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Par Gérard Lenne le 20 Septembre 2015 à 23:25
MERDE IN FRANCE
Jacques Dutronc (1984)
Un monument, assurément hors du commun. Quand ce single est sorti, lors de dîners entre copains, il y en avait toujours un pour affirmer que Dutronc avait copié sur TIGER, un vieux rock de Fabian, cet émule d'Elvis Presley et idole des lycéennes yankees. Il suffit d'écouter celui-ci pour constater une ressemblance frappante, au moins pendant tout le début. Jusqu'au "Like a tiger" qui devient "Merde in France"! Pourtant, à ma connaissance, il n'y a eu aucune poursuite pour plagiat, alors que les Américains s'y empressent-ils d'habitude.
Le reste n'est pas moins étonnant. Dutronc a sorti cette chanson dans la précipitation et l'improvisation. C'est Gainsbourg qui devait fournir des paroles à cet air déjà connu. Mais'il était déjà sérieusement gainsbarrisé, et lui qui avait écrit et composé SEA, SEX AND SUN en un quart d'heure serait, selon la légende, arrivé gainsbourré au studio. Pas de texte, le temps presse et, le lendemain demain, Dutronc enregistre en "yaourt" bilingue, ce qu'on fait parfois quand on prépare une chanson encore inachevée (le yaourt, ce sont des paroles sans aucun sens, simplement pour donner le rythme).
Or, la légende toujours assure que Dutronc et sa bande auraient décidé de garder cet enregistrement tel qu'il était. Ce qui collerait bien avec la désinvolture absolue de notre chanteur. On a quand même essayé de retranscrire des paroles : la version ci-dessus est la plus vraisemblable que j'aie trouvée. Il y aurait bien sûr bien des interprétations diverses, entre lesquelles personne ne tranchera jamais. La "fauchonne" est-elle plus proche de la "fashion" ou de la "cochonne" ? Et pour ma part, dans mon vers préféré, retranscrit ici comme "Et Gaspard wet Pierre sot qu'inclus", j'avais toujours compris "perso qu'inclus".... On ne le saura pas de si tôt ! Notons aussi qu'il faut sans doute orthographier "Playtex !", lancé pour une exclamation, qui fut une marque célèbre de soutien-gorge.
Un des mystères les plus obscurs reste l'apparition de "Mouloudji" : s'agit-il du chanteur ? En tout cas celui-ci (mort dix ans plus tard, en 1994) n'a jamais porté plainte... Avec son "Cigare !" et son "Ben alors ?", Dutronc a atteint ici les sommets du n'importe quoi. Miracle : ça sonne incroyablement bien.
Paroles
Eh la fauchonne conne d'you mouloud
Lavabo trottoir mouloudji
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Eh la fauchonne conne d'you (cacapoum cacapoum)
He's a book euh he's a na
He's a tripe book euh na
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Eh watching you t'as fraoute les roubloutes
Canapé bidet à coudre
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Eh watching you t'as fraoute les (cacapoum cacapoum)
Watch euh me again
Même triple again
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Ah.. ah… ah… ah…
Eh la fauchonne conne d'you mouloud
Lavabo trottoir mouloudji
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Eh la fauchonne conne d'you (cacapoum cacapoum)
He's a book euh he's a na
He's a tripe book euh na
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Eh Gaspard wet Pierre sot qu'inclus
Baby sleep dortoir les mouges
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Eh Gaspard wet Pierre sot qu'inclus (cacapoum cacapoum)
Au Mickey qu'au Gaumont
Lampadaire et paillasson
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Ah.. ah… ah… ah…
Play Tex! Play Tex!
Eh la fauchonne conne d'you mouloud
Lavabo trottoir mouloudji
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Eh la fauchonne conne d'you (cacapoum cacapoum)
He's a book euh he's a na
He's a tripe book euh na
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Cigare!
