• COME TOGETHER 

    Beatles  (1969)

    Après la version de Joe Cocker de SHE CAME IN THRU THE BATHROOM WINDOW, penchons-nous sur un autre titre extrait de ABBEY ROAD, mais en version d'origine. C'est intéressant parce qu'il s'agit d'une des chansons les plus originales des Beatles, sur laquelle on a glosé interminablement, et qui a nourri une foule d'interprétations.

    Passons sur la petite histoire, la commande à John Lennon de Timothy Leary, qui souhaitait se présenter contre Ronald Reagan au poste de gouverneur de Californie. L'adjonction "Come together, over me" (Rassemblez-vous ! Tous avec moi !) était donc au départ son slogan électoral. L'affaire ne s'est pas faite, mais Lennon a récupéré son thème, avec un nouveau texte consacér aux Beatles eux-mêmes, alors en plein conflit et sur le point de se séparer.

    C'est donc un  appel lancé par Lennon aux trois autres, destiné à contrer l'emprise croissante de Paul sur le groupe depuis quelques années. Chaque couplet est ainsi l'évocation de l'un des Fab Four. Le "Over me" final pouvant être compris comme une proposition de John de prendre le leadershipo pour sauver le quatuor.

    En commençant par Ringo, qui adoptait alors la coiffure "en brosse" (le sommet plat de "flattop"), l'homme à démarche lente et groovy et aux yeux magiques (joojoo se réfère au "mauvais oeil" du vaudou : on croit voir la silhouette de Ringo dans le film YELLOW SUBMARINE). Porté sur la plaisanterie (il est le joker, le clown de la bande), il n'en fait qu'à sa tête ("just do what he please").

    Pour George, pas de chaussures vernies ! Lui, c'est la fascination de l'Inde, de culte de Krishna, de ces moinillons qui jouent au foot pieds nus. Guitariste hors-pair, il a ces monkey fingers de virtuose dans l'argot des musiciens. Il adore le Coca-cola, le Coke... ou serait-ce la coke ?  Et il aime les formules un peu creuses, comme dans WITHIN YOU, WITHOUT YOU ("I know you, you know me")...

    Vient l'autoportrait de Lennon, défini d'emblée comme ayant un "bag production" (une réserve d'invention et une créativité très abondantes). Une allusion au morse de I'M A WALRUS - même si on ne voit pas le rapport avec les chaussures à semelle de crêpe (gumboot). Une autre à Yoko Ono, aussi inséparable de lui qu'une rallonge de table (sideboard). Que dire du spinal cracker ?  A-t-il eu un souci à la colonne vertébrale ?  La conclusion est plus claire : Hold you in his armchair you can feel his disease... Asseyez-vous à sa place dans son fauteuil et vous comprendrez son mal de vivre...

    Le 4e couplet, tout le monde l'a remarqué, est isolé, séparé des autres par le pont musical. Symbole ? Paul est d'emblée décrit comme un amateur de rollercoaster ("grand huit" ou scenic railway), c'est-à-dire un garçon rapide et instable. Il aurait déjà reçu un avertissement (early warning)... des trois autres ? La suite est obscure : "muddy water" (eau boueuse) se réfère-t-il au fameux bluesman de Chicago Muddy Waters ? Et qui affirme que "Un plus un plus un font trois ?" Est-ce Lennon qui lui signifie que trois suffisent, s'il s'en va ? Oui lui-même qui assure que sans lui, ils ne sont plus que trois, c'est-à-dire plus rien ?  Heureusement qu'il est joli garçon (good looking), mais il ne voit plus les autres, il est toujours absent, on ne peut plus le rencontrer ("He's so hard to see")...

    Voilà, je vous ajoute en bas de fiche une des "traductions" les plus drôles que j'aie trouvées sur le Net. Pour rire un peu...

     

     

    Paroles

    Here come old flattop, he come grooving up slowly
    He got joo-joo eyeball, he one holy roller
    He got hair down to his knee
    Got to be a joker he just do what he please

    He wear no shoeshine, he got toe-jam football
    He got monkey finger, he shoot Coca-Cola
    He say, "I know you, you know me."
    One thing I can tell you is you got to be free

    Come together right now over me

    He bag production, he got walrus gumboot
    He got Ono sideboard, he one spinal cracker
    He got feet down below his knee
    Hold you in his armchair you can feel his disease

    Come together right now over me

    (Right!
    Come, oh, come, come, come.)

