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Chansong 38
MOURIR POUR DES IDEES
Georges Brassens (1972)
Il semble difficile, ces jours-ci, de se détacher d'une actualité dramatique... Le retour à Brassens m'a semblé la meilleure solution dans ce cas. On vient d'assister à l'assaut de kamikazes aussi stupides que criminels, prêts (et impatients) de mourir pour leurs "idées" - si tant est qu'on puisse même nommer ainsi une psychopathologie fondée sur une "foi" religieuse.
Brassens avait écrit et composé en 1964, vingt ans après la Libération, une chanson qui avait l'air de renvoyer dos à dos les résistants et les collabos, LES DEUX ONCLES. La chanson, qui enfonçait vigoureusement le clou antipatriotard, fut mal comprise, et on a évoqué une brouille entre le poète et la municipalité (PCF) de Sète, sa ville natale. Huit ans plus tard, il revient donc à la charge...
On pouvait certes se choquer de quelques couplets très nihilistes des DEUX ONCLES, s'agissant d'une situation historique qui mettait en cause les nazis et pas seulement les Allemands. Mais n'est-ce pas le rôle de l'artiste que de provoquer, même en allant "trop loin", de saines réactions ?
Toujours est-il que,cette fois, Brassens élève le débat. Il est plus général, plus universel, mais non moins efficace... Avec cette note supplémentaire d'humour qui vaut un clin d'oeil : "D'accord ! Mais de mort lente..."
Paroles
Mourir pour des idées, l'idée est excellente
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eue
Car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus
Ils ont su me convaincre et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois:
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente
Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain
Or, s'il est une chose amère, désolante
En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente
Les Saint Jean Bouche d'or qui prêchent le martyre
Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas
Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté
"Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"
Des idées réclamant le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose aux victimes novices
Mourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles ?
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente
Encore s'il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre on y serait déjà
Mais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendes
Les dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
Et c'est la mort, la mort toujours recommencée…
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente
O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres,
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
La vie est à peu près leur seul luxe ici-bas
Car, enfin, la Camarde est assez vigilante
Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux
Plus de danse macabre autour des échafauds!
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente
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Commentaires
J'ai mis le lien de cette chanson sur "mon jeu" lundi matin à la suite d'un commentaire de Kiké… Tu ne l'as pas vu ?
sinon message perso : je t'ai envoyé un mail + un message sur ton portable hier…resté sans réponse. Bises.
Ooops ! Non je ne suis pas allé sur Cinéfilons depuis quelques jours : j'étais à Arras, et puis...
Je regarde très peu mon portable... je vais voir.... A très vite.