Eh you speak bye ciao baby bye bye
Baby sleep dortoir limaille
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Eh masque à gaz ciao bye bye (cacapoum cacapoum)
He's a book euh he's a na
He's a tripe book euh na
Merde in France (cacapoum cacapoum)
Ben alors? (cacapoum cacapoum)
Eh la fauchonne conne d'you (cacapoum cacapoum)
Eh la fauchonne conne d'you (cacapoum cacapoum)
Eh la fauchonne conne d'you (cacapoum cacapoum)
Eh la fauchonne conne d'you (cacapoum cacapoum)
He's a book euh he's a na
He's a tripe book euh na
2 commentaires -
Par Gérard Lenne le 17 Septembre 2015 à 14:54
LE QUIDAM
Guy Béart (1957)
Hier, j'avais écrit un article pour saluer la mort de Guy Béart, mais j'ai eu un bug (par ma faute je crois) si bien que le mail d'alerte n'aboutissait qu'à une erreur 404 (la "page qui n'existe pas"). Désolé ! Je reprends tout à zéro.
En fait, j'avais prévu de vous mettre une chanson de Guy Béart, c'était même programmé pour bientôt, et j'avais choisi VOUS (1957), qui est relativement peu connue, ou moins connue, mais qui avait beaucoup compté pour moi, pour des raisons trop intimes pour que je les expose ici.
A l'époque (1966) j'étais étudiant à Paris et je disposais d'un magnétophone portatif qui me permettait d'écouter, dans ma chambrette, les minuscules bandes magnétiques sur lesquelles j'avais enregistré des disques prêtés par un camarade de province. Dont une anthologie de Béart.
Il y a peu, la lecture aléatoire me fit réentendre VOUS, qui est donc quelque part sur mon disque dur, mais que je ne peux retrouver assez vite pour vous en faire part. En effet, la chanson doit se trouver dans une de ces trop nombreuses compilations que j'ai composées, sur cassettes puis sur CD. Je me suis donc rabattu sur l'inusable et toujours réjouissant QUIDAM !
Après une hésitation, cependant car LE QUIDAM et VOUS sont contemporains (1957) de QU'ON EST BIEN, véritable tube dont l'hétérosexualité militante pourrait aujourd'hui passer pour une certaine forme d'homophobie... Alors, méfiance ! Pour les amateurs, voici néanmoins une adresse pour lire et/ou écouter QU'ON EST BIEN et... VOUS.
https://memoirechante.wordpress.com/2010/12/17/guy-beart-%E2%80%93-quon-est-bien-et-vous/
Paroles
Ecoutez l'histoire à coup sûr obscure
D'un pauvre quidam et de ses tourments
Tout ce qu'il subit comme mésaventures
Pour connaître enfin la gloire du moment
Il était simple quidam, son père était quidam
Son frère était quidam et lui était quidam aussi
Pour gagner l'appui de quelque mécène et l'actualité par
action d'éclat
Il commença par se jeter dans la Seine
Mais aucun canard ne passait par là
Il fut repêché grelottant de gouttes
Par un vieux passant, un quidam parfait
Qui le réchauffa, lui paya la goutte
Et lui dit "Adieu!" sans s'être nommé
Il était simple quidam, son père était quidam
Son frère était quidam et lui était quidam aussi
Jamais ne parut sa photographie sur aucun placard, sur aucun
trottoir
Alors une nuit, pour corser sa vie, il brûla le siège d'un
journal du soir
Il eut beau clamer qu'il était coupable
On l'ignora car il était trop pâle
Puis on arrêta d'autres misérables
Qui tous avouaient comme il était normal
Il était simple quidam, son père était quidam
Son frère était quidam et lui était quidam aussi
Pourtant un beau jour, il fut pris, c'est bête
Pour un crime qu'il n'avait pas commis
Quand le procureur demanda sa tête, il fut condamné par
chance inouïe
Ce jour-là, on vit partout sa bobine
Dans tous les journaux de notre contrée
Puis elle parut sous la guillotine, ce fut le début de sa
renommée
Il n'est plus simple quidam, son père reste quidam
Son frère reste quidam et lui est mort célèbre, enfin!
