• Chansong 55

    LES GARS DE LA MARINE

    Comedian Harmonists   (1931)

    Quand j'étais petit, nous avions eu la permission d'aller fouiller le grenier, et nous y trouvâmes quelques 78 tours d'avant-guerre. Une de nos tantes avait eu la tuberculose, et pour la distraire on lui avait acheté un "phono". Parmi ces disques lourds, épais et fragiles, il y avait LES GARS DE LA MARINE, que je considérais vite comme mon préféré. Ma mère le chantait par coeur à tue-tête...

    Le groupe vocal des Comedian Harmonists l'interprétait avec un accent et, découvrant leur nom sur la rondelle centrale, je crus naïvement qu'ils étaient anglais, alors qu'il s'agit d'un groupe d'Allemands - dont la carrière a été retracée depuis par plusieurs films, le dernier était réalisé en 1997 par Joseph Vilsmaier.

    Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, j'aimerais dédier cette chanson à mon ami Marcel Gotlib (il sait pourquoi), fervent admirateur des Comedian Harmonists. Cette brillante formation chorale eut une destinée chaotique : trois d'entre eux étant juifs, ils durent quitter l'Allemagne nazie en 1934, et le groupe explosa alors qu'ils étaient en pleine gloire.

    Chanson du film franco-allemand LA CAPITAINE CRADDOCK, LES GARS DE LA MARINE est une petite merveille de drôlerie et d'enchantement musical, avec ses trouvailles sonores, ses onomatopées (avec ma soeur nous comprenions toujours l'ouverture "y'a pantalon, et y'a petit pantalon..."), son fameux coup de sirène... et ses contrastes entre des voix si différentes et complémentaires.

    Paroles

    Voilà les gars de la Marine, 
    Quand on est dans les Cols Bleus, 
    On a jamais froid aux yeux. 
    Partout, du Chili jusqu'en Chine 
    On les reçoit à bras ouverts 
    Les vieux loups de mer . 
    Mais oui ! Quand une fille les chagrine , 
    Ils se consolent avec la mer. 
    Voilà les gars de la Marine, 
    Du plus p'tit jusqu'au plus grand , 
    Du mousaillon au Commandant . 

    Quand on est matelot, 
    On est toujours sur l'eau. 
    On visite le monde ; 
    C'est le métier le plus beau . ( bis ) 
    Du pôle sud au pôle nord, 
    Dans chaque petit port, 
    Plus d'une fille blonde, 
    Nous garde ses trésors. ( bis ) 
    Pas besoin de pognon, 
    Mais comme compensation, 
    A toutes nous donnons, 
    Un p'tit morceau d'nos pompons . 

    Les amours d'un Col Bleu 
    Ça n'dure qu' un jour ou deux, 
    A peine le temps de s'plaire 
    Et de se dire adieu. (bis) 
    On a un peu de chagrin, 
    Ça passe comme un grain. 
    Les plaisirs de la terre 
    C'est pas pour les marins (bis) 
    Nous n'avons pas le droit 
    De vivre sous un toit . 
    Pourquoi une moitié 
    Quand on a le monde entier . 




  • Commentaires

    1
    Logette
    Samedi 30 Janvier 2016 à 10:07

    Merci pour la mémoire d'Andrée Tournès. Elle avait été élevée au son des Comedian - je pense qu'elle les avait vus sur scène, enfant, vers 1930 ou 1931 -, avait conservé  tous leurs 78 tours (sans phono pour les passer) et connaissait encore par cœur "Veronika" et autres. C'était un groupe vraiment remarquable, dont on n'a pas aujourd'hui conscience de l'importance qu'il a eu et pas seulement en Allemagne : il n'y avait pas d'équivalent ici et les groupes vocaux français ( y en eut-il beaucoup dans les années 30, hors des orchestres type Ray Ventura ou Fred Adison ?) leur ont tout emprunté. Ils n'ont fait que des apparitions dans les comédies musicales berlinoises entre 1930 et 1932, mais elle sont toutes marquées par leurs chansons : qui se souviendrait de "Capitaine Craddock" sinon ? Certaines, comme "Bombes sur Monte Carlo" ou "À moi le jour, à toi la nuit" tiennent bien la distance. Et sans eux, pas de Quatre Barbus, pas de Frères Jacques, etc.

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