Ça vaut mieux que de sucer d'la naphtaline
    Ça vaut mieux que d'faire le zouave au Pont d'l'Alma.

    1) Nous avons plutôt tendance
    À prendre la vie tristement
    Et dans bien des circonstances
    On s'affole inutilement
    Quelle que soit notre malchance
    Dites-vous que ce n'est rien
    Tout ça n'a pas d'importance
    Car si l'on réfléchit bien.

    2) Dans l'métro quand il y a foule
    On n'sait pas où s'accrocher
    Et tandis que le train roule
    On ne fait que trébucher
    L'autre jour quelqu'un s'exclame:
    - Mais vous m'attrapez les seins !
    J'lui ai répondu: - Madame
    Y a pas d'quoi faire ce potin.

    3) On a la triste habitude
    De couper la queue des chiens
    Des gens plein d'sollicitude
    Trouvent que cela n'fait pas bien
    Cette p'tite queue que l'on mutile
    Dit quelqu'un, c'est pas joli,
    Mais d'une façon subtile
    Blumenthal dit à Lévy:

    4) Un vieil ami d'Angoulême
    M'avait invité chez lui
    Sa maison est du quinzième
    C'est vieux mais c'est très gentil
    Admirant ses jolies choses
    Je lui demandai soudain:
    - Où sont donc les water choses ?
    Il me dit: chez le voisin.

    5) Il y avait une dame 
    qui pour avoir un enfant
    Tous les jours à Notre dame
    Allait implorer Saint Jean
    Un beau jour elle devint’ mère
    De trois enfants d’un seul coup
    Ell’crie : Saint Jean t’exagères
    Saint Jean lui dit Calmez vous


    6) L'autre jour un vieux satyre
    Devait être guillotiné
    Pour avoir, c'est triste à dire
    Violé un garçon boucher
    Avant qu'on lui coupe la tête
    Le bourreau sans s'affoler
    Lui offrit une cigarette
    Et lui dit pour l'consoler...

    7) Dans un hôtel de province
    Je n’pouvais dormir la nuit
    Les cloisons étaient très minces
    Mes voisins faisaient du bruit
    Soudain j’entendis : Arrête 
    Arrête un peu Nicolas
    Tu m’as mordu la luette
    L’autr dit : T’en fais pas pour ça 

    8) Un soir chez une douairière
    De soixante ans bien sonnés
    Des bandits masqués entrèrent
    Et voulurent la violenter
    Son mari criait - Arrière !
    J’aimerais mieux que l'on me tue
    Mais noblement la douairière
    Lui dit : De quoi te mêles-tu

    9) Ma petite amie Sophie
    Me trompe avec un lutteur
    Oui mais moi je me méfie
    Pour punir le séducteur
    Je rentre sans crier gare
    En pensant j’avais l’écorcher
    Mais devant c’gars malabar
    J’ai dit d’un air détaché

    10) Je n’connais pas l’orthographe
    J’suis pas la seule à Paris
    Et souvent j’commets des gaffes
    Ca déplaît à mon mari
    L’autr’ jour il me dit : caresse
    Ca s’écrit avec un C
    Je répondis tout d’un’ pièce
    Avec un Q c’est plus gai 

    11) Comme on parlait de supplices
    Dans un salon très coté
    Quelqu'un dit : "Aux îles Maurice
    J'ai vu des gens empalés !"
    Chacun dit : "C'est sanguinaire !"
    Mais un jeune homme ravi
    S'écria : "Et prout, ma chère
    Si vous voulez mon avis !"

    12) L'autre soir au concert Colonne
    Eclata un grand scandale
    Il y avait un trombone
    Qui ne semblait pas normal
    Le chef d'une voix rageuse
    Lui dit : "Nous jouons Tannhauser
    Et vous, vous jouez Sambre et Meuse !"
    L'autre répond : "Kek ça peut faire ?"

     

    Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine

    Ça vaut mieux que d'avaler le Pont d'l'Alma
    Ça vaut mieux que du vinaigre dans les sardines
    Ça vaut mieux que d'faire le zouave chez Ventura.


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