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Chansong 07
HEY YOU WOMAN
Michel Polnareff (1970)
Il y aurait beaucoup à dire et à écrire sur l'ambiguïté sexuelle qui reste probablement le thème majeur de Polnareff. Celui-ci reste lié à celui de ses relations avec les femmes, ou la Femme. Devant l'embarras du choix, j'ai sélectionné HEY YOU WOMAN d'abord à cause de son ampleur . On aura remarqué ma prédilection pour les chansons qui sonnent comme des hymnes... en l'occurrence, celui qui écoutera le texte découvrira ici, sous les apparences d'une rengaine pop, une profession de foi misogyne d'une surprenante violence.
D'emblée, on entre dans le vif du sujet. La femme est un vampire, une prédatrice, avec cette allusion aux roses qui reviendra dans I LOVE YOU BECAUSE ("... tu es la seule qui n'aime pas les roses"). Le piège se referme : "J'ai vécu deux ans dans un réfrigérateur". La cohabitation, le mariage, l'illusion, et tout ce qui se cache sous le mythe romantique de l'Amour, riche de toutes les duperies et de toutes les mystifications.
Polnareff se lance un description hallucinante de ce cauchemar-là, qui s'achèvera pourtant sur une note révélatrice. Car comme l'a bien démontré Alain Paucard dans son ELOGE DE LA MISOGYNIE, celle-ci n'est que le fruit d'une profonde et cruelle déception.
Paroles
Il faisait nuit quand elle est arrivée sur moi
J'ai vu seulement des yeux et des dents qui brillaient.
J'aurais dû me méfier
Me faire assurer sur la vie
Contre le vol et l'incendie
La grêle, la Révolution
Acheter un pistolet, un canon
Bref : faire quelque chose.
Et moi je lui ai acheté des roses ! Des roses !
J'ai passé deux ans dans un réfrigérateur
Oh bien sûr, je n'ai manqué de rien,
J'avais ma bouteille de lait tous les matins
Mais ça fait froid au coeur
Et ça rend méchant un réfrigérateur.
C'est elle qui avait les clés
Je n'avais le droit de sortir qu'en hiver, jamais après minuit.
C'est à cette époque-là que j'ai commencé à la détester.
Horrible monstre
Mélange de toutes les beautés
De toutes les horreurs du monde
De Vénus à la Joconde
De Viviane à Mélusine
De Cléopâtre à Messaline
De la fée Carabosse à Dracula
Me prenant tentaculairement
Buvant jusqu'au moindre globule rouge de mon sang
Voilà ce qu'elle était.
Et moi l'idiot qui la détestais
Je l'aimais ! Je l'aimais !
Il faudra quand même un jour
Toi la femme qui m'a tout donné
Tout pris tout redonné
Tout repris
Que tu paies le prix
De cette mélo tragédie
Il faudra que veux tu ?
Un beau jour que je te tue
Par petits morceaux
D'abord je tuerai ta férocité
Et puis ta vanité
Et puis ta malhonnêteté
Et puis ta rapacité
Et puis ta perversité
Ta frivolité
Ton infidélité
Ton hérédité
Ton absurdité
Ta partialité
Ton immoralité
Jusqu'à ce qu'il ne reste plus
Que ta virginité
Ta féminité
Ta frigidité,
Ta divinité
Et ton é-ter-ni-té.
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Commentaires
Effectivement, c'est assez inattendu, plus provocateur que misogyne, bien dans l'esprit rebelle de Polnareff, osant tout pour se distinguer et toujours refuser les conventions...