    He roller-coaster, he got early warning
    He got muddy water, he one mojo filter
    He say, "One and one, and one is three."
    Got to be good-looking 'cause he's so hard to see

    Come together right now over me

    Oh
    Come together
    Yeah, come together
    Yeah, come together
    Yeah, come together
    Yeah, come together
    Yeah, come together
    Yeah, come together
    Yeah, oh
    Come together
    Yeah, come together

    "Traduction"

    Voilà le vieux porte-avions qui arrive 
    avec sa démarche pesant et lente 
    les yeux exorbités 
    un rouleau sacré 
    les cheveux jusqu’aux genoux 
    il a l’air d’un joker qui fait seulement ce qui lui plaît 
    il ne porte pas de chaussures cirées 
    les doigts de pieds entassés à force de jouer au football 
    un doigt de singe, il se shoote à la coca-cola, il dit 
    je te connais, tu me connais 
    tout ce que je peux te dire c’est que tu dois être libre 
    allons ensemble tout de suite auprès de moi 
    il fait des sacs 
    il a des bottes en gomme de morse 
    il n’a pas de pastilles 
    il casses le colonnes vertébrales 
    il a des pieds sous les genoux 
    s’il t’embrasse sur son fauteuil tu te rendras compte de sa maladie 
    allons ensemble tout de suite auprès de moi 
    c’est une montagne russe 
    il reçut un premier avertissement 
    ils lui donnèrent de l’eau boueuse 
    c’est un filtre pour les narcotiques, il dit 
    un plus un plus un font trois 
    tu doit être beau car c’est si dur à voir 
    allons ensemble tout de suite auprès de moi 
    allons ensemble

     


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  • JE SUIS MORT QUI, QUI DIT MIEUX ?

    Jacques Higelin  (1971)

    Terminons l'année avec ce titre d'Higelin, période Saravah (la petite structure artisanale de Pierre Barouh), enregistré au studio du "Mont des Abbesses" sous le titre CRABOUIF - ce qui était le surnom du chanteur à l'époque. C'était le temps de Brigitte Fontaine, Areski... et parmi les musiciens il y a Joël Favreau, le guitariste de Brassens.

    Chanson basée sur une très bonne idée : le soliloque d'un mort adressé à son épouse éplorée, venue se recueillir sur sa tombe. Mais c'est surtout le bonheur d'expression, le sens de la formule pratiqué par Higelin, qui la rend inoubliable. Mort le venin, coupée la rose... J'ai enfanté des petits vers blancs... Riez pas du pauvre macchabée... Ceux qui ont jamais croqué de la veuve... A la tombola des mutants...

    Huit strophes, huit couplets sans refrain, le tout est d'une richesse d'invention à faire pâlir la grande majorité des faiseurs de chanson qui aujourd'hui rivalisent dans la banalité et la répétition.

     

    Paroles 

    Je suis mort qui, qui dit mieux
    Ben mon pauvre vieux, voilà autre chose
    Je suis mort qui, qui dit mieux
    Mort le venin, coupée la rose
    J'ai perdu mon âme en chemin
    Qui qui la retrouve se la mette au chose
    J'ai perdu mon âme en chemin
    Qui qui la retrouve la jette aux chiens

    Je m'avais collé avec une fumelle
    Ben alors ça c'est la plus belle
    Je m'avais collé avec une fumelle
    Le jour où j'ai brûlé mes sabots
    J'lui avais flanqué un marmot
    Maintenant que son père est plus de ce monde
    L'a poussé ce petit crève la faim
    Faut que ma veuve lui cherche un parrain.

    Elle lui en avait dejà trouvé un
    Eh j'ai pas les yeux dans ma poche
    Elle lui en avait dejà trouvé un
    Dame faut prévoir, en cas de besoin
    C'est lui qui flanquera des taloches
    A mon p'tiot pour qu'il se tienne bien droit
    C'est du joli, moi je trouve ça moche
    De cogner sur un plus petit que soi.

    Cela dit dans ce putain de cimetière
    J'ai perdu mon humeur morose
    Jamais plus personne ne vient
    M'emmerder quand je me repose
    A faire l'amour avec la terre
    J'ai enfanté des petits vers blancs
    Qui me nettoient, qui me digèrent
    Qui font leur nid au creux de mes dents.

