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Par Gérard Lenne le 6 Mai 2016 à 16:51
LES PIANISTES D'AMBIANCE
Charlélie Couture (1981)
Ah, Couture ! Révélation en 1981, avec son troisième album, POCHETTE SURPRISE. Il faut dire que la compagnie discographique (Island, en l'occurrence) a mis le paquet, grâce à une méthode inédite. J'étais encore critique musical à l'époque. Je reçois un exemplaire du disque, genre prototype professionnel. puis un deuxième, puis un troisième. Résultat, on donne ses doubles aux copains, qui les écoutent... Et Charlélie se fait connaître.
Je me souviens aussi d'un samedi après-midi sur FR3, une émission régionale dont il est l'invité, avec sa coiffure étrange, sa barbiche. Le look, ça joue aussi, agrémenté d'un extraordinaire accent nancéen. Mais surtout on découvre avec POCHETTE SURPRISE un a.c.i. original et inventif. Pour ma part, LA BALLADE DU MOIS D'AOUT 75 deviengt un tube très évocateur, au même titre que ces PIANISTES D'AMBIANCE, dont on connaît vite par coeur les paroles psalmodiées, puisque Couture ne "chante" pas à proprement parler. Il faudrait les citer toutes, mais autant les écouter, le morceau n'est pas long...
Encore un souvenir ? Ce festival du film d'humour de Chamrousse où il était invité, et le grand numéro dont il régala toute l'assistance d'un restaurant en jouant une scène de western imaginaire, avec Richard Gotainer comme partenaire improvisé. Grand moment !
Paroles
J'ai longtemps été fasciné par les pianistes d'ambiance
Un type qui traîne dans un grand restaurant chic des films américains de l'entre-deux guerres
Un type que personne écoute et qui sert surtout à camoufler ce qui se dit à la table d'à côté
Avec style et plus de classe qu'un juke-box
Celui qui fait semblant de se moquer de l'indifférence générale...et qui joue pendant des heures
Et la famille est fière de le citer parce que c'est l'artiste de la famille
Mais une fois qu'on a dit ça on sait plus trop quoi dire d'autre
Et on sort des séries d'évidences, de gros lieux communs comme «il est gentil... Mais c'est comme tous les artistes il est feignant». C'est peut-être vrai quelquefois...
Hormis ceux qu'ont réussi alors là on dit: «Vous avez dû travailler beaucoup pour en arriver là!»J'ai longtemps voulu être celui que l'on regarde avec un petit sourire plein de circonspection
Parce qu'on le trouve étrange, il est pas comme tout le monde
Celui qu'on comprend pas bien, celui qu'on fait semblant de pas voir quand on le croise
Parce qu'il colle pas avec le décor...Parce qu'on a peur de tout ce qu'on ne connaît pas, de tout ce qu'on comprend pas
Parce que les étrangers qu'on préfère encore c'est les étrangers de couleurs parce qu'on les repère de loin...
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