• Chansong 02

    LE BAGAD DE LANN BIHOUË

    Alain Souchon (1978)

    Un bond dans le temps et dans l'espace : dans les années 70, la "nouvelle chanson française" bouscule les habitudes commerciales de la variété. Souchon prend son envol avec d'autres. J'ai choisi cet hymne à cause de sa somptueuse orchestration certes, mais surtout pour son évocation déchirante des rêves d'enfant brisés, de cette nostalgie que n'étouffe pas complètement une vie terne et monotone.

    Et bien entendu pour l'écriture singulière de Souchon, avec cette concision et ces raccourcis qu'on n'avait jamais osés avant lui. Entre "Ton corps enfermé costume crétin" et "Soufflant tonnerre dans du roseau", cette chanson en est une anthologie à elle seule. 

     

    Paroles 

    Tu la voyais pas comme ça ta vie, 
    Pas d'attaché-case quand t'étais p'tit, 
    Ton corps enfermé costume crétin, 
    T'imaginais pas, j'sais bien. 
    Moi aussi j'en ai rêvé des rêves. Tant pis. 
    Tu la voyais grande et c'est une toute petite vie. 
    Tu la voyais pas comme ça, l'histoire : 
    Toi, t'étais tempête et rocher noir. 
    Mais qui t'a cassé ta boule de cristal, 
    Cassé tes envies, rendu banal ? 
    T'es moche en moustache, en laides sandales, 
    T'es cloche en bancal p'tit caporal de centre commercial. 

    Tu la voyais pas comme ça frérot 
    Doucement ta vie t'as mis K.-O. 
    T'avais huit ans quand tu t'voyais 
    Et ce rêve-là  on l'a tous fait 
    Dentelle première et premier chapeau 
    C'est pas toi qui y es 
    C'est pas toi qu'es beau 
    Tambour binaire et premier sabot 
    C'est pas toi qui y es 
    C'est pas toi qu'es beau 
    Dansant Quimper ou Landerneau 
    C'est pas toi qui y es 
    C'est pas toi qu'es beau 
    Soufflant tonnerre dans du roseau 
    C'est pas toi qui y es 
    Dans le bagad de Lann Bihouë 


    Tu la voyais pas comme ça ta vie, 
    Tapioca, potage et salsifis. 
    On va tous pareils, moyen, moyen... 

    La grande aventure, Tintin, 
    Moi aussi, j'en ai rêvé des cornemuses. 
    Terminé, maintenant. Dis-moi qu'est-c' qui t'amuse ? 
    Tu la voyais pas ici, l'histoire. 
    Tu l'aurais bien faite au bout de la Loire 
    Mais qui t'a rangé à  plat dans ce tiroir, 
    Comme un espadon dans une baignoire ? 
    T'es moche en week-end, tes mioches qui traînent, 
    Loupé capitaine, bateau de semaine d'une drôle de fête foraine. 
    Tu la voyais pas comme ça frérot 
    Doucement ta vie t'as mis K.-O. 
    T'avais huit ans quand tu t'voyais 
    Et ce rêve-là on l'a tous fait 
    Dentelle première et premier chapeau 
    C'est pas toi qui y es 
    C'est pas toi qu'es beau 
    Tambour binaire et premier sabot 
    C'est pas toi qui y es 
    C'est pas toi qu'es beau 
    Dansant Quimper ou Landerneau 
    C'est pas toi qui y es 
    C'est pas toi qu'es beau 
    Soufflant tonnerre dans du roseau 
    C'est pas toi qui y es 
    Dans le bagad de Lann Bihouë 


  • Commentaires

    1
    Bégeay
    Dimanche 2 Août 2015 à 12:06

    On retrouve souvent chez lui cette nostalgie, et ce style bien particulier, avec ces télescopages si réussis, si efficaces. Par exemple dans "La vie ne vaut rien":

    "Il a vu manque d'amour, manque d'argent,

    Comme la vie c'est détergent

    Et comme ça nettoie les gens

    Il a joué jeux interdits, pour des amis endormis, la nostalgie"...

    Dans une autre, je me souviens: "Promoteurs ils voulaient, canailles  - Que je fasse dessous de table, homme de paille   - Construire des tours de carton bleu   - Pour que les petits garçons mettent leurs jeux   - ..."

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