    Arrêtez-moi si je déconne
    Arrêtez ou passez me voir
    Sans violettes, sans pleurs ni couronnes
    Venez perdre un moment de cafard
    J'vous ferais visiter des cousins
    Morts à la guerre ou morts de rien
    Esprits qui vous clignent de l'oeil
    Les bras tendus hors du cercueil

    Aujourd'hui je vous sens bien lasse
    Ne soyez plus intimidée
    A mes côtés reste une place
    Ne tient qu'à vous de l'occuper
    Qu'est ce que tu as? oui, le temps passe
    Et le petit va rentrer de l'école
    Dis lui que son père a pas eu de bol
    'l a raté le train, c'était le dernier

    Attend un peu, ma femme, ma mie
    Y'a un message pour le garçon
    J'ai plus ma tête, voilà que j'oublie
    Où j'ai niché l'accordéon
    Peut-être à la cave, peut-être au grenier
    Je n'aurais repos pour qu'il apprenne
    Mais il est tard, sauve toi je t'aime
    Riez pas du pauvre macchabée

    Ceux qui ont jamais croqué de la veuve
    Les bordés de nouilles, les tire-à-blanc
    Qu'ont pas gagné une mort toute neuve
    A la tombola des mutants
    Peuvent pas savoir ce qui gigote
    Dans les trous du défunt cerveau
    Quand sa moitié dépose une botte
    De roses sur le chardon du terreau
    Quand sa moitié dépose une botte
    De roses sur le chardon du terreau


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  • SHE CAME IN THRU THE BATHROOM WINDOWS

    Joe Cocker   (1970)

    Est-ce à cause de Noël que la mort de Joe Cocker, le 22 décembre, a eu si peu d'échos ?  Essayons de rattraper ça. C'est en reprenant des tubes des Beatles que le chanteur de Sheffield (donc nordiste comme eux) s'est fait connaître. Je me souviens parfaitement de sa première apparition, de sa silhouette dégingandée, vibrante et contorsionnée, de sa voix triturant A LITTLE HELP FROM MY FRIENDS, à la télévision en noir et blanc.

    Et très vite, il y eu cet extraordinaire double-album live, fruit de sa tournée américaine, MAD DOGS AND ENGLSIHMEN, où il se laissait cornaquer par Leon Russell. J'en extrais cette version inspirée de SHE CAME INTO THE BATHROOM WINDOW, chanson de Paul McCartney extraite du (vraiment) dernier album de Beatles, ABBEY ROAD.

    Le texte relativement obscur a été quelque peu éclairci par Paul McCartney lorsque celui-ci a expliqué qu'il faisait allusion aux "Apple Scruffs", ces fans qui tentaient par tous les moyens de s'introduire dans leurs maisons (y compris "par la fenêtre de la salle de bains"). Pratique imitée depuis à Hollywood - voir le film de Sofia Coppola THE BLING RING.

    Que l'une de ces gamines ait été "protégée par sa cuiller d'argent" (née dans une famille riche) ne manque pas de sens, mais cette histoire de téléphone est moins évidente - il faudrait, paraît-il, y voir une référence aux voisins qui ont donné l'alerte par tétéphone.

    On m'a demandé d'ajouter la traduction française, je le fais autant que possible, mais ce n'est pas sans risque. En l'occurrence, vous verrez ci-dessous que lorsque le narrateur (Paul?) sort du poste de police, on peut faire croire qu'il "quitte la police départementale". Mais il y a bien mieux ! J'ai même trouvé une traduction où "By the banks of her own lagoon" devenait "Près des banques qui se trouvent sur le lagon" !!!

    Mais que cela ne nous empêche pas d'apprécier l'interprétaion rocailleuse de Joe Cocker, l'Anglais si bien accompagné par ses chiens enragés.

      

    Paroles

    She came in through the bathroom window,
    Elle est entrée par la fenêtre de la salle de bain,
    Protected by a silver spoon.
    Protégée par une cuillère d'argent.
    But now she sucks her thumb and wanders
    Mais maintenant elle suce son pouce et erre
    By the banks of her own lagoon.
    Près des rives de son propre lagon.

    Didn't anybody tell her ?
    Ne me dites pas que personne ne l'a prévenue ?
    Didn't anybody see ?
    Est-ce que quelqu'un a vu ?
    Sunday's on the phone to Monday,
    Dimanche est au téléphone pour Lundi,
    Tuesday's on the phone to me.
    Mardi est au téléphone pour moi.