Malheureusement une coquille infime
Se glissa dans l'orthographe de son nom
De sorte qu'hélas, toujours anonyme, il mourut quidam et
sans rémission
Il était simple quidam, son père était quidam
Son frère était quidam et lui était quidam aussi.
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Par Gérard Lenne le 15 Septembre 2015 à 23:31
J'AI EU TRENTE ANS
Julien Clerc (1978)
Pour une fois, je vais dédier cette chanson et cet article, et ce sera bien entendu à Allison, qui va peut-être la découvrir à cette occasion. Interprétée et popularisée par Julien Clerc, elle a été écrite par Maxime Le Forestier (qui l'a également chantée lui-même) sur une musique du guitariste Gérard Kawczynski, qui assure ici l'accompagnement.
Un chef-d'oeuvre, sans aucun doute, à force de simplicité, pour ne pas dire de minimalisme. Un poème en courtes strophes, d'une nostalgie poignante, reconstituant une vie encore courte mais déjà si pleine de souvenirs. Au tournant (décisif ?) des trente ans, une série d'images volatiles surgissent, mais celui qui se souvient ainsi au hasard (les souvenirs sont "un peu semblables aux jeux de cartes" et "aux jeux gratuits des loteries") se refuse à tout larmoiement : l'enfance est bien terminée, désormais, il en prend son parti et il est "content".
Dans mon obstination (blâmable, je sais) à vouloir tout comprendre, j'avouerai qu'un passage me reste obscur, et j'en profite pour lancer un appel, si quelqu'un peut m'éclairer : Qui est cette "idole qui finit mal / Avec Blondie dans un journal" ? J'ai pensé à Debbie Harry, chanteuse du groupe Blondie, mais elle n'a pas si mal fini malgré bien des vicissitudes. A moins qu'il s'agisse de la Blondie héroïne de BD, dont les aventures étaient (peut-être ?) publiées dans le journal France-Soir, lequel aurait annoncé dans une colonne voisine la mort de... James Dean, Janis Joplin, Jimi Hendrix ? On me dira qu'il veut mieux ne pas savoir, ou qu'il est inutile de savoir, mais j'aimerais, comme Tintin, "en avoir le coeur net".
Paroles
Dors ma ville aux pluies d'automne
Odeurs de craie qu'enfant griffonne
Trottoirs mouillés
Les marronniers
Bonsoir
Dors, ma nuit au goût amer
De ces étés des bords de mer
Parents couchés
Rêves éveillés
Bonsoir
Tous mes souvenirs s'enfument
Aux trente bougies qui s'allument
Je soufflerai
J'arrêterai
Plus tard
Tous mes souvenirs s'écartent
Un peu semblables au jeu de cartes
Aux mains du joueur
Quand il n'y aura plus de donne
Même s'il y a maldonne
Au café des certitudes
Aux vieux flippers de l'habitude
Aux jeux gratuits
Des loteries
Bonsoir
À l'idole qui finit mal
Avec Blondie dans un journal
Maîtres à penser
Maîtres à chanter
Bonsoir
C'est le temps de plus d'excuse
Au vieil écolier qui s'amuse
Ce qui n'est pas
Ne sera pas
Plus tard
Dans l'emploi du temps qui reste
Y a plus de nuits, y a plus de siestes
Y a plus de cafard
Ceux qui regardent en arrière
Ne voient que de la poussière
Oh! ma ville aux pluies d'automne
Un jour, si ton parfum m'étonne
Cheveux mouillés
Gorge serrée
Du soir
Promets-moi de faire silence
Avec mes souvenirs d'enfance
J'ai eu trente ans
Je suis content
Bonsoir
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