    She said she'd always been a dancer,
    Elle disait qu'elle avait toujours été danseuse,
    She worked at 15 clubs a day.
    Elle travaillait pour 15 boîtes différentes dans une journée.
    And though she thought I knew the answer.
    Et bien qu'elle pense que je connaissais la réponse.
    Well I knew what I could not say.
    Eh bien, je savais, mais je ne pouvais rien dire.

    And so I quit the police department
    J'ai fini par quitter la police départementale.
    And got myself a steady job
    Et me suis trouvé un boulot fiable.
    And though she tried her best to help me.
    Pourtant, elle a fait de son mieux pour m'aider.
    She could steal but she could not rob
    Elle pouvait emprunter et ne jamais rendre, mais aurait été incapable de voler.

    Didn't anybody tell her ?
    Alors, personne ne l'a prévenue ?
    Didn't anybody see ?
    Et personne n'a vu ?
    Sunday's on the phone to Monday,
    Dimanche est au téléphone pour Lundi.
    Tuesday's on the phone to me
    Mardi est au téléphone pour moi.
    Oh yeah.
    Oh yeah.

     


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  • MERRY XMAS EVERYBODY

    Slade   (1973)

     

    "Eh bien quoi, c'est Noël! Il va falloir acheter des cadeaux!" pestait Michel Bouquet dans JUSTE AVANT LA NUIT de Claude Chabrol. Pour ce blog de chansons, difficile d'éviter le Xmas song. J'ai d'abord pensé tout naturellement au HAPPY XMAS (WAR IS OVER) de John Lennon avec le Plastic Ono Band et les petits chanteurs de Harlem, mais c'est quand même trop de la confiserie !

    En fouillant dans les 45 tours, j'ai retrouvé et immédiatement numérisé pour vous ce tube du groupe Slade, sorti pour Noël 1973. Ah, Slade ! Je me souviens que, dans la génération qui suivait la mienne, Slade avait des adeptes qui considéraient les Beatles et les Stones comme de bons vieux, et que personnellement les titres de Slade me semblaient hurlements et tintamarre. Et dire que quelques années plus tard le mouvemnt punk les relèguera au rang de gentilles chansonnettes...

    Entre-temps, au cours d'un voyage à Londres, j'étais allé les écouter un dimanche après-midi au London Palladium (le music-hall où se termine LES 39 MARCHES !). Il y avait un climat de fantaisie bon enfant. Quelques garçons portaient le même gibus que le chanteur-leader Noddy Holder, la plupart des filles étaient maquillées 'glitter' (poudre brillante), et on n'avait jamais vu ça en France !

    Voici donc le Père Noël selon ces garnements. Un 'Santa' peu conventionnel, un ivrogne qui a bien du mal à conduire son traîneau, qu'on attend en famille entre une grand-mère qui radote et la maman qui serait prete à l'embrasser dans les coins... tandis que le chanteur se demande anxieusement si vous avez bien accroché un bas (une chaussette?) sur le mur - équivalent probable de nos chaussures sous le sapin...

     

    Paroles

    Are you hanging up a stocking on your wall?
    It's the time that every Santa has a ball
    Does he ride a red nosed reindeer?
    Has a ton upon his sleigh?
    Do the fairies keep him sober for a day?

    So here it is
    Merry Christmas
    Everybody's having fun
    Look to the future now
    It's only just begun.

    Are you waiting for the family to arrive?
    Are you sure you've got the room to spare inside?
    Does your Granny always tell you
    That the old songs are the best?
    Then she's up and rock 'n' rollin' with the rest.

    So here it is
    Merry Christmas
    Everybody's having fun
    Look to the future now
    It's only just begun.

    What will your Daddy do when he sees your Mamma kissing Santa Claus?
    Ah-ha...

    Are you hanging up a stocking on your wall?
    Are you hoping that the snow will to start to fall?
    Do you ride on down the hillside
    In a buggy you have made?
    When you land upon your head then you've been slayed.

    So here it is
    Merry Christmas
    Everybody's having fun
    Look to the future now
    It's only just begun.

    So here it is
    Merry Christmas
    Everybody's having fun
    Look to the future now
    It's only just begun.

    So here it is
    Merry Christmas
    Everybody's having fun
    Look to the future now
    It's only just begun.

    So here it is
    Merry Christmas
    Everybody's having fun

    It sss Chrrriiissstttmmmaaasss!

    Look to the future now
    It's only just begun.


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  • LE BLOUSE DU DENTISTE

    Henri Salvador    (1958)

    Pas beaucoup de temps ce soir, c'est le moment de choisir un titre qui ne nécessite guère de commentaires, sans obscurités ni ambiguïtés !

    Cette parodie de "blues" (calembour !)  a été écrite par Boris Vian, et il semble bien que la musique soit de Salvador lui-même, qui la chante sous le pseudo rigolo d'Henry Cording. Les quatre premiers titres de ce 25 cm. sorti chez Barclay constituent les premiers rocks en langue française (ROCK'N ROLL MOPS, VA T'FAIRE CUIRE UN OEUF MAN), leur musique étant composée par... Michel Legrand !

    Quant aux arrangements, très réussis, ils sont l'oeuvre du jazzman américain Quincy Jones. Et c'est parti...

     

    Paroles

    Ce matin-là, en me levant 
    J'avais bien mal aux dents 
    Oh oh la la 
    Je sors de chez moi et je fonce en pleurant 
    Chez un nommé Durand  

    Mm Mm mmm
    Qui est dentiste de son état 
    Et qui pourra m'arranger ça 


    La salle d'attente est bourrée de gens 
    Et pendant que j'attends 
    Oh oh la la 
    Sur un brancard passe un mec tout blanc 
    Porté par deux mastards

    Mm Mm mmm
    Je me lève déjà pour foutre le camp 
    Mais l'infirmier dit : Au suivant ! 


    Je suis debout devant le dentiste 
    Je lui fais un sourire de crétin 
    Il me pousse dans le fauteuil et crie : En piste

    Il a des tenailles à la main 
    Oh oh oh oh Maman 
    J'ai les guibolles en fromage blanc 

    Avant même que j'aie pu faire ouf 
    Il me fait déjà sauter trois dents 
    En moins d'une plombe 
    Mes pauvres molaires

    Sont retournées dans leur tombe 
    Oh oh la la 
    Voilà qu'il me plombe mes deux plus belles dents 
    Celles que j'ai par devant

    Mm Mm mmm
    Il me grille la gueule au chalumeau 
    Et il me file un bon verre d'eau 


    Il me dit faut régler votre dette 
    Je venais d'être payé la veille 
    Ce salaud me fauche tout mon oseille 
    Et me refile cinquante balles net 
    Oh oh oh oh maman 
    Et il ajoute en rigolant 
    Je suis pas dentiste, je suis plombier 
    Entre voisins faut s'entr'aider

    Ooh oh 
    Et moi je gueule ce soir 
    Le blouse du dentiste dans le noir.


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  • BRING IT HOME TO ME

    The Animals   (1965)

    Un tube revigorant, au moins par sa musique, même si ses paroles nous reportent à l'éternel "Ne me quitte pas" ou "Reviens-moi"... C'est du blues, du soul comme un disait alors. Une chanson créée par le légendaire Sam Cooke, mais ici transfigurée par les Animals, le groupe anglais de Newcastle.

    Eric Burdon, auprès de qui Sam Cooke passerait presque pour un crooner, donne une interprétation bien plus hard, rageuse, d'un texte qui n'a certes rien de très original : elle est partie, au début ça l'a fait rire, mais désormais il est prêt à tout pour qu'elle revienne, lui donner des bijoux, de l'argent, etc. Le thème musical est martelé aux claviers (je ne sais pas si c'était encore Alan Price qui les tenait à l'époque) et donne à ce texte plutôt banal une résonance poignante : l'intro et le pont nous remuent profondément. Est-ce parce que nous l'avons entendu à l'époque, qu'en diront les nouvelles générations ??  Le "yeah" répété en choeur fait aussi beaucoup pour l'efficacité de l'ensemble.

    A noter que le dernier couplet de Sam Cooke (en italiques) n'est pas repris par les Animals, qui ont préféré répéter le premier (en rouge).

     

    Paroles

    If you ever change your mind 
    About leaving, leaving me behind 
    Baby, bring it to me, bring your sweet lovin' 

    Bring it on home to me
    yeah (yeah) yeah (yeah) yeah (yeah)

    You know I laughed when you left
    But now I know I only hurt myself
    Baby, bring it to me, bring your sweet lovin'
    Bring it on home to me
    yeah (yeah) yeah (yeah) yeah (yeah)

    I'll give you jewelry and money, too
    That ain't all, that ain't all I'll do for you
    Oh, bring it to me, bring your sweet lovin' 
    Bring it on home to me
    yeah (yeah) yeah (yeah) yeah (yeah)

    You know I'll always be your slave
    Til I'm buried, buried in my grave
    Ah, honey, bring it to me, bring your sweet lovin'
    Bring it on home to me 
    yeah (yeah) yeah (yeah) yeah (yeah)

    If you ever change your mind 
    About leaving, leaving me behind 
    Baby, bring it to me, bring your sweet lovin' 

    Bring it on home to me
    yeah (yeah) yeah (yeah) yeah (yeah)

     


    I tried to treat you right
    But you stayed out, stayed out late at night
    But I'll forgive you
    Bring it to me, bring your sweet lovin'

    Bring it on home to me 
    yeah (yeah) yeah (yeah) yeah (yeah)


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  • STANISLAS

    Ricet Barrier   (1962)

     

    On dit parfois "C'est un petit bijou", et à quelle chanson cette définition s'appliquerait mieux qu'à STANISLAS (ou LE RENDEZ-VOUS), du trop oublié Ricet Barrier ? Ricet était son prénom, en fait le diminutif  de Maurice (son prénom de naissance étant Mautice-Pierre), aussi peu commun que sa voix étrangement bisexuée, qui donne un relief étonnant à la chanson qui le fit exploser, gros succès commercial en 1958, LA SERVANTE DU CHATEAU.

    Mais STANISLAS est probablement son chef-d'oeuvre. Une saynète située manifestement dans les années 20, comme le signalent les mutiples références du décor, des personnages, du costume féminin (la voilette et la houpette, les plumes et le chapeau, le manteau d'ocelot...). Le narrateur apparaît comme une sorte de dandy, il vit dans une garçonnière et on s'y croirait : on entend le tic-tac de son "vieux coucou" et la pluie qui tombe au dehors. Il lit l'encore plus oublié Paul Géraldy, l'aimable poète à la mode de "Toi et moi". Il joue au mah-jong. Chaque détail compte...

    A quoi tient le charme irrésistible de cette histoire de flirt raté, conclue par le départ de la visiteuse innommée sur un désinvolte "Bye bye" ? A la légèreté de l'ensemble, à l'équilibre miraculeux entre l'érotisme effleuré et cette évocation méticuleuse d'une époque, d'une atmosphère désuète, à ce chuchotis qui trancha, à l'époque, avec le déferlement et la modernité bruyante des yé-yés.

    Les Frères Jacques ont aussitôt repris la chanson, autre signe de sa qualité.

     

    Paroles

    C'était en hiver et déjà tombait la nuit

    Quand elle arriva je lisais Paul Géraldy

    Elle me dit bonjour en soulevant sa voilette

    Et sur son nez fit voltiger sa ... houppette

    Adorable sous les plumes de son chapeau

    Elle frissonnait sous un manteau d'oce... lot

    Je me penchais pour baiser sa main opaline

    Mais lorsque mes lèvres se firent plus câlines

    En soupirant elle murmura d'une voix lasse

    Oh n'insistez pas Stanislasssssssss.

     

    Je la fis asseoir sur mon beau divan chinois ... ...

    Tout contre moi Hum, hum...

    Sa peau de satin Hum, hum... Copain, copain

    Elle avait gardé ses plumes et son chapeau

    Mais déboutonné le manteau d'oce... lot

    Mes yeux plongeaient dans ses yeux couleur d'ambre gris

    Elle protesta je suis affreuse aujourd'hui

    Hum, non! Quelle audace, non!

    N'insistez pas Stanislasssss.

     

    D'une voix douce elle me fit une proposition

    Faisons, voulez-vous, une partie de mah-jong?

    Mais bientôt mon vieux coucou sonna quatre fois

    Effarouchée elle quitta le divan chinois

    Elle remit en ordre ses plumes et son chapeau

    Et reboutonna le manteau d'oce... lot

    En la suppliant je la repris par la taille

    Elle se dégagea en me disant: bye, bye!

    Seul comme un idiot je me suis vu dans la glace

    N'insiste pas Stanislasssss.

     

    Non n'insiste plus Stanislasssss!! 


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